Pio Campidelli
(1868-1889)
Bienheureux, religieux passionniste
Fête le 02.11
« Je veux être Passionniste »
Luigi Nazareno Francesco Campidelli naquit le 29 avril 1868 à Trebbio, petite bourgade de Romagne, en Italie, dans une pauvre famille de paysans très pieux, dans laquelle était récité le chapelet chaque soir. Il reçut le sacrement de confirmation à l'âge de 5 ans, puis il devint enfant de chœur. La semaine, plutôt que de jouer aux jeux avec ses petits camarades, il préférait aller servir la Messe à l'église paroissiale, il était assidu au service de chœur. Il perdit son père à l'âge de 6 ans. Aimant profondément adorer Jésus au Saint Sacrement et visiter son Seigneur, dès que possible. Il étudiait le catéchisme avec la plus grande attention et ne manquait jamais aucune leçon, en dépit du très long trajet que cela lui occasionnait.
Le 9 juin 1878, Luigi fit sa Première Communion, c'était en la solennité de la Pentecôte. Il était aussi très scrupuleux, et très exigeant avec sa conscience, aussi la moindre petite faute, le moindre petit péché pouvait le troubler très profondément, aussi, se confessait-il très régulièrement. De même, le plus régulièrement possible, il allait à la messe, presque quotidiennement, afin de recevoir le Sacrement de l'Eucharistie. Avant le début de la Messe, il se plongeait dans la prière afin de se préparer dignement à recevoir le Christ sous l'apparence du pain. Sa mère lui avait enseigné l'art et la manière de converser de Dieu, ainsi, avec elle, il aimait à s'entretenir du Seigneur, tels Saint Benoît et Sainte Scholastique.
A l'école publique, ou il se rendait après avoir servi la Sainte Messe, sa maîtresse témoigne : « Luigi était un écolier exemplaire par sa bonté d'âme et par le profit maximum qu'il tirait de ses études. » Il se mit à enseigner le catéchisme aux petits enfants, vivants dans les maisons voisines. Vers l'âge de 12 ans, naquit en lui le désir de devenir religieux, sa vocation qu'il sera mener à bien plus tard.
En 1880, lors d'une mission, deux Pères Passionnistes attirèrent tout particulièrement l'attention de Luigi par leurs sermons et leur comportement. Il entendit une voix intérieure qui lui disait : « Je veux être Passionniste. » Après la Mission, accompagné de sa mère, Luigi se rend au couvent de Casale. Lors de l'entretien avec Luigi, le Père Supérieur découvrit avec une grande profonde impression, sa grande valeur d'âme et lui demanda d'attendre ses 14 ans, en suivant leur règle. Ce fut le 2 mai 1880, que finalement, il entra dans ce couvent, après, comme convenu, avoir pendant quelques temps vécu la règle Passionniste de Saint Paul de la Croix.
Durant son noviciat, il se révéla être autant assoiffé de prières que de pénitence. Le 17 mai 1882, il devint Frère Pio de Sa Luigi. Le 20 janvier 1883, la communauté s'installa à Sornano nel Cimino, dans la province de Viterbe. Le lendemain de ses seize ans, le 30 avril 1884, il prononça ses vœux.
Il mourut quelques temps après avoir offert sa vie pour sa chère région de la Romagne, le 2 novembre 1889.
Il est un très grand témoin pour les jeunes générations, un guide pour ceux qui recherchent leurs voies. Que le Bienheureux Pio Campidelli, suscite parmi les jeunes, de saintes et très nombreuses vocations sacerdotales et religieuses.
Circulaire à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance du Bx Pio Campidelli (1865-1889)
St Gabriel, le 17 avril 2018
Chers confrères,
Nous vivons ce temps pascal avec les dons de la joie et de la paix du Ressuscité qui est présent “au milieu” de sa communauté. C’est un temps de grâce profonde qui anime notre foi de disciples du Seigneur, un temps qui est aussi enrichi d’événements historiques qui sont des dons et des signes à accueillir et à interpréter avec gratitude. C’est dans ce contexte pascal que nous célébrons une mémoire importante de la sainteté de notre Famille passioniste. La sainteté est de fait une dimension fondatrice de notre identité et de notre mission dans l’Église et dans le peuple de Dieu, en sorte que l’esprit de sainteté imprègne aussi bien la solitude que le service, aussi bien l’intimité que l’œuvre d’évangélisation, en sorte que chaque instant soit l’expression d’un amour dévoué sous le regard du Seigneur. (Gaudete et Exsultate §31)
Le 29 avril 2018 aura lieu le 150ème anniversaire de la naissance du bienheureux Pio Campidelli (1868-1889), événement que nous voulons souligner de manière particulière : si nous constatons de fait que les temps ont changé depuis son époque, avec de nouveaux dynamismes et de nouveaux défis concernant la manière d’être Passionistes dans l’Église et dans le monde, le fait de commémorer et de réfléchir sur nos racines historiques peut vraiment nous aider à trouver une réponse significative et adéquate à de tels défis.
À partir de la seconde moitié du XIXème siècle nous trouvons un groupe fourni de saints - auquel appartient Pio Campidelli ainsi que St Gabriel, le Bx Grimoaldo et de nombreux autres saints passionistes - dont nous dirions aujourd’hui qu’ils expriment la « petite voie » dont le Docteur de l’Église Thérèse de Lisieux, leur contemporaine, deviendra en peu de temps la représentante la plus emblématique. À plus d’un siècle de distance, le Pape François « relance » cette sainteté de l’ordinaire dans sa récente exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, invitant chacun à cueillir dans les « saints de la porte d’à-côté » les signes d’une solidité humaine et spirituelle, parce que nous sommes « tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve » (Gaudete et Exsultate §14).
Le Bx Pio en particulier peut, dans sa brève existence humaine, représenter un modèle valide pour cet âge où l’on jette les bases de l’existence. Cela devient encore plus significatif si l’on considère que nous célébrons le 150ème anniversaire de sa naissance l’année même où l’Église convoque les jeunes du monde entier à un synode en faisant appel à leur implication et à leur responsabilité pour le renouveau de générations futures. « L’Église même désire se mettre à l’écoute de votre voix, de votre sensibilité, de votre foi; voire de vos doutes et de vos critiques. Faites entendre votre cri, laissez-le résonner dans les communautés et faites-le arriver aux pasteurs » (Lettre du Pape François du 13 janvier 2017).
S’il est vrai que notre époque apparaît confuse et désorientée, la jeunesse contemporaine se voit obligée de s’ouvrir une brèche vers l’avenir dans un contexte fluide et digitalisé qui risque d’exproprier l’individu de sa propre intériorité. C’est ici que Pio Campidelli devient un témoin crédible en tant que jeune qui a su construire sa propre identité sur les bases solides des valeurs humaines intégrées dans celles de la foi. C’est en fait un aspect de son histoire qui peut aujourd’hui plus que jamais nous guider en ce monde post-moderne ; celui-ci offre en apparence des possibilités d’avenir à tous, mais commence à montrer ses limites, amenant au jour des peurs anciennes et nouvelles. On voit se reproduire des scénarios qui semblaient désormais disparus, comme le manque de travail et de perspective, typiques de la dépression des années 30 ; la tension Est-Ouest et les couleurs de la guerre froide reviennent sus scène à cause de la question syrienne ; à cela s’ajoute la « nouveauté » introduite depuis le « 11 septembre », avec la conscience constante d’une menace terroriste qui semble devoir menacer toute manifestation de fête et de joie comme les concerts et les spectacles, et même la routine d’une journée ordinaire à la gare.
Mais à côté de ces macro-scénarios que je viens de décrire, des figures apparemment petites comme celle du Bx Pio semblent retrouver leur caractère significatif : nous aussi, comme le Bx Pio, nous vivons dans un petit coin du monde, impuissants face à des tragédies et à des dynamiques plus grandes que nous et qui menacent notre vie quotidienne et notre avenir.
Au-dessus de sa tombe dans le sanctuaire de Casale se trouve une épitaphe qui symbolise son esprit et résume la manière dont il a su affronter ses peurs, liées au caractère dramatique de la maladie qui le consumait : « J’offre ma vie pour l’Église, pour le pape, pour la congrégation, pour les pécheurs, pour ma Romagne bien-aimée ». S’il est vrai que c’est vraiment la mort qui détermine la qualité de la vie d’un homme, ici Pio révèle qu’il n’est pas seulement un « jeune homme pieux » mais un homme de grande foi qui en ces simples paroles trace un parcours que nous pouvons résumer en plusieurs points :
- Bien qu’il ait vécu, en raison du style de formation des étudiants passionistes de son époque, “isolé” du reste du monde, il n’était pas enfermé dans un microcosme centré sur sa propre personne. L’espace vital qui caractérisait sa vie ne se limitait pas aux confins du couvent dans laquelle il vivait et où ses journées se déroulaient, mais s’ouvrait au-delà ; il sentait qu’il faisait partie d’une communauté plus grande ; il était membre d’une Église qui ne connait pas de frontières, envers laquelle il partageait avec son guide, le Saint Pontife, la préoccupation du « salut de toutes les âmes ».
- Cet amour pour “le peuple de Dieu” n’était pas général et abstrait, car l’amour n’admet aucune généralité : l’Église en tant que communauté de communautés, il la vivait en étant membre d’une communauté concrète. Son amour pour la terre de Romagne - c’est-à-dire les gens qu’il avait connus, qu’il voyait en-deçà et au-delà des murs du couvent et avec lesquels il se sentait en communion - ne l’a pas enfermé dans un esprit de clocher mais lui a permis de faire l’expérience d’une appartenance plus étendue. Celle largeur de vue ne va pas de soi, et cette intuition a permis au Bx Pio, à travers les formes de dévotion typiques de son époque, de vivre une dimension propre à l’Église et à sa mission : être réellement catholique, c’est-à-dire être un lien d’union et de paix pour fonder une appartenance qui sache dépasser les égoïsmes et les personnalismes, même si elle est incarnée dans la proximité, pour vivifier ce qui peut y avoir là de saint.
- La vie de Pio fut brève, elle fut déjà une “petite voie” en soi, mais ce ne fut pas une vie “impuissante” ou “insignifiante”. Sa foi et son amour de la Passion l’ont conduit à vivre le don de soi en communion et en consonance avec le Christ Crucifié. C’est en Lui que Pio a constamment remis toute sa confiance. Il savait bien qu’Il était, au-delà de toute médiation humaine, le véritable et unique Seigneur de l’histoire. Il a remis sa vie dans les mains du Fils comme « eucharistie » vivante pour pouvoir devenir, en communion avec lui, « un sacrifice de suave odeur » agréable au Père, en faveur de sa terre, de ceux qu’il aimait, de sa chère Romagne, de l’Église et du monde entier.
De son sacrifice uni au Christ naîtront des semences de conversion et de salut, même si c’est dans des modalités et dans des formes connues seulement du Seigneur (Cf. Gaudete et Exsultate §8). La confiance en la puissance de Dieu a été la véritable expression de son être « petit » aux yeux de Dieu : il n’a pas simplement remis à quelqu’un de plus fort que lui la possibilité d’intervenir et de guérir les problèmes du monde, il a ouvert son propre cœur pour vivre une participation directe et pleine au sacrifice de la Croix. Il a choisi de mourir en croix avec le Christ pour le salut de tous les pécheurs et du monde entier.
Voici en quelques lignes la manière dont Pio s’est fait le témoin de l’efficacité de l’espérance qui naît de la croix. Jésus lui a offert - et en vérité il nous offre aussi - l’occasion de participer au salut du monde. Pio en a fait un choix personnel, source de consolation authentique face aux épreuves et aux défis d’un monde toujours plus grand.
J’ai désiré partager avec vous, chers confrères, ces quelques pensées. J’espère qu’elles seront un soutien pour vivre la joie pascale et la beauté de notre vocation passioniste dans le monde d’aujourd’hui. J’espère qu’elles pourront renouveler notre conscience du prix qu’a le trésor de sainteté de notre Famille religieuse. Qu’elles pourront nous aider dans notre effort personnel et communautaire pour continuer le chemin de renouvellement commencé comme Congrégation et comme Province MAPRAES.
Je voudrais, de plus, vous inviter à souligner cet événement par des initiatives spirituelles et culturelles, selon les possibilités et les contextes dans lesquels nous vivons. Je voudrais en particulier vous suggérer de donner un relief particulier cette année à la mémoire liturgique du bx Pio, qui a lieu le 3 novembre. On peut aussi penser à organiser des retraites spirituelles, des rencontres d’étude, des pèlerinages - en communauté ou en paroisse - au sanctuaire de Notre-Dame de Casale et du Bienheureux Pio Campidelli. Le supérieur et la communauté du sanctuaire seront heureux de vous accueillir au moment de l’année qui vous conviendra le mieux.
En invoquant l’intercession spéciale du Bienheureux sur notre Province et sur toute la Congrégation, je vous salue cordialement et je vous renouvelle mes souhaits fraternels.
- Luigi Vaninetti C.P.
Supérieur Provincial MAPRAES