SOUFFRANCE / sens de la souffrance

Le sens de la souffrance lorsque l’on est chrétien.

Constat de notre identité divine et de notre condition humaine souffrante

En parlant de la souffrance un ami me disait : « Je n'ai jamais pu imaginer que le Dieu qui m'a créé ait voulu pour moi la souffrance. S'Il est venu pour nous sauver ce n'est pas pour nous voir souffrir. Je crois me souvenir que dans la Genèse, on dit que le septième jour Dieu vit que tout cela était bien. Je ne peux donc en conclure comme d'autres que le monde créé n'était pas parfait à son origine »

Eh oui voilà bien le nœud du problème de la souffrance ! Il était parfait à son origine, mais quelque chose est venu perturber cet ordre parfait ! Mais reprenons le texte de la création

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour. Dieu dit : Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux et il en fut ainsi. Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d'avec les eaux qui sont au-dessus du firmament, et Dieu appela le firmament ciel. Il y eut un soir et il y eut un matin : deuxième jour. Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent et il en fut ainsi. Dieu appela le continent terre et la masse des eaux mers, et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence et il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour. Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu'ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années; qu'ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre et il en fut ainsi. Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : quatrième jour. Dieu dit : Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel et il en fut ainsi.  Dieu créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et toute la gent ailée selon son espèce, et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit et dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez l'eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre. Il y eut un soir et il y eut un matin : cinquième jour. Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce, et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre.  Dieu dit : Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. Toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes et il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Dieu conclut au septième jour l'ouvrage qu'il avait fait et, au septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création.  (Genèse 1/1.2/4a)

Oui la création était belle et tout semblait y être bien ordonné, nulle trace de catastrophe ni de maladie, ni de haine, ni d’aucune sorte de souffrance là-dedans. Alors que s’est-il passé ?  Il suffit pour le savoir de continuer notre lecture

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme : Alors, Dieu a dit Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort. Le serpent répliqua à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal. La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. Ils entendirent le pas de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l'homme et sa femme se cachèrent devant Yahvé Dieu parmi les arbres du jardin. Yahvé Dieu appela l'homme : Où es-tu ? dit-il. J'ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l'homme; j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. Il reprit : Et qui t'a appris que tu étais nu ? Tu as donc mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ! L'homme répondit : C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m'a donné de l'arbre, et j'ai mangé ! Yahvé Dieu dit à la femme : Qu’as-tu fait là ? Et la femme répondit : C’est le serpent qui m'a séduite, et j'ai mangé. Alors Yahvé Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, maudit sois-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes sauvages. Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon. A la femme, il dit : Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te  poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. A l'homme, il dit :  Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais interdit de manger, maudit soit le sol à cause de toi ! A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l'herbe des champs.  A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise. L'homme appela sa femme Eve, parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. Yahvé Dieu fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit. Puis Yahvé Dieu dit : Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous, pour connaître le bien et le mal ! Qu'il n'étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l'arbre de vie, n'en mange et ne vive pour toujours ! Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d'Éden pour cultiver le sol d'où il avait été tiré. Il bannit l'homme et il posta devant le jardin d'Éden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie. (Genèse 3/1.24)

 Et voilà où commence la souffrance de l’homme !

Bien sur ce récit imagé, n’est pas un article journalistique, révélant des faits authentiques, c’est un texte de foi, écrit par les scribes et les docteurs de la loi sous la déportation de Nabuchodonosor, afin de refixer la foi du peuple hébreu fort tenté par toutes les idoles qu’il voyait à Babylone !

Mais ce récit n’en reste pas moins très important car il affirme que l’homme d’abord crée à la ressemblance de Dieu s’est révolté contre lui en lui désobéissant : Il avait été créé libre, et responsable, il l’est resté, mais il a perdu son immortalité car coupé dans sa relation de confiance d’avec Dieu, il ne pouvait plus rester auprès de Lui et le voir face à face. Dieu aurait pu le condamner pour l’éternité, le rejeter totalement mais Il aimait sa création et sa créature. Et il trouve alors la « solution de la terre », c’est à dire de permettre à l’homme de le rechercher de tout son cœur, de tout son esprit et de toutes ses forces, au travers même de la déviation qu’il a pris. L’homme a voulu joué au « Maître de la vie », il va devoir vivre avec cela ! Au moins un certain temps. La terre se fera dure à cultiver, l’homme devra assumer selon ses propres possibilités les forces de la nature ; la maternité elle-même se fera dans la douleur, et la tache du péché se répandra sur toutes les générations.

Il est important de bien comprendre ici, que notre terre et notre vie sur la terre ne sont pas une finalité en soi, mais un passage, pour retrouver le Cœur de Dieu et la possibilité de pouvoir de nouveau le regarder face à face et vivre de nouveau la félicité éternelle auprès de Lui.

 Notre situation dans ce monde n’est pas à prendre non plus comme une punition, Dieu n’est pas un Père sadique. Elle est à prendre comme une seconde chance, comme une classe de rattrapage si je puis m’exprimer ainsi. Cependant il est vrai, reconnaissons-le, que le chemin de retour est ardu ; et que n’ayant pas toujours en vue cet objectif de retrouver le Cœur de Dieu, nous avons bien du mal à accepter toutes nos épreuves humaines.

Mais quelle est la condition de l’homme aujourd’hui ? C’est un être libre et responsable, c’est à dire pleinement capable de choisir entre le bien et le mal. Comme il doit réapprendre à choisir Dieu, celui-ci va respecter sa liberté et le marquer de Sa Vie et de Son Amour autant que l’homme voudra bien le laisser faire.

Ayant un jour subi un très gros préjudice humain de la part d’une personne, je commençais par me laisser envahir par l’angoisse, puis aussi par un certain sentiment de révolte et de colère. J’étais chrétienne, j’essayais de suivre le Seigneur du mieux que je pouvais et voilà que l’on venait me prendre tout mon bien et mettre en péril ma petite famille ! Où était l’amour de Dieu ? Et puis un jour, le Seigneur me fit comprendre que s’il respectait ma liberté, il respectait aussi celle des autres. Il ne l’empêcherait donc pas d’agir, mais par contre il ferait tout pour que ce malheur tourne en bien pour moi et ma famille. Et effectivement cette épreuve nous fortifia non seulement dans la foi mais surtout renforça notre solidarité les uns envers les autres. Quant à la faute de cette personne, Il s’en occuperait lui-même le moment venu. De cela je n’avais pas à m’occuper, mon seul devoir étant de lui pardonner comme le Seigneur, lui, ne cesse de me pardonner tous mes travers !

Dieu, est miséricorde et pardon, mais il est aussi un Dieu juste. Ne l’oublions pas. Ce n’est pas un papa gâteau comme certain voudrait bien le voir aujourd’hui ! Il sait bien faire plier le genou et courber la nuque raide. Aucune faute, aucun péché n’est sans conséquence dans notre relation à Dieu. Et force est de reconnaître que même si son but n’est pas de nous faire mal, de nous perdre, mais de nous sauver et de nous ramener à lui ; il arrive que certains de ses remèdes soient vraiment amers. Cependant il nous faut les accepter et les prendre car ce sont les plus efficaces.

Ayant donc constaté que nous sommes tous de pauvres pécheurs, capables sans doute du meilleur mais aussi du pire, et surtout ayant bien peu de force par nous-mêmes pour aller jusqu’à Dieu et surtout lui rester fidèles, la question se pose de savoir comment nous allons pouvoir nous sauver puisque tout au long de notre vie, si nous faisons du bien nous rajoutons aussi un certain nombre de péchés. Qui dira le contraire ? Comment nous purifier de tout cela pour retrouver le cœur à cœur avec Dieu ? Cela nous semble bien impossible, et cela l’est ! Et Dieu qui sait tout ça bien mieux que nous, nous a donné son Fils Unique, Jésus, pour nous offrir ce salut éternel, pour peu que nous l’acceptions de sa part.  Mais qui est Jésus ? Que nous dit-il ? Qu’attend-il de nous ?

De la condition du Christ

Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore ; obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix. Philippiens 2/6.8

Identité de Jésus

Pourquoi donc Jésus, Fils de Dieu a-t-il voulu prendre notre condition humaine et aussi mourir sur une croix ? Il nous faut reprendre la parole de Dieu même pour y comprendre quelque chose.

Jésus est Fils de Dieu et reconnu par Dieu comme tel devant les hommes.

Et voici qu’une voix venue des cieux disait :« Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez le » Matthieu 3/17 

Ses actes montrent sa puissance divine et les gens qui ne le connaissent qu’en tant qu’homme s’en étonnent.

Alors s’étant levé, il menaça les vents et la mer et il se fit alors un grand calme. Saisis d’étonnement, les hommes se dirent alors : « Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent ? » Matthieu 8/26.27

Comme il sortait, voici qu’on lui, présenta un démoniaque muet. Le démon fut expulsé et le muet parla. Les foules émerveillées disaient : « Jamais pareille chose n’a paru en Israël. » Matthieu 10/32.33

Jésus ne fait pas que guérir les corps, il guérit aussi les cœurs et les âmes, ce qui va en surprendre beaucoup et en choquer aussi un certain nombre. Jésus prend ici le risque de se révéler, et c’est cette révélation qui le conduira devant le sanhédrin et sur la croix.

Et voici qu’on lui apportait un paralytique allongé sur un lit. Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : « Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis » Et voici que quelques scribes se dirent par eux-mêmes : « Celui-là blasphème ! ». Mais Jésus connaissant leurs sentiments leur dit : « ...Eh bien pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a pouvoir sur la terre de remettre les péchés ; lève-toi, prends ton grabat et rentre chez toi ! » Et se levant, il s’en alla chez lui. A cette vue les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.

Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Fils de Dieu. » « Tu l’as dit, lui dit Jésus, d’ailleurs je vous le déclare, dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. » Alors le grand prêtre ses vêtements en disant : « Il a blasphémé, qu’avons-nous encore besoin de témoins ? là vous venez d’entendre le blasphème ! Qu’en pensez-vous ? » Il répondirent : « Il est passible de mort. » Matthieu 26/63.66

Lorsqu’on lit tout ceci, on peut imaginer la notoriété de Jésus auprès des gens, car mis à part les autorités religieuses, il était reconnu, et aimé par le peuple. Mais est-ce cela que Jésus recherchait : la gloire humaine ?  Le « bonheur » humain ? Non ! Si le Fils de Dieu est venu parmi nous, en prenant notre condition humaine, c’est pour nous révéler le Père et surtout nous sauver de la mort éternelle

Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Jean 3/17

Obéissance de Jésus

Mais comment Jésus s’y est-il pris pour cela ?

D’abord il a tout vécu, tout au long de sa vie dans l’obéissance au Père. Il écoutait le Père, dans la prière et lui obéissait et nous transmettait ce que le Père lui montrait.

En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils de l’homme ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voit faire au Père. Ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. Jean 5/19

Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. Jean 4/34

Ainsi donc, toute la vie de Jésus s’inscrit dans la volonté du Père et elle s’inscrira ainsi jusqu'à sa mort, Jésus acceptant la coupe, c’est à dire la mort sur la croix, que le Père lui tend.

 « Père si tu veux, éloigne de moi cette coupe, cependant que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse. » Luc 22/42

Sacrifice de Jésus

Et Jésus qui avait tant été recherché par les foules va se retrouver seul sur la croix ! Mais pourquoi cela ? Pourquoi cette mort ignominieuse ? Pourquoi cette mort voulue par le Père et acceptée par Jésus ? Quel est donc l’enjeu qui se cache derrière un tel acte ? On en trouve l’explication dans la bible en différents endroits, comme en filigrane.

En effet, je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. » Matthieu 9/13

Et il commença de leur enseigner : Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres, les scribes, être tué et après trois jours ressusciter. Luc 8/31

Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit….Et que dire : Père sauve moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ; Père Glorifie ton Nom ! Jean 12/24 et 27

…Le Christ a souffert pour nous….Lui qui n’a pas commis de faute ….Lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice ; Lui qui sur le bois de la croix a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que mort à nos fautes nous vivions pour la justice, Lui dont la meurtrissure vous a guéris. 1 Pierre 2/21.24

Puis prenant une coupe, il rendit grâce et la leur donna en disant : « Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Matthieu 26/27.28

On pourrait encore trouver beaucoup de versets sur ce thème ! Mais ici ce qu’il est important de retenir, c’est que l’homme de par son état de péché se coupe de Dieu et donc de la vie éternelle qui est vie avec Dieu. Et l’homme lui-même est bien trop faible, trop pécheur pour offrir quelque chose à Dieu en échange de sa propre vie.

Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier s’il ruine sa propre vie ? Et que peut donner l’homme en échange de sa propre vie ? Matthieu 8/36.37

C’est pourquoi Dieu qui aime son peuple va envoyer son Fils Jésus, en sacrifice unique, en sacrifice suprême afin que l’homme reconnaissant ce sacrifice du Fils de Dieu puisse recevoir la vie éternelle. Le sacrifice de Jésus est un sacrifice d’amour. L’amour donne tout, Dieu nous a tout donné !

Jésus a donné sa vie pour nous, il nous appelle à faire de même. Il nous appelle donc à mourir à nous-mêmes, à perdre notre vie, pour l’amour de Dieu et des autres. Il nous appelle à l’aimer et à aimer les autres plus que nous-mêmes, car avant nous-mêmes !

Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Matthieu 16/24

Si quelqu’un me sert, qu’il me suive et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Jean 12/26

Jésus ne dit pas : « Où sera mon serviteur je serai. » mais bien : « Où je suis là aussi sera mon serviteur. » Or Jésus est sur la croix ! Sans sa mort, sa mort sur la croix et sa résurrection, toute sa vie messianique n’aurait aucun sens, aucune racine. Pour recevoir la vie éternelle, il fallait ce sacrifice suprême et chacun à notre mesure, selon la volonté du Père, donc selon notre vocation, c’est à ce même sacrifice que nous sommes appelés.

 La vie des saints que nous admirons, nous montre ce chemin, bien que nous les jugions souvent inimitables ! Et si cela ne l’était pas tant que cela ? Car enfin, l’amour est le seul chemin pour arriver à Dieu et le chemin de la croix est ce chemin d’amour que Jésus nous invite à suivre pour le rejoindre. Mais comment suivre ce chemin ?

De notre acceptation d’union à la croix

Accepter la croix

Le curé d’Ars connaissait si bien le chemin de la croix et la difficulté que l’homme a de le prendre qu’il disait : 

« Dans le chemin de la croix, voyez mes enfants, il n’y a que le premier pas qui coûte. C’est la crainte des croix qui est notre plus grande croix. On n’a pas le courage de porter sa croix, on a bien tort car quoique nous fassions, la croix nous tient, nous ne pouvons lui échapper ….Ecoutez bien ça, mes enfants ; celui qui va au devant de la croix, marche à l’opposé des croix. Il les rencontre peut-être, mais il est content de les rencontrer, il les aime, il les porte avec courage, elles l’unissent à notre Seigneur, elles le purifient, elles le détachent de ce monde, elles emportent de son cœur tous les obstacles, elles l’aident à traverser la vie, comme un pont à passer l’eau. Si le Bon Dieu nous envoie des croix, nous nous rebutons, nous murmurons, nous sommes si ennemis de tout ce qui nous contrarie que nous voudrions être dans une boite en coton ; c’est dans une boîte d’épines qu’il faudrait nous mettre. C’est par la croix que l’on va au ciel : les maladies, les tentations, les peines sont autant de croix qui nous conduisent au ciel. Notre Seigneur, est notre modèle, prenons notre croix et suivons le … Si quelqu’un vous disait : « je voudrais devenir riche que faut-il faire ? » Vous lui diriez : «  il faut travailler » Eh bien, pour aller au ciel, il faut souffrir ! …Souffrir qu’importe, ce n’est qu’un moment. Si nous pouvions passer huit jours dans le ciel, nous comprendrions le prix de ce moment de souffrance ; nous ne trouverions pas de croix assez lourdes, pas d’épreuves assez amères… »

Les deux aspects de la croix

En fait dans l’union à Jésus, la souffrance se présente sous deux aspects qu’il faut bien noter : le premier qui est acceptation des événements de notre vie, et le second qui est pénitence et réparation volontaires pour nous-mêmes ou pour les autres .

Accepter les évènements

Le premier cas se trouve être commun à tous les chrétiens, mais encore faut-il bien voir avec quel cœur et quel esprit nous acceptons ces évènements.

La souffrance peut provenir de différentes sources. Elle peut venir de l'incapacité des hommes à gérer les ressources mises à leur disposition ; Nous sommes tributaires de la nature dans laquelle nous vivons (climats, marées, saisons …) et de ce que nous en faisons (guerres, pollution, déforestations …) Elle peut provenir aussi de leur volonté de tout régenter à leur manière; (pouvoir de l’argent et irrespect de la vie et de la condition humaine …) Nous pourrions épiloguer longuement sur toutes les causes de la souffrance en notre monde et en nos vies, mais je crois que chacun sait comment il est touché, et ce qui devient important alors c’est bien de voir comment nous la vivons.

 Quand nous écoutons les gens autour de nous, voici ce que généralement nous entendons :

« Je n'ai jamais pu imaginer que le Dieu qui m'a créé ait voulu pour moi la souffrance. Je ne peux donc pas accepter que notre vie doive être liée de près ou de loin à une participation à la Passion de Jésus. S'Il est venu pour nous sauver ce n'est pas pour nous voir souffrir. »

 « Le Seigneur ne veut pas la maladie, c’est un mal. Mais il souhaite que nous acceptions le réel dans la foi. »

 Il est vrai que si nous nous arrêtons a l’aspect humain seulement de la souffrance, nous ne pouvons que la recevoir comme un mal, une route destructrice et à ce titre il nous faut la fuir ! Mais en est-il du chrétien comme de l’incroyant ?

 Non, car s’il a le devoir de se soigner dans son corps, puisque c’est l‘enveloppe que Dieu lui donne sur terre pour cheminer vers Lui. Il ne doit pas pour autant le « cocooner » ou en faire le « Dieu » de sa vie ici-bas. De plus le chrétien se référant à Dieu, se réfère à Jésus crucifié, mort et ressuscité pour lui obtenir la vie éternelle.

Ayant posé cette question de la souffrance et de l’union à la croix sur un forum d’Internet j’ai eu la surprise de trouver certaines réponses fortes qui montrent bien que toute souffrance vécue avec Jésus n’est pas inutile. Les voici :

Je suis handicapée de naissance et à 61 ans je connais le discours sur la souffrance. Pour moi, Dieu ne veut pas la souffrance... sinon quel père sadique... Dieu n'a pas créé l'homme parfait, ni l'univers parfait. Il respecte logiquement, l'ordre des choses qu'il a lui-même établi. Donc l'homme et la femme souffrent de cette imperfection de l'univers… La souffrance en elle-même n'a aucune valeur, c'est du négatif, du non-être... Tout le contraire de la création quoi ! Si tu regardes la Passion du Christ et la vie des saints, tu te rends compte qu'ils ont accepté la souffrance par amour…La Passion du Christ n'a aucun sens sans son amour pour ses frères et ses sœurs... Les saints ont accepté de souffrir parce qu'ils aimaient Dieu et Jésus... Mais la Passion mène à Pâques : elle se compare finalement à un accouchement, logiquement elle aboutit à la vie. Et la Vie en plénitude Si je l'accepte bien dans l'amour, je suis dans un processus de résurrection...de croissance...

Un des plus beaux cadeaux que Dieu nous a offert, c'est la possibilité de donner un sens à notre souffrance. Il arrive parfois dans notre vie de souffrir sans savoir pourquoi. Par exemple, un parent peut souffrir en voyant son jeune enfant mourir de cancer. Dans un sens pragmatique, ça ne donne rien au parent de souffrir. Ça ne guérit pas, ça ne raccourcit pas la maladie, etc. Cependant, en offrant sa souffrance comme un sacrifice pour telle ou telle cause-- comme par exemple, la conversion des âmes-- sa souffrance n'est plus inutile. Ça donne quelque chose. Dieu ne nous enlève pas la souffrance de notre vie. Mais, par le sacrifice du Christ, on peut souffrir en lui, et de cette manière devenir des co-rédempteurs (voir le paragraphe 618 du catéchisme, si ma mémoire est bonne). On ne fait pas partie du corps du Christ d'une manière purement symbolique, mais d'une façon RÉELLE. Et c'est cette unité au Christ qui nous permet d'unir notre souffrance à sa souffrance pour faire en sorte que nous aussi, nous participons à la Rédemption du monde, et donc, on donne un coup de main au Christ. Comme ça, on donne une réponse partielle à la question de l'existence de la souffrance dans le monde. On ne saura jamais dans cette vie pourquoi elle existe-- c'est-à-dire, pourquoi Dieu l'a permis. Mais au moins, on a une raison à l'accepter et à ne pas se révolter. On peut en faire quelque chose. Et si on peut faire quelque chose avec sa souffrance, son existence est moins difficile à accepter, parce que ça sert à quelque chose.

Ce qui est important c'est qu'avec la Foi, la souffrance devient un outil d'évolution pour tous. Sans la Foi c'est un non-sens. Ma Foi, c'est croire que rien n'arrive par hasard.

Le curé d’Ars nous dit :

« Il ne faut jamais regarder d’où viennent les croix, elles viennent de Dieu. C’est toujours Dieu qui nous donne ce moyen de lui prouver notre amour. »

En effet nous nous demandons souvent d’où nous viennent tous nos problèmes ; nous voulons bien recevoir les joies et le bonheur de la part de Dieu mais nous avons bien du mal à recevoir toutes contrariétés comme venant de Lui. Nous voulons si souvent le transformer, non en Dieu d’amour mais en « papa gâteau ».

 Une autre personne sur ce forum écrivait ceci :

Personne n'a l'exclusivité de la souffrance, c'est la chose la mieux partagée du monde, TOUS nous avons souffert et nous souffrirons, que ce soit physiquement, moralement, psychiquement et même spirituellement. Mais la souffrance est aussi la chose la moins partagée du monde car nous nous sentons impuissant devant la souffrance d'autrui, et même peut-être coupable.  Je comprends beaucoup de chose en lisant des écrits admirables de spiritualité, mais je comprends aussi que tout le monde ne peut pas les comprendre et encore moins les admettre.

Et il citait Sainte Elisabeth de la Trinité :

Sans doute la nature peut avoir ses angoisses en face de la souffrance - le Maître a voulu connaître cette humiliation - mais la volonté doit arriver pour dominer toute impression et pour dire au Père du ciel : "Que votre volonté soit faite et non la mienne !"

La croix, cadeau de Dieu

Or « La croix est le don que Dieu fait à ses amis » car « les contradictions nous mettent au pied de la croix et la croix, à la porte du ciel. ».

Quand on n’a pas la foi, il est normal de refuser la souffrance sous quelque forme qu’elle se présente, mais il ne doit pas en être de même lorsque nous croyons en Jésus Christ, mort crucifié pour nous sauver. Et si nous sommes vraiment disciples du Christ nous devons pouvoir assumer ces souffrances avec Jésus, puisqu’il nous montre la route et nous porte lui-même ; c’est pourquoi le Curé d’Ars écrivait :

« Les gens du monde se désolent quand ils ont des croix, mais les bons chrétiens se désolent quand ils n’en n’ont pas. Le chrétien vit au milieu des croix comme le poisson dans l‘eau. »

En effet, même si cela est dur à comprendre,

« Les épreuves pour ceux qui aiment Dieu, ne sont pas des châtiments mais des grâces. »

Elisabeth de la trinité elle écrit :

« Jamais je n’avais tant compris que la souffrance est le plus grand gage d’amour que Dieu puisse donner à sa créature et je ne doutais pas qu’une telle saveur était cachée au fond du calice, pour celui qui en a bu toute la lie. C’est une main paternelle, une main de tendresse infinie qui nous dispense la douleur. Sachons dépasser l’amertume de cette douleur pour y trouver notre repos. »

De la manière de vivre la souffrance

Cependant, pour pouvoir accepter cette dimension, il nous faut vivre avec Jésus, c’est à dire dans l’amour et la confiance ; et le Curé d’Ars qui avait découvert cela affirmait :

« Qu’on le veuille ou non, il faut souffrir. Il y en a qui souffrent comme le bon larron, et d’autres comme le mauvais. Tous deux souffraient pareillement ; mais l’un sut rendre ses souffrances méritoires, il les accepta en esprit de réparation et se tournant du côté de Jésus crucifié, il recueillit ses belles paroles : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ; » L’autre au contraire, poussait des hurlements, vociférait des imprécations et des blasphèmes et expira dans le désespoir le plus affreux …Toutes les peines sont douces, quand on souffre en union avec notre Seigneur ...Union avec Jésus Christ, union à la croix , voilà le salut ! » . 

Et dès lors il nous appelle à tout accepter avec reconnaissance, compte tenu de notre état de pécheur :

« Si le Bon Dieu détache des parcelles de sa croix pour nous éprouver et nous faire expier nos fautes, nous devons les accepter avec reconnaissance et amour ».

Elisabeth de la Trinité, elle, nous dit ceci, alors même qu’elle souffre les pires douleurs physiques et est proche de la mort :

«  N’as-tu jamais vu ces images représentant la mort moissonnant avec une faucille ? Et bien c’est mon état. Il me semble que je la sens me détruire ainsi. Pour la nature, c’est parfois pénible et je t’assure que si je restais là je ne sentirai que ma lâcheté dans la souffrance ; mais ceci est le regard humain et bien vite « j’ouvre l’œil de mon âme sous la lumière de la foi » Cette foi me dit que c’est l’amour qui me détruit, qui me consume lentement et ma joie est immense, et je me livre à lui comme une proie. » …. « Je vous assure que sur ma croix où je goûte des joies inconnues, je comprends que la douleur est la révélation de l’amour et je m’y précipite. C’est ma résidence aimée, c’est là que je trouve la paix et le repos, là que je suis sure de rencontrer mon Maître et de demeurer avec Lui. »

Souffrir en aimant, aimer en souffrant  

Le curé d’Ars sait que cette participation à la croix du Christ n’est pas punition mais source de salut pour nous-mêmes et pour les autres et c’est en cela même qu’il puise sa force et surtout sa joie :

« Jamais je n’ai été si heureux que dans les moments où j’ai été persécuté, calomnié. Dieu m’inondait alors de consolation, Dieu m’accordait tout ce que je lui demandais …Il y a deux manières de souffrir : souffrir en aimant et souffrir sans aimer. Les saints souffraient tout avec patience, joie, persévérance parce qu’ils aimaient. ; Si nous aimions Dieu nous serions heureux de pouvoir souffrir pour l’amour de Celui qui a bien voulu souffrir pour nous…Vous dîtes : c’est dur ? Non, c’est doux, c’est consolant, c’est suave, c’est le bonheur ! Seulement il faut aimer en souffrant, il faut souffrir en aimant. »

Souffrir pour les autres

 Ayant découvert cette puissance de l’union à la croix il ira jusqu’à faire cette prière :

« Accordez moi la conversion de ma paroisse et je consens à souffrir tout ce que vous voulez tout le temps de ma vie. »

Et quand on connaît un tant soit peu la vie de notre saint curé on peut y reconnaître la réalisation concrète de cette prière tant par sa souffrance que par les grâces de conversion obtenues, non seulement dans sa paroisse mais bien au-delà ! En fait il nous faut ici prendre conscience que Dieu n’est jamais en reste d‘amour avec nous ; le peu que nous lui donnons, il nous le rend au centuple et nous serons toujours ses débiteurs dans l’amour.

 Elisabeth de la Trinité écrivait aussi à une amie qui souffrait beaucoup de la maladie :

« Je vois que le maître vous tient toujours clouée sur la croix avec vos névralgies. Saint Paul disait : « je souffre dans mon corps, ce qui manque à la Passion du Christ. » Vous aussi, vous lui êtes en quelque sorte une humanité de surcroît en laquelle vous lui permettez de souffrir comme une extension de sa Passion, car vos douleurs sont vraiment surnaturelles. Que d’âmes vous pouvez sauver ainsi ! »

Conclusion

Si le monde rejette la souffrance, le chrétien lui, sans la rechercher, ce qui serait du masochisme, sait l’accueillir comme une voie royale vers le Ciel , pour lui-même et pour les autres, car c’est le chemin que Jésus lui-même a pris pour nous sauver ; et c’est le chemin sur lequel il marche avec nous.

La grandeur de la souffrance se trouve dans l’union à Jésus qui s’offre sans cesse pour chacun de nous, C’est dans la souffrance aussi que l’on découvre tout l’amour du Christ pour nous au cœur de l’eucharistie.

Apprenons- à ne pas nous révolter lorsque la souffrance nous atteint, mais au contraire accueillons-la en nous confiant pleinement en Jésus.

 Myriam de Gemma

 

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