Messe chrismale
Durant la messe chrismale, l’évêque consacre le saint-chrème et bénit les autres huiles saintes. Dans le rite catholique latin, cette la messe n’appartenant pas au sens strict, au triduum pascal. elle peut avoir lieu lors des différents jours de la Semaine sainte, pourvu qu’elle soit proche de Pâques. Beaucoup d’évêques, pour faciliter la participation des fidèles et des prêtres, choisissent un soir de l’un ou l’autre des jours saints, le lundi, le mardi ou le mercredi.
Pourquoi « Chrismale » ?
La Messe Chrismale reçoit cette appellation parce que c’est au cours de cette célébration que le Saint Chrême est consacré. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.
Avec le Saint Chrême qui est l’objet d’une consécration spéciale, deux autres huiles sont bénites :
- l’Huile des catéchumènes qui sert dans les célébrations préparatoires au baptême surtout pour les adultes ou les enfants déjà grands
- l’Huile des Malades qui sert dans la célébration du Sacrement des malades
Prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque. Au cours de cette messe qui manifeste l’unité de toute l’Église diocésaine autour de son Evêque, les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité.
Qu’est-ce que l’Onction ?
Le mot grec chrisma signifie onction. Chrisma a donné : Christ, et aussi : Chrétien. L’onction s’appuie sur le symbolisme de l’huile. Celui qui est oint comme le roi puis le prêtre en Israël, est pénétré par la puissance divine. Cette huile est aussi parfumée. Le parfum indique la présence de quelqu’un qu’on ne voit ni n’entend : «Nous sommes la bonne odeur du Christ » écrit St Paul (2 Cor 2,15). L’huile est par elle-même chargée de divers symboles : nourriture, éclairage, remède, fortifiant, parfum… Le geste de l’onction est très ancien. Dans l’Ancien Testament on le voit pratiqué aussi bien de manière profane (joie, honneur, hospitalité) que comme rite de consécration à Dieu. C’était le cas pour l’autel, pour les rois, pour les prêtres et spécialement le Grand prêtre.
La liturgie chrétienne est restée fidèle au rite consécratoire de l’onction tout en accueillant et déployant la signification que cette onction contenait déjà dans l’Ancien Testament et que le Christ Jésus révèle en plénitude dans le Nouveau Testament : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction… » cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. (Lc. IV, 16-20. Evangile de la Messe Chrismale).
Ainsi sur les « frères que cette onction va imprégner », vont être répandus largement les dons du Saint-Esprit. (Cf. prière de consécration du Saint Chrême). L’onction avec le Saint Chrême est le signe principal du sacrement de la confirmation. Elle est aussi un signe secondaire dans d’autres sacrements : baptême, ordinations. Il faut se souvenir aussi que l’onction est aussi un geste de consécration à Dieu ou de bénédiction : églises, autels…
Voici la prière de consécration du Saint Chrême
L’évêque verse le parfum dans l’huile destinée au chrême.
Prions, frères bien aimés, Dieu le père tout-puissant,
qu’il bénisse cette huile parfumée,
qu’il la sanctifie,
afin que ceux qui en recevront l’onction
en soient pénétrés au plus profond d’eux-mêmes
et rendus capables d’obtenir le salut.
L’évêque souffle sur l’orifice du vase contenant le chrême.
Dieu, de qui viennent toute croissance et tout progrès spirituel, accueille avec bonté le joyeux hommage de gratitude que ton Eglise t’offre par nos voix.
C’est toi qui, au commencement, as voulu que la terre produise des arbres fruitiers.
Ainsi est né l’olivier, parmi toutes les plantes dont les fruits allaient procurer la bonne huile
qui servirait à faire le saint Chrême.
C’est ainsi que David, entrevoyant sous l’inspiration prophétique, les sacrements de ta grâce,
a chanté que cette huile ferait briller de joie notre visage ; et lorsque le monde expiait ses péchés
sous les eaux du déluge, une colombe portant un rameau d’olivier, signe de tes bienfaits à venir,
annonça le retour de la paix sur la terre.
Tout cela se réalise en ces temps qui sont les derniers : les eaux du baptême effacent nos péchés,
et l’onction d’huile donne à nos visages la joie et la sérénité.
De même, lorsque tu prescrivis à Moïse d’ordonner au sacerdoce Aaron, son frère, tu lui demandas de le purifier par l’eau avant qu’il le consacre par l’onction de ce parfum.
Mais il y eut plus encore, lorsque ton Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur, exigea d’être baptisé par Jean dans les eaux du Jourdain.
Alors, le Saint Esprit fut envoyé sur lui, à la ressemblance d’une colombe, et tu affirmas par la voix qui se fit entendre que Jésus est ton Fils unique, en qui tu as mis tout ton amour.
Tu montrais ainsi, d’une manière éclatante, que se réalisait la prophétie de David : « II sera consacré d’une huile d’allégresse, au-dessus de tous ses compagnons ».
Tous les célébrants étendent la main droite vers le chrême jusqu’à la fin de la prière sans rien dire.
Aussi, nous t’en supplions, Seigneur, sanctifie et bénis + cette huile, et, par la puissance de ton Christ
à qui elle emprunte le nom de saint Chrême, pénètre-la de la force de l’Esprit Saint dont tu as imprégné pour ton service prêtres, rois, prophètes et martyrs.
Fais que cette huile, destinée à l’onction, devienne pour ceux qui vont renaître par l’eau du baptême
le signe sacramentel du chrétien parfait.
Que chaque baptisé imprégné de l’onction sanctifiante, libéré de la corruption première, désormais temple de l’Esprit, répande la bonne odeur d’une vie pure.
Selon le dessein de ta volonté divine, en recevant la dignité de rois, prêtres et de prophètes
qu’ils soient tous revêtus de la grâce incorruptible.
Pour ceux qui renaîtront de l’eau et de l’Esprit, que ce parfum soit le chrême du salut qui les fasse participer à la vie divine et communier à la gloire du ciel.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.