Jacques Kern
(1897-1924)
Bienheureux,
Prêtre prémontré
Fête le 20.10
Franz Alexandre Kern naît à Vienne le 16 avril 1897. Encore enfant, il affirma sa volonté d’être prêtre. Ce fut un adolescent exceptionnel. Au petit-séminaire de Hollabrunn, il allait fréquemment adorer le Saint-Sacrement. Il fit à 14 ans le vœu de chasteté.
Tout de suite après ses humanités, en 1915, il s’engagea comme volontaire dans l’armée impériale. C’était la guerre mondiale de 1914-1918. À l’école militaire, il alla chaque jour s’agenouiller devant le tabernacle. Partout il était l’objet de moqueries, mais par ailleurs on l’admirait.
Le Ier janvier 1916, veillant auprès du Saint-Sacrement pendant la prière des Quarante heures, il demanda la grâce de souffrir beaucoup. Il fut rapidement exaucé : l’été de 1916, on l’envoya comme lieutenant au front Sud, et en septembre une balle ‘dum-dum’ (projectile très vulnérant) lui perfora un poumon, causant une blessure qui ne guérirait plus. Lorsqu’on le retira du champ de bataille, les soldats pleurèrent « leur ange gardien ».
En août 1917, pendant son congé de convalescence, il entra au Séminaire de Vienne. En 1918, fut fondée à Prague une Église nationale tchèque, séparée de Rome et libérée du célibat sacerdotal. La nouvelle retentit comme un coup de tonnerre. Un religieux prémontré était la figure de proue de cette nouvelle église schismatique. Cette apostasie meurtrit le cœur du séminariste Kern. « Il découvrit sa vocation dans ce triste événement. Il voulut réparer l’acte de ce religieux et entra à sa place dans l’Ordre de Prémontré. Le Seigneur accepta l’offrande de ce substitut » (St Jean-Paul II, lors de la béatification).
Le 18 octobre 1920, il reçut, dans l’abbaye de Geras, l’habit blanc de saint Norbert et le nom de Jakob/Jacques (d’après le patronage de Jacques Lacops, le martyr de Gorcum). Novice fidèle et joyeux, il avait écrit à son abbé qu’il était « prêt à expier pour ceux qui, égarés de la voie du salut, s’obstinent dans leur infidélité ».
Ordonné prêtre à Vienne le 23 juillet 1922, il dit, lors de ses prémices : « Ma première Messe est mon dimanche des Rameaux. Il sera suivi de la semaine sainte ». Ses sermons venaient du cœur et frappaient l’âme de ses auditeurs. En août 1923, on dut lui enlever quatre côtes, sous anesthésie locale : son chemin de croix commençait. Après un temps de repos, de nouveaux abcès nécessitèrent de nouvelles opérations. « C’est son humour qui le tient debout », disait la sœur qui le soignait. On lui permit de rentrer à l’abbaye vers la mi-mai 1924. Il reprit son apostolat, limité à cause de sa faiblesse. Son dernier sermon, lors du jubilé de l’évêque de Sankt-Pölten, s’intitulait : « Fidèle à l’évêque comme homme d’Église ». Les abcès persistaient. À travers ses blessures purulentes, le jeune prémontré voyait la blessure que le schisme tchèque avait causée au Corps mystique du Christ.
Le 20 octobre 1924, jour prévu pour sa profession perpétuelle, on tenta une ultime opération. Il ne se faisait aucune illusion. Il demanda qu’on apporte son habit blanc pour la mise en bière, et dit : « Préparez tout pour la communion. La dernière communion, comme la première, doit être particulièrement solennelle. Ma profession perpétuelle, je la célébrerai dans le ciel ». Pendant l’opération, l’aumônier lui administra l’extrême-onction et le bénit pour son dernier voyage vers le Père céleste. Il mourut ce même jour, 24 octobre 1924, à Vienne, au son de l’angélus de midi.
Les fidèles, qui n’oubliaient pas le « bon Père Jakob », vinrent prier sur sa tombe au cimetière de Geras et l’invoquaient comme un patron dans le ciel.
Jakob (Franz Alexandre) Kern a été béatifié le 21 juin 1998 à Vienne par saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojty?a, 1978-2005).Cent prémontrés participèrent à la cérémonie. Le pape exhorta les fidèles à imiter ce héros de l’Église, invitant les prêtres à rester fidèles à leur vocation.