John Henry Newman
(1801-1890
Bx, Cardinal
Fête le 09.10
Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,
Un Pasteur presbytérien américain, converti au catholicisme en 1990, s'entendit un jour objecter: «C'est pour l'argent que vous vous êtes fait catholique. – Non, pas pour l'argent, répliqua-t-il, mais pour les richesses!» Un autre Pasteur converti peu après précise cette pensée: «Nous les convertis, nous avons été enrichis au-delà de nos rêves!... L'angoisse endurée n'est pas digne de comparaison avec les richesses acquises: la Sainte Eucharistie, le Pape, le Magistère, les sacrements, Marie, les saints – la splendeur du Christ reflétée dans son Église. Je considère tout comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout: la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur (Ph 3, 8)». Au cours de l'histoire, nombreux sont ceux qui, nés en dehors de la véritable Église du Christ, sont parvenus, avec le secours de la grâce, à trouver le chemin de la pleine vérité. Parmi eux, John Henry Newman occupe une place éminente.
Né le 21 février 1801, le jeune John Henry, fils d'un banquier de Londres, reçoit de sa mère, qui descend de protestants français, une éducation religieuse tout imprégnée de calvinisme. Plein de préventions contre le catholicisme, il croit fermement que le Pape est l'Antéchrist. Cependant, à quinze ans, tandis qu'il commence ses études dans la grande école d'Ealing, près de Londres, un changement sérieux s'opère dans son esprit, grâce à une lumière venue d'en haut. «Je ressentis pour la première fois, écrit-il, l'influence d'un credo déterminé, et j'eus conscience de ce qu'est un dogme, impression qui, grâce à Dieu, ne s'est jamais effacée ni obscurcie». De plus, une pensée en désaccord avec son protestantisme s'empare de lui: il se sent appelé par Dieu à vivre dans le célibat. C'est pourquoi, écartant toute pensée de mariage, il se résout à vivre célibataire et à embrasser la carrière ecclésiastique dans l'Église anglicane.
Premier vicaire du Christ
Étudiant précoce, il est admis à l'Université d'Oxford à l'âge de seize ans. Passionné par la lecture, curieux de toutes sortes de connaissances, il prend plaisir à étudier l'histoire, les langues orientales, la poésie et les mathématiques. Grand amateur de musique, il aime à se distraire en jouant du violon. C'est un esprit ouvert, qui s'adonne à tout avec le même zèle. Dès cette époque, il s'absorbe volontiers dans la méditation des réalités invisibles, cherche avec ardeur à faire le bien et à connaître la vérité. «Le drame intérieur qui marqua la longue vie de John Henry Newman tourna autour de la question de la sainteté et de l'union au Christ. Son désir le plus ardent était de connaître et d'accomplir la volonté de Dieu» (Jean-Paul II, discours pour le centenaire de la mort de J. H. Newman, en 1990). Cette aspiration se concrétisera au long de sa vie dans une grande docilité à suivre la voix de sa conscience. Il écrira: «La conscience est une loi de notre esprit, mais qui dépasse notre esprit, qui nous fait des injonctions, qui signifie responsabilité et devoir, crainte et espérance (...) Elle est la messagère de Celui qui, dans le monde de la nature comme dans celui de la grâce, nous parle à travers le voile, nous instruit et nous gouverne. La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ» (Lettre citée dans le Catéchisme de l'Église catholique, CEC, 1778). En effet, au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir ; cette voix le presse d'aimer, d'accomplir le bien et d'éviter le mal. Cependant, la conscience doit être informée et éduquée tout au long de la vie, à la lumière de la Parole de Dieu, mais aussi en prenant «en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Église. De par la volonté du Christ, en effet, l'Église catholique est maîtresse de vérité» (Concile Vatican II, Déclaration Dignitatis humanæ, n. 14).
En 1820, le jeune étudiant obtient le grade de bachelier-ès-Arts, et deux ans plus tard, il est nommé fellow (distinction conférée à l'élite des diplômés de chaque collège) du collège d'Oriel, ce qui le fait entrer d'emblée dans la société la plus raffinée d'Oxford. En 1828, on lui confie un poste de tuteur, où il est chargé à la fois de l'enseignement littéraire et de l'éducation morale des étudiants. Au contact des autres fellows, le jeune Newman subit l'influence des idées de son époque: confiance excessive dans le monde et dans la liberté humaine au mépris de tout frein et de toute loi. Il écrira: «Je commençais à mettre la supériorité intellectuelle au-dessus de la supériorité morale; j'allais à la dérive». Sous la bonne influence d'un ami, Hurrel Froude, Newman se dégage de cette voie funeste. Ordonné diacre de l'Église anglicane dès 1824, il devient bientôt vicaire de l'église Saint-Clément d'Oxford, en attendant de devenir curé de Saint-Mary's, l'église de l'Université (1828).
L'Église dont il est membre est alors en pleine crise. Après environ trois siècles de persécution du catholicisme, la religion officielle de l'Angleterre est incontestée mais désormais languissante et sans vie. Le clergé, mû par des vues purement humaines, se préoccupe de cumuler de fructueux bénéfices, sans souci d'une direction spirituelle à donner, d'une action apostolique à exercer. Le culte n'a plus d'éclat, ni de dignité. L'Église anglicane paraît moins être la gardienne de la foi religieuse qui s'impose à la raison et éclaire la conscience, qu'un établissement lié étroitement à l'État, dont il a reçu des privilèges politiques et de grandes richesses.
La passion de l'antiquité
Au fur et à mesure qu'il se dégage des idées mondaines, Newman sent naître en lui un grand attrait pour les Pères de l'Église, ces écrivains ecclésiastiques des premiers siècles qui, par leur sainteté et l'orthodoxie de leur doctrine, sont des témoins privilégiés de la Sainte Tradition. Déjà, à l'âge de quinze ans, il a rencontré les Pères de l'Église à travers l'ouvrage de Joseph Milner, L'Histoire de l'Église du Christ. Ce livre l'a passionné pour l'antiquité chrétienne. Maintenant, la graine semée pendant l'adolescence croît dans son âme, et il cherche à lire les Pères in extenso, dans le texte. Dans le courant des années qui suivent, il se constitue une bibliothèque imposante d'oeuvres patristiques. Mais John Henry Newman est aussi un passionné d'Écriture Sainte; il écrit en effet à sa soeur Harriett: «Si vous avez quelque temps de reste le dimanche, apprenez des parties de l'Écriture par coeur. Le bénéfice m'en semble incalculable. Cela imbibe l'esprit de bonnes et saintes pensées. C'est une ressource dans la solitude, dans un voyage, dans une nuit sans sommeil». La lecture assidue de la Bible le prépare à une meilleure connaissance de l'Église. En effet, suivant la remarque de saint Augustin, «les Prophètes ont parlé plus clairement et plus longuement de l'Église que de Jésus-Christ, car ils prévoyaient qu'il y aurait beaucoup plus d'erreurs, volontaires et involontaires, sur ce point que sur le mystère de l'Incarnation» (Catéchisme du Concile de Trente, à l'article «Je crois à la sainte Église catholique»).
En 1830, M. Hugh Rose, de Cambridge, à la recherche de collaborateurs pour une Bibliothèque ecclésiastique, propose à Newman d'écrire une histoire des premiers Conciles. Pour réaliser ce travail, John Henry étudie de près les Pères de l'Église d'Alexandrie, en particulier saint Athanase et Origène; il en retire la conviction que la Providence, par l'entremise des Anges, a conduit les événements et les peuples, Juif et païens, vers la Révélation plénière de la vérité en Jésus-Christ. C'est seulement à la fin de 1833 que le fruit de cette étude sera publié sous le titre: Les Ariens du IVe siècle.
Tirer le signal d'alarme
En juillet 1833, Newman rentre juste de vacances passées dans le sud de l'Europe, lorsque le pasteur John Keble prononce le discours publié par la suite sous le titre significatif de National Apostasy. Ce discours, dénonçant l'état critique de l'Église anglicane, réveille les consciences des anglicans soucieux de la véritable identité chrétienne de leur Église; il restera dans l'esprit de Newman comme l'aurore du mouvement religieux connu de l'Histoire sous le nom de «Mouvement d'Oxford». Dès ses débuts, Newman fait chorus avec les leaders du Mouvement et contribue à la publication des «Tracts for the times», écrits de quelques pages, sans signature et sans but précis sinon de tirer le signal d'alarme sur le danger couru par l'Église anglicane. La diffusion des tracts devient rapidement considérable. Dans le clergé anglican, jusqu'alors engourdi, ces idées nouvelles et inattendues produisent une sorte de choc. Tous sont remués.
Si, aux yeux de Newman, la position doctrinale de l'anglicanisme semble inattaquable, sa déchéance morale lui paraît liée à l'abandon de la Tradition patristique. Du contact avec les Pères, il espère un rajeunissement pour son Église. Persuadé que la doctrine de l'Église d'Angleterre repose essentiellement sur les Pères, il estime que le retour aux Pères est synonyme de retour aux théologiens anglicans du XVIe siècle. Newman se montre favorable à une via media, sorte de position intermédiaire entre le protestantisme et le catholicisme romain, d'après laquelle il maintient contre le premier l'autorité de la Tradition et des premiers Pères et rejette dans le second des doctrines qui lui apparaissent comme des innovations apparues au cours des siècles. D'autre part, il considère l'Église anglicane comme une branche de l'Église catholique, les deux autres étant représentées par l'Église grecque et l'Église romaine.
Mais, en 1839, en étudiant l'histoire des Monophysites (hérétiques du Ve siècle qui soutenaient qu'il n'y a qu'une seule nature en Jésus-Christ), il prend conscience de l'impossibilité de soutenir l'anglicanisme. C'est un coup de foudre, totalement inattendu. «Il m'était difficile, explique-t-il, de démontrer que les Monophysites étaient hérétiques sans admettre que les Protestants et les Anglicans l'étaient également; de trouver contre les Pères du Concile de Trente des arguments qui ne retombent pas sur ceux de Chalcédoine (Concile oecuménique de 451 contre les Monophysites); de condamner les Papes du XVIe siècle sans condamner en même temps ceux du Ve. De part et d'autre, le combat de l'erreur et de la vérité était absolument le même. Les principes et la conduite de l'Église actuelle étaient ceux de l'Église d'alors; les principes et la conduite des hérétiques d'alors étaient ceux de nos Protestants: voilà ce que je constatais, à mon grand regret».
Une théorie pulvérisée
Mgr Wiseman (prélat anglais qui deviendra cardinal et archevêque de Westminster en 1850) publie alors un article sur les Donatistes (un groupe de chrétiens africains qui, au IVe siècle, se dressaient contre l'Église universelle et soutenaient qu'ils étaient les seuls à avoir maintenu la vérité) qu'il compare aux Anglicans. Un ami fait remarquer à Newman une phrase de saint Augustin contenue dans l'article:Securus iudicat orbis terrarum, qu'on peut traduire: Le jugement de l'Église universelle est sûr. «Il répéta ces paroles à plusieurs reprises, raconte Newman, et, quand il fut parti, elles continuèrent à résonner à mon oreille: Securus iudicat orbis terrarum. C'étaient des paroles qui allaient plus loin que la question des Donatistes; elles s'appliquaient à celle des Monophysites. Elles donnaient à l'article une force qui m'avait échappé d'abord. Elles décidaient des questions ecclésiastiques d'après une règle plus simple que celle de l'Antiquité... Quelle lumière se trouvait par là jetée sur toute controverse dans l'Église! Non que, pour un instant, la foule ne pût errer dans son jugement, non que, dans la tempête arienne, plus de sièges qu'on n'en saurait compter n'aient ployé devant sa furie et n'aient abandonné saint Athanase, non que la foule des évêques n'ait eu besoin, pendant le combat, d'être soutenue par le regard et la voix de saint Léon; mais parce que le jugement réfléchi auquel l'Église entière adhère et adhère enfin, est une prescription infaillible, une sentence définitive contre celles de ses branches qui protestent et qui s'éloignent d'elle... Par une simple phrase, la parole de saint Augustin me frappait avec une puissance que je n'avais jamais trouvée dans aucune autre... Par ces grandes paroles de l'ancien Père, la théorie de la via media était absolument pulvérisée». La via media lui apparaissait désormais comme la voie de l'hérésie, cette voie que dénonce l'Évangile de saint Jean, par laquelle les voleurs et les brigands cherchent à aborder la bergerie du Christ, par opposition à la porte royale qui permet d'y entrer en toute dignité (Jn 10, 1-2).
Néanmoins, Newman ne renonce pas encore à sa défense de l'anglicanisme. S'il reconnaît que l'Église anglicane n'a ni l'unité ni l'universalité de l'Église du Christ, il veut s'efforcer de prouver qu'elle a du moins les autres notes de la véritable Église. Il rédige alors le «Tract 90» dans lequel il tente de démontrer que les 39 articles promulgués par la reine Élisabeth en 1571 (articles qui fondent le Credo anglican) sont compatibles avec les principes catholiques. Mais cet écrit met le feu aux poudres. Les chefs de l'université et la plupart des évêques anglicans le réprouvent violemment et regardent comme suspects tous les partisans du Tract. Le coup est terrible pour Newman; il y voit la preuve que son Église ne peut ni ne veut assimiler les éléments catholiques qu'il s'efforce d'y introduire.
«Que feraient les Pères à ma place?»
En 1841, sa position au sein de l'anglicanisme est devenue si difficile qu'il se voit obligé de confier à son vicaire sa charge de curé de Saint-Mary's. Dans le désarroi de son coeur déchiré, il se retire avec quelques disciples à Littlemore, hameau tout proche d'Oxford, où il se recueille et reprend à la base ses études sur les titres de l'Église anglicane. Il sent surtout le besoin de chercher, dans la prière et la mortification, la grâce nécessaire pour résoudre le problème qui le tourmente. Conscient de s'être souvent trompé, il se demande s'il ne se trompe pas encore cette fois. La lutte est pénible et lente; dans sa droiture d'âme, il écrit à ses paroissiens de Littlemore: «Souvenez-vous de cet homme dans les jours qui viendront, même si vous n'entendez plus parler de lui, et priez pour lui, afin qu'il sache discerner en toute chose la volonté de Dieu, et qu'à tout moment il soit prêt à l'accomplir». La vie à Littlemore est pauvre et austère: jeûnes rigoureux, silence monastique, récitation des offices canoniques conformément à la liturgie catholique, méditations, confession hebdomadaire, Communion fréquente. À peine installé, Newman commence à traduire les oeuvres de saint Athanase. «J'avais pris la résolution de mettre de côté toute controverse, et je m'occupais de ma traduction de saint Athanase... Je vis clairement dans l'histoire des Ariens que les Ariens purs étaient les Protestants, que les Semi-Ariens étaient les Anglicans, et que Rome enfin était alors ce qu'elle est aujourd'hui. La vérité reposait, non dans la via media, mais dans ce qu'on appelait le parti extrême...» Sa préoccupation constante est de savoir ce que feraient les Pères de l'Église à sa place. Ceux-ci le conduisaient là où il ne pensait pas se rendre.
Dans sa retraite, une autre pensée se présente à l'esprit de Newman: ces «dogmes nouveaux», que les Anglicans reprochent à l'Église romaine d'avoir fabriqués, ne seraient-ils pas un développement homogène de la foi apostolique? Il entreprend donc d'écrire son Essai sur le développement du dogme chrétien. Cette étude lui permet de franchir le dernier obstacle qui le retient hors de l'Église romaine; celle-ci, en effet, n'a rien inventé; elle a seulement tiré du dépôt de la Révélation des doctrines de plus en plus précises, mais toujours dans le même sens. Le 6 octobre 1845, il interrompt subitement son travail, puis, deux jours après, fait venir à Littlemore un religieux catholique italien, le Père Dominique. À peine celui-ci arrivé, Newman se prosterne à ses pieds et lui demande d'entendre sa confession. Après une nuit de prières, Newman, avec deux disciples, fait sa profession de foi catholique et reçoit le baptême sous condition. Désormais, il appartient «par un effet de la miséricorde divine, à l'Église que le Christ a fondée et que dirigent les successeurs de Pierre et des autres Apôtres, entre les mains desquels demeurent entières et vivantes les institutions et la doctrine de la communauté apostolique primitive» (Déclaration Mysterium Ecclesiæ de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 24 juin 1973). S'il peut y avoir une légitime joie d'appartenir à l'Église catholique, il ne convient pas d'en concevoir de l'orgueil, mais plutôt d'en rendre humblement grâces. En effet, «tous les fils de l'Église doivent se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ; s'ils n'y correspondent pas par la pensée, la parole et l'action, ce n'est pas le salut qu'elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement» (Concile Vatican II, Lumen gentium, 14).
L'amie la plus chère
Si prévue qu'ait été la « sécession » de Newman, l'effet en est immense dans le monde anglican. On évalue à plus de trois cents les conversions qui se produisent immédiatement après la sienne, et le mouvement se continuera les décennies suivantes. Newman doit assumer un sacrifice très lourd en quittant ce qui a fait sa vie jusque-là, et s'adapter à un milieu catholique auquel il n'est pas spontanément harmonisé. Ordonné prêtre à Rome en 1847, il rentre en Angleterre pour fonder à Birmingham une communauté de l'Oratoire. De 1851 à 1858, il s'emploie à la fondation d'une université catholique à Dublin. Critiqué par un écrivain partial, il écrit, en 1864, son Apologia pro vita sua, autobiographie dont la limpidité de style et la sincérité des convictions lui valent un regain de sympathie et de célébrité. Jusqu'à sa mort survenue en 1890, Newman se donne sans compter au service de l'Église catholique. En signe de reconnaissance pour tant de travaux entrepris avec fidélité et amour, le Pape Léon XIII lui confère la dignité cardinalice, en 1881. À la fin de sa longue vie, le Cardinal Newman peut écrire en toute loyauté: «Mon désir a été d'avoir la Vérité pour amie la plus chère, et de n'avoir d'autre ennemi que l'erreur».
L'Église est l'oeuvre de Jésus-Christ, «oeuvre par laquelle Il se prolonge, se réfléchit et par laquelle Il est toujours présent dans le monde. Elle est son épouse à laquelle Il s'est entièrement offert; Il l'a choisie pour Lui, Il l'a fondée et la maintient toujours vivante. De plus, Il a donné sa vie pour qu'elle vive... Frères, soyons bien conscients de cette vérité: Jésus-Christ a aimé l'Église... Si Dieu a aimé l'Église au point de lui sacrifier sa vie, cela signifie qu'elle est digne aussi de notre amour» (Jean-Paul II, homélie prononcée au Costa Rica, 3 mars 1983). Saint Augustin a pu écrire cette formule lapidaire: «C'est dans la mesure où quelqu'un aime l'Église qu'il possède l'Esprit-Saint». Là se trouve peut-être une des leçons les plus précieuses de la vie du Cardinal Newman. Ses écrits projettent une lumière très claire sur l'amour de l'Église en tant qu'effusion continuelle de l'amour de Dieu pour l'homme, à chaque étape de l'histoire. Le Cardinal avait une authentique vision surnaturelle, capable de percevoir toutes les faiblesses présentes dans le tissu humain de l'Église, mais également une sûre perception du mystère caché au-delà de notre regard humain. Nous pouvons faire nôtre l'ardente prière à Jésus-Christ qui jaillissait spontanément de son coeur: «Fais que je n'oublie jamais que Tu as établi sur terre un royaume qui est le Tien, que l'Église est Ton oeuvre, établie par Toi, Ton instrument; que nous sommes soumis à Tes règles, Tes lois, Ton regard – que lorsque l'Église parle, c'est Toi qui parles. Fais que la connaissance intime de cette merveilleuse vérité ne me rende pas insensible à son égard – fais que la faiblesse de tes représentants humains ne me fasse pas oublier que c'est Toi qui parles et agis à travers eux».
Le Pape Jean-Paul II disait aux jeunes réunis à Toronto au mois de juillet dernier: «Si vous aimez Jésus, aimez l'Église». Demandons à Marie notre Mère de vivre en vrais fils de la sainte Église catholique, afin d'être trouvés dignes de la vie éternelle.
Dom Antoine Marie osb, abbé