Evangile 31 mars 2024
Luc 24,13-35.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24,13-35.
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
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On connait tous ce passage des pèlerins d’Emmaüs. On s’arrête généralement sur le fait que ces deux hommes déçus dans leur attente du Messie qui devait sauver Israël, s’en vont tristes et découragés. Certes ils n’ont pas compris le message de Jésus, Ils n’ont pas qui était Jésus réellement, et ils ne furent certainement pas les seuls dans ce cas là.
Cependant il faut aussi remarquer que Jésus arrive là où ils ne s’y attendent pas : au milieu de leur chemin, au milieu de leur désespoir. Et ils sont tellement tristes, tellement centrés sur leur déception, leurs souffrance personnelle, qu’ils ne peuvent reconnaitre le Seigneur. (Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître) et il faudra toute la patience et la persévérance de Jésus pour leur faire comprendre que ce qui est arrivé, devait arriver …. C’est un premier pas.
Mais Jésus va aller plus loin avec eux ; arrivé au village, il fait semblant de continuer son chemin, il sait bien qu’à ce moment là, leurs cœurs sont « accrochés » et qu’ils ont envie d’en savoir plus, d’en parler encore. Il aurait pu rentrer directement avec eux dans la maison, mais il leur laisse l’occasion de l’inviter : Jésus ne s’impose pas !
Ce n’est plus Jésus qui arrive, c’est le disciple qui souhaite l’avoir près de lui. Il faut reconnaitre là toute la délicatesse du Seigneur, qui dans son amour respecte toujours la liberté de l’homme et du disciple.
Suite à cette invitation, Jésus va enfin se révéler, par la fraction du pain, car leurs cœurs sont maintenant près à recevoir la vérité de la présence de Dieu. Ils sont maintenant décentrés d’eux-mêmes et peuvent reconnaitre le Seigneur, le Seigneur ressuscité !
Cette reconnaissance faite, Jésus peut maintenant disparaitre, sa présence vivante est au fond de leur cœur, par la foi ! Et cette vérité, cette bonne nouvelle de Jésus ressuscité est une telle source de joie, qu’ils vont retourner pour le dire aux apôtres ! Qui eux aussi auront vécus cette rencontre !
En quoi cet épisode de l’évangile nous rejoint-il dans notre vie ? Nous savons bien que Jésus est ressuscité, nous savons bien qu’il présent dans l'hostie consacrée. Mais vivons-nous vraiment dans la présence de Jésus vivant en nous, vivant au cœur de notre vie ? Car enfin, lorsque l’épreuve nous atteint, nous devenons comme les pèlerins d’Emmaüs, centrés sur notre souffrance, centrés sur nous-mêmes, à tel point que nous ne voyons plus le Seigneur, et que nous lui crions « mais ou es tu ? »…. et nous pouvons être, nous aussi, tentés de tout laisser tomber : notre prière, notre pratique religieuse, nos services d’Eglise …etc. Pourtant Jésus est toujours là, et il se manifeste de bien des façons, mais nous ne savons pas le reconnaitre, l’accueillir. Et il faudra au Seigneur, avoir beaucoup de patience et de persévérance, pour que l’on veuille enfin le reconnaitre et l’accueillir.
Myriam de Gemma