Cyrille de JERUSALEM

Cyrille de JERUSALEM (313-350), écrits

Saint, évêque de Jérusalem et docteur de l'Eglise

 

Que la foi te rassure, tu reçois un pain céleste et une coupe de salut !

 

Autrefois, le Christ disait : « Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n’avez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Mais ils n’écoutèrent pas spirituellement ces paroles et ils allèrent scandalisés, pensant que le Seigneur les invitait à un repas ordinaire

Déjà dans l’Ancien Testament il y avait les pains de proposition. Mais il n’y a plus lieu maintenant d’offrir ces pains de l’Ancienne Alliance. Dans l’Alliance Nouvelle, il y a un pain céleste et une coupe de salut (cf. Ps 115,13) qui sanctifient l’âme et le corps. De même, en effet, que le pain s’accorde avec le corps, ainsi le Verbe s’harmonise avec l’âme.

Ne t’arrête donc pas au pain et au vin comme s’il s’agissait d’eux seuls, car selon l’affirmation du Maître, il s’agit de corps et de sang. Quoi que te suggère la perception des sens, que la foi te rassure. Ne juge pas la réalité d’après le goût mais d’après la foi. (…)

Ce que tu appris te donne cette certitude : ce qui paraît du pain n’est pas du pain, bien qu’il en ait le goût, mais le corps du Christ ; et ce qui paraît du vin n’est pas du vin, bien que le goût le veuille, mais le sang du Christ.

4ème Catéchèse mystagogique, 1,4-6.9
(in Lectures chrétiennes pour notre temps, fiche E7;
trad. Orval ; © 1971 Abbaye d'Orval ; rev.)

Nous participons avec pleine assurance au corps et au sang du Christ

 

Dans la nuit où il fut livré, le Seigneur Jésus prit du pain et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Prenez et mangez : ceci est mon corps. » Ensuite, prenant la coupe, il dit : « Prenez et buvez : ceci est mon sang. » (cf. 1 Co 11, 23-25) Si donc lui-même a déclaré ouvertement en parlant du pain : « Ceci est mon corps », qui osera douter désormais ? Et si lui-même est à ce point affirmatif lorsqu’il dit : « Ceci est mon sang », qui hésitera encore ou dira ce n’est pas son sang ? (...)

C’est donc avec pleine assurance que nous participons de la sorte au corps et au sang du Christ. Car sous forme de pain c’est le corps qui t’es donné, et sous forme de vin c’est le sang qui t’es donné, pour que tu deviennes, en prenant part au corps et au sang du Christ, un seul corps et un seul sang avec le Christ. De cette manière, nous devenons « associés à la nature divine » (2 P 1,4). (…)

David a dit autrefois dans un psaume : « Le pain fortifie le cœur de l’homme pour que l’huile de la joie rayonne sur son visage » (Ps 103,15). Fortifie donc ton cœur en prenant ce pain spirituel et réjouis le visage de ton âme. Et puisses-tu, à visage découvert et en pureté de conscience, refléter comme un miroir la gloire du Seigneur.

4ème Catéchèse mystagogique, 1.3.9
(in Lectures chrétiennes pour notre temps, fiche E7;
trad. Orval ; © 1971 Abbaye d'Orval)

Reconnais le Fils de Dieu et participe à la béatitude

 

Notre Seigneur Jésus Christ s’est fait homme, quand il était inconnu du grand nombre. Voulant enseigner la vérité inconnue, il rassembla ses disciples et leur dit : « Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l’homme ? » (Mt 16,13).

Il ne cherchait pas une vaine gloire mais il voulait leur révéler la vérité, pour qu’ils n’aillent pas, eux les compagnons de Dieu Fils unique de Dieu, le prendre pour quelque homme ordinaire. Et comme ils lui répondaient : « Les uns, Élie ; les autres, Jérémie » (Mt 16, 14), il leur dit : ces gens-là sont excusables de ne pas savoir ; mais vous, les apôtres, qui en mon nom purifiez les lépreux, chassez les démons, ressuscitez les morts, vous ne devez pas ignorer celui par qui vous accomplissez ces prodiges. Et comme tous gardaient le silence, car cette science-là dépassait l’homme, Pierre, le chef des apôtres, le héraut en chef de l’Église, ne recourut pas à une parole qu’il aurait trouvée de lui-même : il suivit une inspiration qui ne venait pas de l’homme, mais du Père qui éclairait son intelligence, et il répondit : « Tu es le Christ » – pas simplement – mais « le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16) ; une béatitude succède à cette parole, car en vérité elle dépassait l’homme ; un sceau est apposé à cette déclaration : cette révélation-là vient du Père ; le Sauveur dit en effet : « Tu es bienheureux, Simon, fils de Jean, de ce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16,17).

Donc, qui reconnaît notre Seigneur Jésus Christ comme Fils de Dieu, participe à cette béatitude ; mais celui qui renie le Fils de Dieu est malheureux et misérable.

Catéchèse baptismale n°11,3
(Les catéchèses, coll. Les pères dans la foi n° 53-54 ;
trad. J. Bouvet ; éd. Migne 1993 ; p. 153)

La grâce divine, une sage perspicacité et des yeux bien ouverts !

 

Le vice singe la vertu et l’ivraie s’efforce de passer pour du blé : l’apparence est semblable, mais le goût ne trompe pas les connaisseurs. Le diable se déguise aussi en ange de lumière, non pas pour revenir là où il fut (car il s’est rendu le cœur dur comme une enclume et sa précédente détermination est désormais irrévocable), mais pour environner des ténèbres de la cécité et de la pestilence de l’incrédulité ceux qui mènent une vie semblable à celle des anges. Nombreux sont les loups qui se promènent sous des peaux de brebis. Des brebis, ils ont pris seulement les peaux, pas les ongles ni les dents, mais vêtus de cette toison d’animal domestique et utilisant son apparence pour tromper les gens sans malice, ils laissent couler de leurs dents le virus mortel de l’impiété.

Nous avons donc besoin de la grâce divine, d’une sage perspicacité et d’yeux bien ouverts, afin de n’être pas victimes de notre ignorance, en mangeant de l’ivraie pour du blé ; afin aussi de ne pas prendre le loup pour une brebis et devenir ainsi sa proie ; afin de ne pas nous imaginer le diable destructeur comme un ange bienfaisant, et nous faire dévorer. Car « il rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1P 5,8), comme dit l’Écriture. Voilà pourquoi l’Église nous met en garde, voilà le pourquoi des présents enseignements, le pourquoi de l’institution de nos leçons.

Catéchèse baptismale n°4,1 (Les catéchèses,
coll. Les pères dans la foi n° 53-54 ;
trad. J. Bouvet ; éd. Migne 1993 ; p. 63-64)

« Augmente en nous la foi » (Lc 17,5)

 

      Le mot « foi » est unique en tant que vocable, mais il a une double signification. Il y a en effet un aspect de la foi qui se rapporte aux dogmes ; il s'agit de l'assentiment sur telle vérité donnée. Cet aspect de la foi est profitable à l'âme, selon la parole du Seigneur : « Celui qui écoute mes paroles et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle » (Jn 5,24)...

      Mais il y a un second aspect de la foi : c'est la foi qui nous est donnée par le Christ comme un charisme, gratuitement, comme un don spirituel. « A l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse, à un autre une parole de science selon le même Esprit, à un autre la foi dans le même Esprit, à un autre le charisme de guérir » (1Co 12,8-9). Cette foi qui nous est donnée comme une grâce par l'Esprit Saint n'est donc pas seulement la foi dogmatique, mais elle a la puissance de réaliser ce qui dépasse les forces humaines.  Celui qui possède cette foi « dira à cette montagne : ' Déplace-toi d'ici à là, et elle se déplacera ' ». Car lorsque quelqu'un prononce cette parole avec foi, « en croyant qu'elle va s'accomplir, et sans hésitation intérieure » (Mc 11,23) alors il reçoit la grâce de sa réalisation. C'est de cette foi qu'il est dit : « Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde ». En effet, la graine de moutarde est toute petite mais elle recèle une énergie de feu ; semence minuscule, elle se développe au point d'étendre de longues branches et de pouvoir même abriter les oiseaux (Mt 13,32). De même la foi accomplit dans une âme les plus grands exploits en un clin d'œil.

      Quand elle est éclairée par la foi, l'âme se représente Dieu et le contemple autant qu'il est possible. Elle embrasse les limites de l'univers et, avant la fin du temps, elle voit déjà le jugement et l'accomplissement des promesses. Toi donc, possède cette foi qui dépend de Dieu et qui te porte vers lui ; alors tu recevras de lui cette foi qui agit au-delà des forces humaines. 

Catéchèse baptismale 5, 10-11 ; PG 33, 518
(trad. Orval rev. ; cf bréviaire 31e merc.)

Pourquoi l'Église est appelée catholique 

 

L'Église est appelée catholique (ou universelle) parce qu'elle existe dans le monde entier, d'une extrémité à l'autre de la terre ; et parce qu'elle enseigne de façon universelle et sans défaillance toutes les doctrines que les hommes ont besoin de connaître, sur les réalités visibles et invisibles, célestes et terrestres. En outre, elle est appelée catholique parce qu'elle soumet à la vraie religion tout le genre humain : chefs et sujets, savants et ignorants ; parce qu'elle soigne et guérit universellement toute espèce de péchés commis par l'âme et par le corps ; enfin parce qu'elle possède en elle toute espèce de vertus, en actions ou en paroles, quel que soit leur nom, et toute espèce de dons spirituels.

Ce nom d'Église (ou Convocation) lui convient tout à fait parce qu'elle « convoque » et rassemble tous les hommes, ainsi que le Seigneur ordonne dans le Lévitique : Convoque toute la communauté à l'entrée de la Tente du Témoignage . Il est à noter que le mot « convoque » ( ekklèsiason ) est employé ici pour la première fois dans l'Écriture, lorsque le Seigneur établit Aaron dans la charge de grand prêtre. Et dans le Deutéronome, Dieu dit à Moïse : Convoque devant moi le peuple, et qu'ils entendent mes paroles pour apprendre à me craindre . Il fait encore mention de ce nom d'Église, quand il dit au sujet des tables de la Loi : Sur elles étaient écrites toutes les paroles que le Seigneur vous a dites sur la montagne, au jour de l'Ekklèsia (de la convocation), ce qui revient à dire, plus explicitement: « Au jour où vous vous êtes réunis sur la convocation du Seigneur ». Le Psalmiste dit aussi : Je te rendrai grâce dans la grande assemblée (ekklèsia), dans un peuple nombreux je te louerai . 

Le Psalmiste, d'ailleurs, avait chanté jadis : Dans l'assemblée, bénissez le Seigneur, à partir des sources d'Israël . ~ Mais, dans la suite, le Sauveur institua, à partir des nations païennes, une seconde assemblée : notre sainte Église, celle des chrétiens, celle dont il a dit à Pierre : Et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. ~

Lorsque la seule « Église » qui était en Judée a été rejetée, les Églises du Christ se sont multipliées par toute la terre.

C'est d'elles que parlent les psaumes lorsqu'ils disent : Chantez au Seigneur un cantique nouveau, sa louange est dans l'assemblée des saints . Le prophète en est d'accord, lorsqu'il dit aux Juifs : Je ne prends nul plaisir en vous, dit le Seigneur tout-puissant. Et il ajoute aussitôt : De l'Orient à l'Occident, mon nom est glorifié chez les nations païennes . C'est de la même Église sainte et catholique que Paul écrit à Timothée : Tu dois savoir comment te conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité . 

CATÉCHÉSE PRÉBAPTISMALE SUR LE SYMBOLE DE LA FOI

L'eau, symbole de l'Esprit

 

L'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle . C'est une eau toute nouvelle, vivante, et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes. Pour quelle raison le don de l'Esprit est-il appelé une « eau » ? C'est parce que l'eau est à la base de tout ; parce que l'eau produit la végétation et la vie ; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu'en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. ~ Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là, mais, en s'adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.

L'Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté . De même que le bois sec, associé à l'eau, produit des bourgeons, de même l'âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, apporte des fruits de justice. Bien que l'Esprit soit simple, c'est lui, sur l'ordre de Dieu et au nom du Christ, qui anime de nombreuses vertus.

Il emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse ; il éclaire par la prophétie l'âme de celui-là ; il donne à un prêtre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d'interpréter les divines Écritures. Il fortifie la chasteté de l'un, il enseigne à un autre l'art de l'aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l'ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. Différent chez les différents hommes, il n'est pas différent de lui-même, ainsi qu'il est écrit : Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous . ~ 

Son entrée en nous se fait avec douceur, on l'accueille avec joie, son joug est facile à porter. Son arrivée est annoncée par des rayons de lumière et de science. Il vient avec la tendresse d'un défenseur véritable, car il vient pour sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, réconforter, éclairer l'esprit : chez celui qui le reçoit, tout d'abord ; et ensuite, par celui-ci, chez les autres.

Un homme qui se trouvait d'abord dans l'obscurité, en voyant soudain le soleil, a le regard éclairé et voit clairement ce qu'il ne voyait pas auparavant : ainsi celui qui a l'avantage de recevoir le Saint-Esprit a l'âme illuminée, et il voit de façon surhumaine ce qu'il ne connaissait pas.

CATÉCHÈSE SUR LE SAINT ESPRIT

Le carême conduit au baptême dans la nuit de Pâques, pour le pardon des péchés

 

       [« Convertissez-vous, et que chacun reçoive le baptême au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés. »] Vous qui allez être baptisés, vous êtes déjà disciples de la Nouvelle Alliance et participants aux mystères du Christ ; déjà…vous vous êtes fait « un cœur nouveau et un esprit nouveau », pour la joie des habitants des cieux… Vous avez entrepris un bon et très beau voyage… : le Fils unique de Dieu est là tout prêt à vous racheter. « Venez, dit-il, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et je vous donnerai le repos. » Vous qui êtes accablés et affligés par vos péchés, pris dans les liens de vos fautes, écoutez le prophète : « Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez de ma vue vos actions mauvaises », afin que le chœur des anges vous crie : « Heureux ceux dont les fautes ont été enlevées, le péché remis ! »…

      C’est maintenant l’époque de la confession. Confesse les péchés que tu as commis, en parole ou en action, la nuit ou le jour. Confesse-toi en « ce temps favorable » et, « au jour du salut », reçois le trésor du ciel… Débarrasse-toi de toute préoccupation humaine ; occupe-toi de ton âme… Quitte le présent et crois en l’avenir… : « Arrêtez, sachez que moi je suis Dieu »… Purifie ton cœur, pour recevoir la grâce avec plus d’abondance : le pardon des péchés est donné également à tous, mais la participation à l’Esprit Saint est accordée à chacun selon la mesure de sa foi. Si tu te donnes peu de mal, tu recevras peu. Si tu travailles beaucoup, ton salaire sera grand…

      Si tu as des griefs contre quelqu’un, pardonne. Tu t’approches du baptistère pour recevoir le pardon de tes péchés : il faut que toi aussi, tu sois indulgent avec les pécheurs.

(Références bibliques : Ac 2,38; Ez 18,31; Lc 15,7;  Mt 11,28; Pr 5,22; Is 1,16; Ps 31,1; Is 49,8; 2Co 6,2; Ps 45,11) 

 Catéchèses en vue du baptême, n°1, 1.5

« Qui est-il donc ? »

      Si quelqu'un veut honorer Dieu, qu'il se prosterne devant son Fils. Sans cela, le Père n'accepte pas d'être adoré. Du haut du ciel, le Père a fait entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ». Le Père trouve sa joie dans le Fils ; si tu ne trouves pas ta joie en lui toi aussi, tu n'auras pas la vie... Après avoir reconnu qu'il y a un seul Dieu, reconnais aussi qu'il y a le Fils unique de Dieu ; crois en « un seul Seigneur Jésus Christ » (Credo). Nous disons « un seul » parce que lui seul est Fils, même s'il a plusieurs noms...

      « Il est appelé Christ » [c'est-à-dire l'Oint], un Christ qui n'a pas reçu son onction de mains humaines, mais qui a été oint de toute éternité par le Père pour exercer en faveur des hommes le sacerdoce suprême... Il est appelé « Fils de l'homme », non pas qu'il tienne son origine de la terre, comme chacun de nous, mais parce qu'il doit venir sur les nuées juger les vivants et les morts. Il est appelé « Seigneur », non pas abusivement comme les seigneurs humains, mais bien parce que la seigneurie lui appartient par nature de toute éternité. Il est appelé fort à propos « Jésus » [c'est-à-dire « le Seigneur sauve »], car il sauve en guérissant. Il est appelé « Fils », non pas parce qu'une adoption l'ait élevé à ce titre, mais parce qu'il a été engendré selon sa nature.

      Il y a encore beaucoup d'autres appellations de notre Sauveur... Dans l'intérêt de chacun, le Christ se montre sous divers aspects. Pour ceux qui ont besoin de joie, il se fait « vigne » ; pour ceux qui doivent entrer, il est « la porte » ; et pour ceux qui veulent présenter leurs prières, il est là, « Grand Prêtre » et « Médiateur ». Pour les pécheurs, il s'est aussi fait « brebis » afin d'être immolé pour eux. Il se fait « tout à tous », en restant lui-même ce qu'il est par nature.

(Références bibliques : Mt 3,17 ; Mt 1,16 ; Mt 24,30 ; Dn 7,13 ; Mt 24,30 ; Lc 2,11 ; Mt 1,21 ; Mt 3,17 ; Jn 15,1 ; Jn 10,7 ; Hé 7,26 ; 1Tm 2,5 ; Ac 8,32 ; 1Co 9,22) 

Catéchèses baptismales, n° 10
(trad. Eds. Soleil Levant 1962 ; cf Orval)

Le carême : « temps favorable » de la confession et du pardon avant d’approcher de l’autel du Seigneur

 

      C’est actuellement le temps de la confession. Confesse tes fautes de parole et d’action, celles de la nuit et celles du jour. Confesse-les dans ce « temps favorable », et au « jour du salut » (Is 49,8;2Co 6,2); reçois le trésor céleste... Quitte le présent et crois en l'avenir. Tu as parcouru tant d'années sans arrêter tes vains travaux d'ici-bas, et tu ne peux pas arrêter quarante jours pour t'occuper de ta propre fin ? « Arrêtez-vous et sachez que moi je suis Dieu », dit l'Écriture (Ps 45,11). Renonce aux flots de paroles inutiles, ne médis pas, n'écoute pas non plus le médisant, mais sois plutôt prêt à prier. Montre dans l'ascèse la ferveur de ton coeur ; purifie ce réceptacle pour recevoir une grâce plus abondante. Car la rémission des péchés est donnée également à tous, mais la participation à l'Esprit Saint est accordée selon la mesure de la foi de chacun. Si tu te donnes peu de mal, tu recueilles peu ; si tu travailles beaucoup, grande sera ta récompense. C’est toi-même qui es en jeu ; veille à ton intérêt.

      Si tu as un grief contre quelqu'un, pardonne-lui. Tu viens recevoir le pardon de tes fautes, il s'impose que toi aussi tu pardonnes au pécheur, car de quel front diras-tu au Seigneur : « Enlève-moi mes nombreux péchés », si toi-même tu n'as même pas pardonné à ton compagnon de service ses quelques torts à ton égard ? (cf Mt 18,23s) 

Catéchèse baptismale 1,5 (trad. Eds. Soleil levant, p. 46 rev.)

« Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? »

 

      Il y aurait beaucoup à dire sur la foi. Il nous suffira de jeter un coup d'oeil sur l'un des modèles que l'Ancien Testament nous donne, sur Abraham, puisque nous sommes ses fils par la foi. Celui-ci n'a pas été justifié seulement par les oeuvres, mais aussi par la foi. Il avait fait bien des bonnes actions, mais il n'a été appelé ami de Dieu qu'après avoir fait preuve de sa foi ; toutes ses oeuvres ont tiré leur perfection de sa foi. C'est par la foi qu'il a quitté ses parents ; c'est par la foi qu'il a laissé patrie, pays, maison. De la manière dont il a été justifié, toi aussi, deviens juste ! Par la suite, son corps est devenu incapable d'être père, car il était devenu fort âgé. Sara à qui il s'était uni, était vieille elle aussi ; ils n'avaient donc aucun espoir de postérité. Or Dieu annonce à ce vieillard qu'il deviendrait père, et la foi d'Abraham n'a pas fléchi. Considérant que son corps était déjà bien près de la mort, il ne table pourtant pas sur son impuissance physique, mais sur la puissance de celui qui avait promis, car il jugeait digne de foi celui qui lui avait fait cette promesse. C'est ainsi que de deux corps déjà marqués, en quelque sorte, par la mort, un enfant est né merveilleusement...

      C'est l'exemple de la foi d'Abraham qui nous rend tous enfants d'Abraham. De quelle manière ? Les hommes considèrent comme incroyable une résurrection des morts, tout comme il est incroyable que des vieillards déjà marqués par la mort, engendrent une postérité. Mais lorsqu'on nous annonce la bonne nouvelle du Christ, crucifié sur le bois, mort et ressuscité, nous le croyons. C'est donc par la ressemblance de sa foi que nous entrons dans la filiation d'Abraham. Et alors, avec la foi, nous recevons comme lui le sceau spirituel, circoncis dans le baptême par le Saint Esprit.

Catéchèses baptismales, n° 5 (trad. Brésard, 2000 ans C, p. 232)

« Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? »

 

      Crois en Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, mais selon l'Évangile, fils unique : « Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique, afin que celui qui croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle » (Jn 3,16)…

      Il est le Fils de Dieu par nature et non par adoption, puisqu'il est né du Père… Car le Père, étant Dieu véritable, a engendré le Fils semblable à lui-même, Dieu véritable… Le Christ est fils par nature, un vrai fils, non pas un fils adoptif comme vous, les nouveaux baptisés, qui maintenant devenez enfants de Dieu. Car vous devenez vous aussi fils, mais par adoption, selon la grâce, comme il est écrit : « Tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom…» (Jn 1,12). Nous, nous sommes engendrés de l'eau et de l'esprit (Jn 3,5), mais ce n'est pas de la même manière que le Christ a été engendré du Père. Car au moment du baptême ce dernier élève la voix et dit : « Celui-ci est mon Fils ». Il ne dit pas : « Celui-ci maintenant est devenu mon Fils » mais : « Celui-ci est mon Fils », pour montrer qu'avant même l'action de son baptême il était Fils.

      Le Père a engendré le Fils autrement que, chez les hommes, l'esprit engendre la parole. Car l'esprit en nous subsiste, tandis que la parole, une fois prononcée et diffusée dans l'air, s'évanouit. Mais nous savons que le Christ a été engendré Verbe, Parole non pas proférée mais parole subsistante et vivante, non pas prononcée et sortie de lèvres mais née du Père éternellement, de manière substantielle et ineffable. Car « au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était près de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1), siégeant à sa droite (Ps 109,1). Il est la Parole qui comprend la volonté du Père et produit toutes choses par son ordre, Parole qui descend et qui remonte (Ep 4,10)…, Parole qui parle et dit : « Ce que j'ai vu chez mon Père, voilà ce que je dis » (Jn 8,38). Parole pleine d'autorité (Mc 1,27) et qui régit tout, car « le Père a tout remis au Fils» (Jn 3,35).

Catéchèses baptismales, n° 11 (trad. Eds. Soleil Levant 1962, p. 212s rev.)

« De grands signes dans le ciel »

 

      Le Seigneur viendra des cieux sur les nuées, lui qui est monté sur les nuées (Ac 1,9). C'est en effet lui qui a dit : « Et ils verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire » (Mt 24,30). Mais quel sera le signe véritable de son avènement, de crainte que les puissances ennemies n'osent nous égarer en le simulant ? « Et alors paraîtra, dit-il, le signe du Fils de l'homme dans le ciel » (Mt 24,30). Or le signe véridique et propre du Christ est la croix. Le signe d'une croix lumineuse précède le roi, désignant celui qui a d'abord été crucifié, afin qu'à cette vue ceux qui l'avaient d'abord percé de clous et entouré d'embûches se frappent la poitrine (Za 12,10) en disant : « Voici celui qui a été souffleté, celui dont le visage a reçu les crachats, celui qu'on avait entouré de chaînes, celui que jadis on avait humilié sur la croix. » « Où fuir la face de ta colère ? » diront-ils (Ap 6,16). Et entourés des armées angéliques, ils ne trouveront nulle part de refuge.

      Pour les ennemis de la croix, la crainte sera le signe ; mais la joie pour ses amis qui auront cru en elle ou l'auront prêchée ou auront souffert pour elle. Qui donc aura alors le bonheur d'être trouvé l'ami du Christ ? Il ne dédaignera pas ses serviteurs, ce roi glorieux qu'entoure la garde des anges et qui siège sur le même trône que le Père. Car pour que les élus ne soient pas confondus avec les ennemis, « il enverra ses anges avec la grande trompette, et des quatre vents ils rassembleront les élus » (Mt 24,31). Il n'a pas oublié Lot dans son isolement (Gn 19,15;Lc 17,28) ; comment oublierait-il la foule des justes ? « Venez les bénis de mon Père » (Mt 25,34), dira-t-il à ceux qui seront transportés sur les chars des nuées et que les anges auront rassemblés.

Catéchèse baptismale 15 (trad. Eds. Soleil Levant 1962, p. 285s rev.)

« Son nom est Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19,16)

 

      Si quelqu'un veut honorer Dieu, qu'il se prosterne devant son Fils. Sans cela, le Père n'accepte pas d'être adoré. Du haut du ciel, le Père a fait entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis ma complaisance » (Mt 3,17). Le Père s'est complu dans le Fils...qui est appelé « Seigneur » (Lc 2,11), non pas abusivement comme les seigneurs humains, mais bien parce que la seigneurie lui appartient naturellement de toute éternité...

      Tout en demeurant lui-même et en gardant vraiment la gloire immuable de son état de Fils, il s'ajuste néanmoins à nos faiblesses, comme un très habile médecin et un maître compatissant. Il a fait cela alors qu'il était réellement Seigneur, alors que son pouvoir n'était pas dû à un avancement, mais que la gloire de la seigneurie était à lui par nature. Il n'était pas seigneur à notre manière, mais qu'il était Seigneur en toute vérité, exerçant la seigneurie avec le consentement du Père sur ses propres créatures. Nous autres, en effet, nous avons maîtrise sur des hommes qui sont nos égaux en dignité comme en souffrance, souvent même sur des aînés. En notre Seigneur Jésus Christ, au contraire, la seigneurie n'est pas de cette sorte : il est d'abord Créateur, ensuite Seigneur. Il a tout créé selon la volonté du Père, ensuite il exerce sa seigneurie sur ce qui n'existe que par lui.

Catéchèse baptismale 10, 2-5 ; PG 33, 662s (trad. Bouvet/Orval)

L'Église a les promesses de la vie éternelle

 

Église « catholique» : tel est le nom propre de cette Église sainte et qui est notre mère à tous. Elle est l'épouse de notre Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, car il est écrit : De même que le Christ a aimé l'Église et s'est livré pour elle , etc. ; elle offre une image et une imitation de la Jérusalem d'en haut, qui est libre et qui est notre mère à tous. Après avoir été stérile, elle a maintenant de nombreux enfants.

La première épouse ayant été répudiée, dans la seconde, qui est l'Eglise catholique, Dieu a placé premièrement , selon saint Paul, des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d'enseigner, puis ceux qui font des miracles, ceux qui ont le don de guérir, d'assister leurs frères, de les guider, ceux qui disent des paroles mystérieuses, enfin la beauté de toutes les vertus: je veux dire la sagesse et l'intelligence, la tempérance et la justice, la miséricorde et la bonté, la patience invincible dans les persécutions.

Or l'Église, par les armes offensives et défensives de la justice, dans la gloire et le mépris , a connu d'abord les persécutions et l'oppression ; elle a couronné les saints martyrs de couronnes où s'entrelaçaient toutes les fleurs diverses de la patience. Et maintenant que la paix est venue, grâce à Dieu, elle reçoit l'honneur qui lui est dû de la part des rois, des personnages les plus haut placés, comme des hommes de toute race et de toute catégorie. Mais, alors que les rois voient les limites de leur pouvoir selon les lieux habités respectivement par leurs peuples, la sainte Église catholique est seule à jouir d'un pouvoir illimité sur toute la terre, comme il est écrit : Dieu lui a donné la paix pour frontière . ~

Puisque, dans cette sainte Église catholique, nous recevons des préceptes et des mœurs d'une grande noblesse, nous aurons en héritage le Royaume des cieux et la vie éternelle. Pour que le Seigneur nous l'accorde, nous supportons tout. Car le but qui nous est fixé ne consiste pas en peu de chose: il s'agit de gagner la vie éternelle. C'est pourquoi, dans la profession de foi qui nous a été enseignée, après l'article : En la résurrection de la chair, c'est-à-dire des morts (nous en avons discuté), nous affirmons croire en la vie éternelle : c'est pour elle que les chrétiens combattent.

Donc la vie réelle et vraie, c'est le Père ; par le Fils, dans le Saint-Esprit, il fait jaillir les dons du ciel sur toutes les créatures; et c'est par sa bonté que nous avons reçus, nous aussi les hommes, la promesse infaillible des biens de la vie éternelle.

CATÉCHÉSE PRÉBAPTISMALE SUR LE SYMBOLE DE LA FOI

« Ayez foi en Dieu »

 

       « C'est une grande affaire, dit l'Ecriture, de trouver un homme qui a la foi » (Pr 20,6). Je ne te dis pas cela pour t'inciter à m'ouvrir ton cœur, mais pour que tu montres à Dieu la candeur de ta foi, à ce Dieu qui sonde les reins et les cœurs et qui connaît les pensées des hommes (Ps 7,10; 93,11). Oui, c'est une grande chose qu'un homme qui a la foi ; il est plus riche que tous les riches. En effet, le croyant possède toutes les richesses de l'univers, puisqu'il les méprise et les foule aux pieds. Car, même si ceux qui sont riches possèdent des tas de choses au plan matériel, comme ils sont pauvres spirituellement ! Plus ils amassent, plus on les sent consumés du désir de ce qui leur manque. Au contraire, et c'est bien là le comble du paradoxe, l'homme qui a la foi est riche au sein de la pauvreté, car il sait qu'il n'a besoin que de vêtements et de nourriture ; il s'en contente et met sous ses pieds les richesses. 

      Et ce n'est pas seulement nous, qui portons le nom du Christ, qui vivons d'une démarche de foi. Tous les hommes, même ceux qui sont étrangers à l'Eglise, vivent d'une démarche semblable. C'est par une foi dans l'avenir que des gens qui ne se connaissent pas parfaitement contractent un mariage ; l'agriculture est basée sur la confiance que les travaux engagés porteront des fruits ; les marins mettent leur confiance dans un frêle esquif de bois... C'est selon une démarche de foi que tiennent la plupart des entreprises humaines ; tout le monde croit en des principes. 

      Mais aujourd'hui les Ecritures vous appellent à la vraie foi et vous tracent la vraie route qui plaît à Dieu. C'est cette foi qui, chez Daniel, a fermé la gueule des lions (Dn 6,23). Par « le bouclier de la foi vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais » (Ep 6,16)... La foi soutient les hommes jusqu'à marcher sur la mer (Mt 14,29). Certains, comme le paralytique, ont été sauvés par la foi des autres (Mt 9,2) ; la foi des sœurs de Lazare a été si forte qu'il a été rappelé des morts (Jn 11)... La foi donnée gratuitement par l'Esprit Saint dépasse toutes les forces humaines. Grâce à elle on peut dire à cette montagne : « Transporte-toi jusque là-bas » et elle se transportera (Mt 17,20).

Catéchèses baptismales, n° 5 

« Recevez l'Esprit Saint »

 

      Frères, baptisés dans le Christ, revêtus du Christ (Ga 3,27), vous avez été configurés au Fils de Dieu. Car Dieu, qui nous a prédestinés à l'adoption (Rm 8,29), nous a modelés (Gn 2,7) sur le corps glorieux du Christ... Vous êtes devenus des « christs » puisque vous avez reçu la marque du Saint Esprit. Tout ce qui vous est arrivé, c'est l'image de ce qui est arrivé au Christ, dont vous êtes l'image (Gn 1,27).

      Lorsque, baigné dans les eaux du Jourdain..., le Christ en est remonté, le Saint Esprit en personne a fait irruption sur lui. De même, remontés de la fontaine baptismale, vous avez reçu la chrismation ; vous avez été oints du saint chrême. Cette marque dont le Christ lui-même a été oint, c'est l'Esprit Saint... Le Christ, en effet, n'a pas été « chrismé », n'a pas été oint, par les hommes. C'est le Père qui l'a établi Sauveur de tout l'univers et l'a oint du Saint Esprit, comme l'a proclamé le prophète David : « Dieu, ton Dieu, t'a oint de l'huile d'allégresse, de préférence à tous tes compagnons. » (Ps 44,8)

      De même que le Christ a été réellement crucifié, enseveli et ressuscité, vous aussi, par votre baptême, vous avez été admis à participer symboliquement à sa croix, à son tombeau et à sa résurrection. Ainsi est-il pour la chrismation : Christ était oint d'une huile joyeuse et spirituelle, par l'Esprit Saint..., car il est source de joie spirituelle. Et vous, vous avez été oints d'une huile sainte qui vous a rendus participants et compagnons du Christ lui-même. C'est d'abord sur le front que vous avez été oints, pour être affranchis de la honte du premier Adam et pouvoir contempler à visage découvert, comme dans un miroir (2Co 3,16), la gloire du Christ.

Catéchèse 21, 1-3 ; cf bréviaire

« Mon temps est proche ; c'est chez toi que je veux célébrer la Pâque »

 

Tu veux sans doute qu'on te démontre que le Christ est venu volontairement à la Passion ? Les autres meurent de mauvais gré, car ils meurent dans le noir, mais lui disait d'avance de sa Passion : « Voici que le Fils de l'homme est livré pour être crucifié » (Mt 26,2). Sais-tu pourquoi ce miséricordieux n'a pas fui la mort ? Pour éviter que le monde entier ne sombre dans ses péchés. « Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l'homme va être livré et crucifié » (Cf.Mt 20,18-19) et encore : « Il prit résolument le chemin de Jérusalem » (Lc 9,51).

Tu veux aussi savoir clairement que la croix est pour Jésus une gloire ? Écoute-le te le dire, et non pas moi. Judas, gagné par l'ingratitude envers son hôte, allait le livrer ; il venait de sortir de table et de boire la coupe de bénédiction, et en guise de merci pour cette boisson du salut, il a décidé de verser un sang innocent. Lui qui avait mangé le pain de son Maître, il l'en remerciait de façon éhontée en le faisant tomber... Puis Jésus a dit : « L'heure est venue où le Fils de l'homme va être glorifié » (Jn 12,23). Tu vois comment il sait que la croix est sa gloire ? ... Non qu'auparavant il ait été sans gloire puisqu'il avait été glorifié « de la gloire qu'il avait avant la fondation du monde » (Jn 17,5). Mais comme Dieu il était glorifié éternellement, tandis que maintenant, il était glorifié pour avoir mérité la couronne par sa constance dans l'épreuve.

Il n'a pas été obligé de quitter la vie, il n'a pas été immolé de force, il avance librement. Écoute ce qu'il dit : « J'ai le pouvoir de laisser ma vie et j'ai le pouvoir de la reprendre (Jn 10,18) ; c'est de mon plein gré que je cède à mes ennemis, car si je ne voulais pas, rien n'arriverait ». Il est venu donc par choix à la Passion, joyeux de son exploit, souriant à la couronne, heureux de sauver l'humanité.

Catéchèse baptismale 13, §6 (trad. Bouvet, Soleil levant 1962, p.263)

« Moi, je suis le pain de vie »

 

    Lorsque le Christ dit lui-même au sujet du pain : « Ceci est mon corps », qui pourrait hésiter ? Et quand il affirme : « Ceci est mon sang », qui pourrait douter ? Jadis à Cana de Galilée, Jésus a transformé l'eau en vin — le vin frère du sang. Qui maintenant refuserait de croire quand il transforme le vin en sang ? Invité à un mariage d'ici-bas, il a opéré ce miracle étonnant ; à plus forte raison, comment refuser de reconnaître qu'il accorde aux « compagnons de l'époux » (Mt 9,15) la joie de son Corps et de son Sang ?

    Car son corps t'est donné sous l'apparence du pain et son sang sous l'apparence du vin afin qu'ayant participé au corps et au sang du Christ, tu sois avec lui un même corps et un même sang. Ainsi devenons-nous des « porte-Christ » [« christophe »]. Son corps et son sang se répandant dans nos membres ; voilà comment nous devenons participants de la nature divine. Jadis, s'entretenant avec les juifs, le Christ disait : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,54). Si le pain et le vin te semblent purement naturels, ne t'y arrête pas... Si tes sens te fourvoient, que la foi te rassure.

    Quand donc tu t'approches pour le recevoir, ne t'avance pas sans respect, en étendant les paumes des mains, les doigts écartés. Mais puisque sur ta main droite va reposer le Roi, fais-lui un trône de ta main gauche, et dans le creux de ta main reçois le Corps du Christ et réponds : Amen !

Catéchèses baptismales, 22 (trad. Eds du Soleil Levant 1962, p. 471)

La transmission du Symbole. 

 

Qu'il s'agisse d'étudier la foi ou de la confesser, acquiers et retiens seulement celle qui t'est transmise à présent par l'Église, celle qui a toutes les Écritures pour remparts. Or, tous ne peuvent lire les Écritures ; les uns à cause de leur ignorance, les autres parce que leurs occupations les éloignent de la connaissance. Pour que cette ignorance n'entraîne pas la perte de l'âme, nous renfermons dans un petit nombre de versets toute la doctrine de la foi. ~

Il faut que vous reteniez cette foi comme un viatique pendant toute votre vie et n'en acceptiez aucune autre. Même pas, si nous-mêmes, ayant changé, venions à dire le contraire de ce que nous enseignons maintenant ; même si encore, un autre venait, transfiguré en ange de lumière , tentait de vous égare. Si quelqu'un, même nous, même un ange du ciel, vient annoncer un Évangile différent de celui que vous avez reçu maintenant, qu'il soit pour vous un maudit . 

La foi dont tu viens maintenant d'entendre le texte, garde-la dans ta mémoire. Reçois aussi, quand le moment sera venu, sur chacun de ses articles, le témoignage des divines Écritures. Car ce n'est pas le caprice des hommes qui a composé ce résumé de la foi ; on a choisi les points les plus importants, à travers toute l'Écriture, pour récapituler l'ensemble de la foi. Et de même que la semence de moutarde renferme dans une petite graine de nombreux rameaux, de même ce symbole de la foi, en peu de mots, enveloppe toute la science de la piété contenue dans l'Ancien et le Nouveau Testament.

Faites donc attention, mes frères, gardez l'enseignement qui vous est transmis maintenant, et gravez-le sur les tables de vos cœurs. 

Veillez religieusement à ce que l'ennemi ne vienne vous dépouiller dans un moment de négligence, à ce qu'un hérétique ne déforme pas une des vérités qui vous ont été transmises. Car la foi est comparable à de l'argent que l'on doit mettre à la banque, comme nous venons de le faire (en vous transmettant le symbole). Dieu vous demandera compte de ce qu'on vous a confié. Comme dit l'Apôtre : Je vous en adjure, devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus Christ qui a rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle profession de foi : gardez sans tache cette foi qui vous a été transmise, jusqu'à la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. 

Un trésor de vie vient de t'être livré. Le Maître réclamera le dépôt qui lui appartient, au temps de sa manifestation que fera paraître aux temps fixés le bienheureux et Unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des Seigneurs, le seul qui possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir. À lui, gloire, honneur et puissance pour les siècles des siècles. Amen.

CATÉCHÈSE BAPTISMALE

La foi et les charismes. 

 

Le nom de « foi » est unique, mais il désigne deux réalités distinctes. Le premier genre de foi est celui qui se rapporte aux dogmes ; il implique l'adhésion de l'âme à un objet. Il est utile à l'âme selon la parole du Seigneur : Celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m'a envoyé possède la vie éternelle et il ne vient pas au jugement . Et encore : Celui qui croit ait Fils échappe au jugement, car il est passé de la mort à la vie. 

Qu'il est grand, l'amour de Dieu pour les hommes ! Les justes de l'ancienne Loi ont mis de nombreuses années à devenir agréables à Dieu. Or, ce qu'ils ont obtenu par de longues années de sérieux labeur, voici que Jésus Christ t'en gratifie en un moment ! En effet, si tu crois que Jésus Christ est Seigneur et que Dieu l'a ressuscité des morts , tu seras sauvé et transporté dans le paradis par celui qui y fait entrer le malfaiteur. Ne doute pas que cela soit possible, car celui qui a sauvé, sur le saint Golgotha, le malfaiteur qui avait cru en un moment, celui-là même te sauvera quand tu auras cru. 

Il y a un deuxième genre de foi : celui qui nous est donné par le Christ à titre purement gracieux.  À celui-ci est donné, grâce à l'Esprit, le langage de la sagesse de Dieu à un autre, toujours grâce à l'Esprit, le langage de la connaissance de Dieu ; un autre reçoit, dans l'Esprit, le don de la foi ; un autre encore, des pouvoirs de guérison. 

Cette foi qui est conférée par l'Esprit à titre gracieux n'est pas seulement dogmatique ; elle réalise ce qui est au-delà des forces humaines. Celui qui possède une telle foi, dira à cette montagne : Passe d'ici là-bas, et elle y passera . Quand quelqu'un dira même cela avec foi, croyant que cela se fera, sans hésiter dans son cœur , alors il recevra la grâce du miracle. 

C'est au sujet de cette foi qu'il est dit : Si vous aviez de la foi gros comme un grain de moutarde . En effet un grain de moutarde est tout petit, mais brûlant d'énergie ; semé dans un étroit espace, il étend de grands rameaux si bien, qu'après avoir grandit, il peut même offrir de l'ombre aux oiseaux. De même la foi, dans une âme, accomplit les plus grandes choses en un petit moment. L'âme en effet, quand elle est éclairée par la foi, se représente Dieu et le contemple autant qu'elle en est capable. Elle embrasse les limites de l'univers et, avant la fin des temps, elle voit déjà le jugement et l'accomplissement des promesses. 

Toi qui possède cette foi qui dépend de Dieu et qui te porte vers lui, demande lui, alors tu recevras de lui cette foi qui agit au-delà des forces humaines.

CATÉCHÈSE BAPTISMALE 

Délivrés des liens du péché par la croix du Christ

 

      Saint Paul a dit : « Que je ne me glorifie jamais, sinon dans la croix du Christ » (Ga 6,14). C'était déjà une chose étonnante que l'aveugle de naissance retrouve la vue à Siloé ; mais qu'est-ce que cela faisait à tous les aveugles du monde ? C'était quelque chose de grand et qui dépassait la nature, que la résurrection de Lazare, mort depuis quatre jours ; mais cette grâce ne profitait qu'à lui seul, elle n'apportait rien à tous ceux qui, dans le monde, étaient morts du fait de leurs péchés. C'était étonnant de faire jaillir de la nourriture pour nourrir cinq mille hommes avec cinq pains ; mais cela n'était rien pour ceux qui, dans tout l'univers, souffraient de la faim de l'ignorance. C'était étonnant de délivrer une femme enchaînée par Satan depuis dix-huit ans ; mais qu'est-ce que cela par rapport à nous tous qui sommes ligotés par les chaînes de nos péchés ?

      Or, la victoire de la croix a conduit à la lumière tous ceux que l'ignorance rendait aveugles, elle a délié tous ceux que le péché rendait captifs, et elle a racheté toute l'humanité. Ne sois pas surpris que le monde entier ait été racheté. Celui qui est mort pour cela n'était pas seulement un homme, mais le Fils unique de Dieu. La faute d'Adam a apporté la mort au monde entier ; si la chute d'un seul a fait régner la mort sur tous, à plus forte raison, la justice d'un seul ne fera-t-elle pas régner la vie ? (Rm 5,17) Si jadis, par l'arbre dont ils ont mangé le fruit, nos premiers parents ont été rejetés du paradis, est-ce que maintenant, par l'arbre de la croix de Jésus, les croyants n'entreront pas beaucoup plus facilement dans le Paradis ? Si le premier être modelé de terre a apporté la mort pour tous, est-ce que celui qui l'a modelé de la terre ne leur apportera pas la vie éternelle, puisqu'il est lui-même la vie ? (Jn 14,6) 

Catéchèse baptismale, n° 13
(trad. bréviaire / Bouvet, Soleil levant 1961, p. 259)

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35)

 

      Notre Seigneur Jésus Christ viendra des cieux et il viendra vers la fin de ce monde, au dernier jour ; car ce monde aura une fin, et ce monde créé sera renouvelé. Puisqu'en effet la corruption, le vol, l'adultère et les fautes de toutes sortes se sont répandues sur la terre et que « le sang versé succède au sans versé dans le monde » (Os 4,2), pour que cette admirable demeure ne reste pas remplie d'injustice, ce monde passera et il en sera inauguré un plus beau...

      Écoute ce que dit Isaïe : « Le ciel sera roulé comme un livre et toutes les étoiles tomberont comme des feuilles de vigne et comme tombent les feuilles de figuier » (Is 34,4). L'Évangile dit aussi : « Le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera pas sa clarté et les étoiles tomberont du ciel » (Mt 24,29). Ne nous chagrinons pas comme si nous étions seuls à devoir mourir : les étoiles aussi mourront, mais peut-être seront-elles ressuscitées. Le Seigneur roulera les cieux, non pas pour les détruire, mais pour les ressusciter plus beaux. Écoute parler David le prophète : « Au commencement, Seigneur, tu as fondé la terre, et les cieux sont l'œuvre de tes mains : ils périront, mais toi tu demeures... Tous vieilliront comme un manteau ; tu les rouleras comme un vêtement et ils seront changés » (Ps 101,26-28)... Écoute encore parler le Seigneur : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35) ; c'est que le poids des choses créées n'égale pas celui des paroles de leur Maître.

Catéchèses baptismales, n° 15
(trad. Bouvet, Soleil levant 1961, p. 330 rev.)

Le Nouvel Elie

 

      Point final de l'Ancien Testament, le baptême est aussi le début du Nouveau. En effet, il eut pour promoteur Jean le Baptiste, « qu'aucun enfant de la femme ne surpassait » (Mt 11,11). Jean achevait la série des prophètes, « car tous les prophètes ainsi que la Loi ont parlé jusqu'à Jean » (Mt 11,13). Et il ouvre l'ère de l'Evangile, comme il est écrit : « Commencement de l'Evangile de Jésus Christ... Jean parut au désert, proclamant un baptême » (Mc 1, 1.4).

      Lui opposerais-tu Elie le Thisbite qui a été enlevé au ciel ? Il n'est pourtant pas supérieur à Jean. Enoch a été transporté au ciel, mais il n'est pas plus grand que Jean. Moïse a été un très grand législateur en Israël. Tous les prophètes ont été admirables, mais ils n'étaient pas plus grands que Jean. Il ne s'agit pas de comparer prophètes à prophètes ; mais leur Maître, notre Maître, le Seigneur Jésus a déclaré : « Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11). La comparaison est établie entre le grand serviteur et ses compagnons de service, mais la supériorité et la grâce du Fils en face des serviteurs ne souffre pas de comparaison.

      Vois-tu donc quel homme Dieu a choisi comme premier bénéficiaire de cette grâce ? Un pauvre, un ami du désert, sans être pour autant un ennemi des hommes. En mangeant des sauterelles, il donnait des ailes à son âme. Nourri de miel, il prononçait des paroles plus douces et plus utiles que le miel. Portant un vêtement de poils de chameau, il montrait en sa personne l'exemple de l'effort. C'est que dès le sein de sa mère, il avait été sanctifié par l'Esprit Saint (Lc 1,15). Jérémie avait été sanctifié, mais il n'avait pas prophétisé dès le sein maternel. Seul Jean, dans la prison du sein de sa mère, a tressailli de joie (Lc 1,44) ; sans voir encore de ses yeux de chair, sous l'action de l'Esprit, il a reconnu le Maître. La grandeur de la grâce du baptême exigeait un grand chef de file.     

Catéchèse baptismale 3
(trad. Soleil Levant 1962, p. 71 rev.)

« Abandonnant tout, il se leva et se mit à le suivre » : le carême conduit au baptême

 

      Vous êtes catéchumènes, ceux qui sont en marche vers le baptême, disciples de la Nouvelle Alliance et participants des mystères du Christ, déjà par l'appel et bientôt aussi par la grâce. Vous vous êtes fait « un cœur nouveau et un esprit nouveau » (Ez 18,31), pour la joie des habitants des cieux. Si en effet, selon l'Évangile, la conversion d'un seul pécheur soulève cette joie (Lc 15,7), combien plus le salut de tant d'âmes n'incitera-t-il pas à la joie les habitants des cieux ?

      Vous avez entrepris un bon et très beau voyage : appliquez-vous à courir la course de la ferveur. Le Fils unique de Dieu est là tout prêt à vous racheter : « Venez, dit-il, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi, je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Vous qui ployez sous le péché, liés par les chaînes de vos fautes, écoutez ce que dit la voix d'un prophète : « Lavez-vous, purifiez-vous ; enlevez de devant mes yeux vos actions mauvaises » (Is 1,16), afin que le chœur des anges vous crie : « Heureux ceux dont la faute a été enlevée, et dont les péchés ont été remis ! » (Ps 31,1) Vous qui venez justement d'allumer les lampes de la foi, que vos mains diligentes en gardent la flamme pour que celui qui, sur notre très sainte colline du Golgotha, a ouvert par la foi le paradis au larron (Lc 23,43), vous accorde de chanter le cantique des noces.

      S'il y a ici quelqu'un qui soit esclave du péché, qu'il se prépare, au moyen de la foi baptismale, à la nouvelle naissance qui fera de lui un homme libre, un des fils d'adoption. Qu'il abandonne l'esclavage lamentable de ses péchés pour acquérir l'esclavage bienheureux du Seigneur... Acquérez par la foi « les premiers dons de l'Esprit Saint » (2Co 5,5) afin de pouvoir être reçus dans les demeures éternelles ; venez vers le sacrement qui vous marquera en vue de devenir les familiers du Maître. 

Catéchèses en vue du baptême, n°1 
 (trad. Migne 1993, p. 36 rev.)

« C'est l'Esprit qui vivifie » (2Co 3,6)

 

« L'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4,14). C'est une eau toute nouvelle, vivante et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes. Pour quelle raison le don de l'Esprit est-il appelé une « eau » ? C'est parce que l'eau est à la base de tout ; parce que l'eau produit la végétation et la vie ; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce que, tombant sous une seule forme, elle agit pourtant de façon multiforme... Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s'adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.

L'Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, « il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté » (1Co 12,11). De même que le bois sec, associé à l'eau, produit des bourgeons, de même l'âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint Esprit, porte des fruits de justice. Bien que l'Esprit soit simple, c'est lui, sur l'ordre de Dieu et au nom du Christ, qui anime de nombreuses vertus.

Il emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse ; il éclaire par la prophétie l'âme de celui-là ; il donne à un autre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d'interpréter les divines Écritures. Il fortifie la chasteté de l'un, il enseigne à un autre l'art de l'aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l'ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. Différent chez les différents hommes, il n'est pas différent de lui-même, ainsi qu'il est écrit : « Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous » (1Co 12,7).

Catéchèse baptismale n° 16
(trad. bréviaire 7e lundi de Pâques)

Le signe de Jonas

 

Vous avez été conduits par la main à la piscine baptismale, comme le Christ de la croix à son tombeau qui est là devant vous [dans cette église du Saint Sépulcre]. Après avoir confessé votre foi au Père, au Fils et au Saint Esprit, vous avez été immergés trois fois dans l'eau et vous en avez émergé : c'était le symbole des trois jours du Christ au tombeau. De même que notre Sauveur a passé trois jours et trois nuits au cœur de la terre, de même vous aussi en sortant de l'eau après votre immersion, vous avez imité le Christ... Quand vous avez été immergés vous étiez dans la nuit, vous ne voyiez plus rien ; mais en sortant de l'eau vous vous trouviez comme en plein jour. Dans un même mouvement, vous mouriez et vous naissiez ; cette eau qui sauve a été à la fois votre tombe et votre mère... 

Étrange paradoxe ! Nous ne sommes pas vraiment morts, nous n'avons pas été vraiment ensevelis, nous n'avons pas été vraiment crucifiés et ressuscités ; mais si notre imitation n'est qu'une image, le salut, lui, est une réalité. Le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli et véritablement il est ressuscité, et toute cette grâce nous est donnée afin que, participant à ses souffrances en les imitant, nous gagnions en réalité le salut. Quel immense amour des hommes ! Le Christ a reçu les clous sur ses mains pures, et il a souffert ; et à moi, sans souffrance et sans peine, il accorde par cette participation la grâce du salut... 

Nous le savons bien : si le baptême nous purifie de nos péchés et nous donne l'Esprit Saint, il est aussi la réplique de la Passion du Christ. C'est pourquoi Paul proclame : « Ne le savez-vous pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême »... Tout ce que le Christ a enduré, c'est pour nous et pour notre salut, en réalité et non en apparence... Et nous, nous devenons participants à ses souffrances. C'est pourquoi Paul continue à proclamer : « Si nous sommes devenus un même être avec le Christ, par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne » (Rm 6,3-5).

Catéchèse n° 20 / 2e mystagogique (trad. SC 126, p.111s rev.) 

« Par la Croix, la joie est venue dans le monde »

 

Toute action du Christ glorifie l'Église ; mais la gloire des gloires, c'est la Croix. Dans cette conviction, Paul a dit: Que je ne me glorifie jamais, sinon dans la croix du Christ. Ce fut déjà une chose étonnante que l'aveugle de naissance retrouvât la vue à Siloé ; mais qu'est-ce que cela faisait à tous les aveugles du monde ? Ce fut quelque chose de grand et qui dépassait la nature, que la résurrection de Lazare au bout de quatre jours ; mais cette grâce ne profitait qu'à lui seul ; elle n'apportait rien à tous ceux qui, dans le monde, étaient morts du fait de leurs péchés. C'était étonnant de faire jaillir de la nourriture pour nourrir cinq mille hommes avec cinq pains ; mais cela n'était rien pour ceux qui, dans tout l'univers, souffraient de la faim de l'ignorance. C'était étonnant de délivrer une femme enchaînée par Satan depuis dix-huit ans ; mais qu'est-ce que cela par rapport à nous tous qui sommes ligotés par les chaînes de nos péchés ?

Or, la victoire de la Croix, c'est qu'elle a illuminé ceux que l'ignorance rend aveugles, elle a délivré tous ceux que le péché rend captifs, et elle a racheté toute l'humanité. 

Nous ne devons pas avoir honte de la croix du Sauveur, mais plutôt en tirer gloire. Le langage de la Croix est scandale pour les Juifs, folie pour les païens; mais pour nous elle est le salut. Pour ceux qui se perdent, elle est folie ; pour nous qui sommes sauvés, elle est puissance de Dieu . Car ce n'était pas un homme sans plus qui mourait, mais le Fils de Dieu, Dieu fait homme.

L'agneau, du temps de Moïse, éloignait l'Exterminateur; est-ce que l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ne nous a pas bien davantage libérés de nos péchés ? Le sang d'une brebis sans raison procurait le salut ; est-ce que le sang du Fils unique ne nous sauve pas bien davantage ? ~

Ce n'est pas par contrainte qu'il a quitté la vie, ce n'est pas par force qu'il a été immolé, mais par sa propre volonté. Ecoutez ce qu'il dit : J'ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la recevoir à nouveau. ~ Il est venu délibérément à sa passion, heureux de son exploit, souriant à son triomphe, content de sauver les hommes. Il n'a pas eu honte de la Croix, car il sauvait toute la terre. Ce n'était pas un pauvre homme qui souffrait, mais Dieu fait homme qui allait combattre pour obtenir le prix de la patience. ~

Ne te réjouis pas de la croix en temps de paix seulement ; garde la même foi en temps de persécution; ne sois pas l'ami de Jésus seulement en temps de paix, pour devenir son ennemi en temps de guerre. Tu reçois maintenant le pardon de tes péchés et les dons spirituels prodigués par ton Roi ; lorsque la guerre éclatera, combats vaillamment pour ton Roi.

Jésus a été crucifié pour toi, lui qui était sans péché ; et toi, tu ne seras pas crucifié pour celui qui a été crucifié pour toi ? Ce n'est pas toi qui lui as fait cette grâce, car tu l'as reçue le premier. Mais tu lui rends grâce, pour payer ta dette à celui qui a été crucifié à cause de toi sur le Golgotha.

CATÉCHÉSE BAPTISMALE DE SAINT CYRILLE DE JERUSALEM

Timothée et Tite répandent la foi des apôtres à travers le monde

 

L'Église est appelée catholique (ou universelle) parce qu'elle existe dans le monde entier, d'une extrémité à l'autre de la terre, et parce qu'elle enseigne de façon universelle et sans défaillance toutes les doctrines que les hommes ont besoin de connaître, sur les réalités visibles et invisibles, célestes et terrestres. En outre, elle est appelée catholique parce qu'elle soumet à la vraie religion tout le genre humain, chefs et sujets, savants et ignorants, parce qu'elle soigne et guérit universellement toutes les sortes de péchés, commis par l'âme et par le corps, enfin parce qu'elle possède en elle toutes les sortes de vertus, en actions ou en paroles, quel que soit leur nom, et toutes les diverses sortes de dons spirituels. Ce nom d'Église -- qui veut dire convocation -- lui convient tout à fait parce qu'elle convoque et rassemble tous les hommes, ainsi que le Seigneur ordonne dans le Lévitique : « Convoque toute la communauté à l'entrée de la Tente du Témoignage » (Lv 8,3)... Et dans le Deutéronome, Dieu dit à Moïse : « Convoque devant moi le peuple, et qu'ils entendent mes paroles » (4,10)... Le psalmiste dit aussi : « Je te rendrai grâce dans la grande assemblée, dans un peuple nombreux je te louerai » (34,18)... Mais dans la suite le Sauveur a institué, à partir des nations païennes, une seconde assemblée : notre sainte Église, celle des chrétiens, celle dont il a dit à Pierre : « Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle » (Mt 16,18)... Lorsque la première assemblée qui était en Judée a été détruite, les Églises du Christ se sont multipliées par toute la terre.  C'est d'elles que parlent les psaumes lorsqu'ils disent : « Chantez au Seigneur un cantique nouveau, sa louange est dans l'assemblée des saints » (149,1)... C'est de la même Église sainte et catholique que Paul écrit à Timothée : « Tu dois savoir comment te comporter dans la maison de Dieu, sa communauté, l'Église du Dieu vivant, qui est le pilier et le soutien de la vérité » (1Tm 3,15).

Catéchèses en vue du baptême n°18, § 23-25
(trad. bréviaire 17e merc. rev.)

« Pourquoi donc n'avez-vous pas cru à sa parole ? »

 

Les prophètes ont été envoyés avec Moïse pour guérir Israël ; mais ils soignaient dans les larmes, n'arrivant pas à dominer le mal, comme l'un d'eux l'a dit : « Malheur à moi ! Les hommes fidèles ont disparu de la terre » (Mi 7,1-2)... Grande était la blessure de l'humanité ; des pieds à la tête, pas une place saine, pas d'endroit où mettre bande, ni huile, ni pansement (Is 1,6). Les prophètes épuisés par les larmes disaient : « Qui donnera de Sion le remède sauveur ? » (Ps 13,7)... Et un autre prophète supplie en ces termes : « Seigneur, abaisse les cieux et descends » (Ps 143,5). Les blessures de l'humanité dépassent nos remèdes. Ils ont mis à mort les prophètes et ruiné tes autels (1R 19,10). Notre misère ne peut pas être guérie par nous ; c'est toi qu'il nous faut pour nous relever. Le Seigneur a exaucé la prière des prophètes. Le Père n'a pas méprisé notre race meurtrie ; il a envoyé du ciel son propre Fils comme médecin. « Il vient le Seigneur que vous cherchez, et il va venir soudain » dit un prophète. Où ? « Dans son Temple » (Ml 3,1), là où vous avez lapidé son prophète (2Ch 24,21)... Dieu lui-même a dit encore : « Voici que je viens et j'habiterai au milieu de toi, et des peuples nombreux se réfugieront auprès du Seigneur » (Za 2,14-15)... Maintenant je viens rassembler tous les peuples de toutes les langues, car « il est venu chez lui et les siens ne l'ont pas reçu » (Jn 1,11). Tu viens ; et que donnes-tu aux nations ? « Je viens rassembler tous les peuples et je vais mettre chez eux un signe » (Is 66,18-19). En effet, à la suite de mon combat sur la croix, je donne à chacun de mes soldats de porter sur le front le sceau royal (Ap 7,3). Un autre prophète a dit : « Il a incliné les cieux et il est descendu, avec une nuée sous ses pieds » (Ps 17,10). Mais sa descente des cieux est demeurée inconnue des hommes

Catéchèse baptismale 12, 6-8
(trad. Bouvet, Soleil levant 1962, p. 233 rev)

« Heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent »

 

Un arbre arraché, coupé même sur le pied, puis replanté -- le saule, par exemple -- repousse et refleurit ; et un homme arraché de dessus le sol ne revivra pas ? Les semences moissonnées reposent, dorment dans les greniers et revivent au printemps ; et l'homme moissonné, jeté dans les greniers de la mort, ne revivra pas ? Un bourgeon de vigne, une branche coupée et transplantée, se ravivent et portent des fruits ; et l'homme pour qui tout a été créé, une fois tombé ne pourra pas se relever ? Contemplez aussi ce qui se passe autour de vous. Méditez sur le tableau de ce vaste univers. Je sème du blé ou toute autre graine ; il tombe, il pourrit et ne peut plus servir à la nourriture de l'homme. Mais de sa pourriture il renaît, il s'élève, il se multiplie. Je n'ai semé qu'un seul grain et j'en recueille vingt, trente et plus. Or pour qui a-t-il été créé ? N'est-ce pas pour notre usage ? Ce n'est pas pour elles-mêmes que toutes ces semences sont sorties du néant. Donc ce qui a été créé pour nous meurt et renaît, et nous, pour qui ce prodige s'opère tous les jours, nous serions exclus de ce bienfait ? Comment croire qu'il n'y aurait pas de résurrection pour nous ?

Catéchèses baptismales, n° 18, 6 ; PG 38, 1021

« N'est-ce pas celui qui nous persécutait ? » (Ac 9,21)

 

« Nous ne nous annonçons pas nous-mêmes, mais nous annonçons Jésus Christ ; nous sommes vos serviteurs à cause de Jésus » (2Co 4,5). Qui donc est ce témoin qui annonce le Christ ? Celui qui auparavant le persécutait. Grande merveille ! Le persécuteur de naguère, le voilà qui annonce le Christ. Pourquoi ? Est-ce qu'il aurait été acheté ? Mais il n'est personne qui aurait pu le persuader de cette manière. Est-ce la vue du Christ sur cette terre qui l'avait aveuglé ? Jésus avait déjà été enlevé au ciel. Saul était sorti de Jérusalem pour persécuter l'Église du Christ, et trois jours plus tard, à Damas, le persécuteur s'était transformé en prédicateur. Sous quelle influence ? D'autres citent comme témoins en faveur de leurs amis des gens de leur parti. Moi, au contraire, je t'ai produit comme témoin un ancien ennemi. Tu doutes encore ? Grand est le témoignage de Pierre et de Jean, mais...c'étaient des gens de la maison. Quand le témoin c'est l'ancien ennemi, un homme qui plus tard mourra pour la cause du Christ, qui pourrait encore douter de la valeur de son témoignage ? Je suis dans l'admiration du plan de l'Esprit Saint...: il accorde à Paul l'ancien persécuteur d'écrire ses quatorze épîtres... Comme on ne pourrait pas contester son enseignement, il a accordé à celui qui était auparavant l'ennemi et le persécuteur d'écrire davantage que Pierre et Jean ; c'est ainsi que notre foi à tous peut être bien affermie. Au sujet de Paul, en effet, tous étaient dans la stupéfaction : « N'est-ce pas celui qui nous persécutait ? N'est-il pas venu ici pour nous emmener dans les chaînes ? » (Ac 9,21). Ne soyez pas stupéfaits, dit Paul. Je le sais bien ; pour moi « il est dur de regimber contre l'aiguillon » (Ac 26,14). « Je ne suis pas digne d'être appelé apôtre parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu » (1Co 15,9) ; « il m'a été fait miséricorde : ce que je faisais, c'était par ignorance »... « La grâce de Dieu a surabondé en moi. » (1Tm 1,13-14)

Catéchèse baptismale 10
(trad. Bouvet, Soleil Levant 1961, p. 201s)

L'homme de la onzième heure

 

L'un des bandits crucifiés avec Jésus s'écriait : « Souviens-toi de moi, Seigneur ! Maintenant, c'est vers toi que je me tourne... Je ne te dis pas mes œuvres car elles me font trembler. Tout homme est bien disposé envers son compagnon de route, me voici ton compagnon de route vers la mort. Souviens-toi de moi, ton compagnon de voyage, non pas maintenant, mais quand tu vas arriver dans ton Royaume » (Lc 23,42). Quelle puissance t'a donc illuminé, ô bon larron ? Qui t'a donc appris à adorer ainsi celui qui est méprisé et crucifié avec toi ? Ô lumière éternelle qui illumines ceux qui sont dans les ténèbres (Lc 1,79) ! « Prends courage... En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis, puisque aujourd'hui tu as entendu ma voix et tu n'as pas endurci ton cœur (Ps 94,8). Parce qu'il a désobéi, Adam a été vite expulsé du jardin du paradis... Pour toi qui obéis à la foi aujourd'hui, aujourd'hui tu seras sauvé. Pour Adam, le bois avait été occasion de chute ; pour toi, le bois va te faire entrer dans le paradis...  Ô grâce immense et inexprimable : Abraham, le fidèle par excellence, n'était pas encore entré, et le larron entre. Paul en est frappé d'étonnement et dit : « Là où le péché a été abondant, la grâce a été surabondante ! » (Rm 5,20). Ceux qui avaient peiné tout le jour n'étaient pas encore entrés dans le Royaume, et lui, l'homme de la onzième heure, il est admis sans retard. Que personne ne murmure contre le maître : « Je ne fais tort à personne ; n'ai-je pas le pouvoir de faire ce que je veux chez moi ? » Le larron veut être juste..., je me contente de sa foi... Moi, le pasteur, j'ai trouvé la brebis perdue, je la prends sur mes épaules (Lc 15,5) parce qu'elle a dit : « J'ai erré, mais souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu entreras dans ton Royaume

Catéchèse baptismale 13
(trad. Bouvet, Soleil Levant 1962, p. 285s rev.)

Les deux avènements du Christ

 

Nous annonçons l'avènement du Christ : non pas un avènement seulement, mais aussi un second, qui est beaucoup plus beau que le premier. Celui-ci, en effet, comportait une signification de souffrance, et celui-là porte le diadème de la royauté divine.

Le plus souvent, en effet, tout ce qui concerne notre Seigneur Jésus Christ est double. Double naissance : l'une, de Dieu avant les siècles, l'autre, de la Vierge à la plénitude des siècles. Double descente : l'une, imperceptible comme celle de la pluie sur la toison, la seconde, éclatante, celle qui est à venir.

Dans le premier avènement, il est enveloppé de langes dans la crèche ; dans le second, il est revêtu de lumière comme d'un manteau. Dans le premier, il a subi la croix, ayant méprisé la honte ; dans le second, il viendra escorté par l'armée des anges, en triomphateur.

Nous ne nous arrêtons pas au premier avènement : nous attendons aussi le second. Comme nous avons dit, lors du premier : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, nous le répéterons encore pour le second ; en accourant avec les anges à la rencontre du Seigneur, nous lui dirons en l'adorant : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur .

Le Sauveur ne viendra pas pour être jugé de nouveau, mais pour juger ceux qui l'ont traduit en jugement. Lui qui a gardé le silence lors du premier jugement, il rappellera leur crime aux misérables qui ont osé le mettre en croix, en disant : Voilà ce que tu as fait, et j'ai gardé le silence . Alors il est venu selon le dessein de miséricorde et il enseignait les hommes par persuasion. Mais, lors du second avènement, ils seront contraints de reconnaître sa royauté.

Le prophète Malachie a parlé des deux avènements. Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez . Voilà pour le premier.

Et aussitôt il ajoute pour le second : ~ Le messager de l'Alliance que vous désirez, voici qu'il vient, le Seigneur tout-puissant. Qui pourra soutenir sa vue ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s'installera pour fondre et purifier. ~

Saint Paul veut parler aussi de ces deux avènements lorsqu'il écrit à Tite : La grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes. C'est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Tu vois comment il a parlé du premier avènement, dont il rend grâce ; et du second, que nous attendons. ~

Donc, notre Seigneur Jésus Christ viendra du ciel. Il viendra vers la fin de ce monde, avec gloire, au dernier jour. Car la fin du monde arrivera et ce monde créé sera renouvelé.

CATÉCHÈSE PRÉBAPTISMALE DE SAINT CYRILLE DE JÉRUSALEM