Florent de Strasbourg
(† 693)
Saint Évêque
Fête le 07.11
D’après la légende Florent comme Arbogast commença sa mission au service de Dieu par une période d’ermitage qu’il passa dans la vallée de la Hasel. Par confusion, la tradition place cet évènement sous le règne du Roi Dagobert II, grand donateur de biens aux abbayes et fervent adorateur des grands évêques du passé.
En fait Florent fut apparemment appelé à succéder à saint Arbogast et son ministère se déroula donc probablement à la fin du VIe siècle. Il poursuivra l’œuvre de saint Arbogast en fondant deux nouveaux monastères, l’un à Strasbourg même sur les lieux de l’actuelle église Saint-Thomas, l’autre à Haslach, à l’entrée de la vallée de la Bruche.
D’après la tradition, saint Florent était originaire d’Irlande. Or, il se trouve justement que la fin du VIe siècle fut marquée par une vague de missionnaires irlandais qui assistèrent les rois mérovingiens dans l’évangélisation de leurs royaumes. Le plus célèbre d’entre eux fut saint Colomban, qui passa plusieurs années au service du roi bourguignon Gontran et fonda en 590 l’abbaye de Luxeuil, juste aux portes de l’Alsace.
Politiquement, l’Alsace, toujours sous contrôle austrasien, resta séparée de la Bourgogne jusqu’à la mort de Gontran en 592. La Bourgogne passa alors sous le contrôle du roi austrasien Childebert II. À sa mort en 596, celui-ci confia l’Austrasie à son fils aîné Théodebert II et la Bourgogne à son fils cadet Thierry II. Pour une raison inexpliquée, l’Alsace se trouva faire partie du lot de Thierry et celle-ci passa donc sous contrôle bourguignon.
Ainsi il est probable que dès 592 les contacts entre la Franche Comté et l’Alsace s’intensifièrent. Saint Colomban lui-même traversa l’Alsace et s’arrêta probablement à Strasbourg mais il ne fonda aucun couvent dans le pays. Plus importante fut l’action de certains de ses disciples venus de Luxeuil, notamment dans le Sundgau. Il est probable que des ermitages et des couvents furent établis en plusieurs endroits mais il n’en subsiste aucun témoignage certain. En tous cas ces fondations que leur règle particulière mettait en conflit avec les évêques, disparurent bientôt avec la propagation du monachisme bénédictin.
Quoi qu’il en soit, dans ce contexte, la présence à la tête de l’évêché de Strasbourg à la fin du VIe siècle d’un ecclésiastique d’origine irlandaise ne serait pas surprenante.
La Légende de saint-Florent
Saint Florent avait fondé un ermitage près de l'actuelle chapelle à son nom, à Oberhaslach où les animaux de la forêt venaient souvent se rassembler autour de lui. Un jour les chasseurs du roi Dagobert qui avait un palais à Kircheim, l’aperçurent dans la forêt et soupçonneux, le firent prisonnier. Lors de leur retour au château, l’attelage qui les suivait s'enlisa, et ils ne purent le dégager qu’avec l'aide miraculeuse du saint prisonnier. Ayant entendu parler de ce prodige, le roi Dagobert demanda que Florent soit amené au château, voir sa fille Rotilde, qui était aveugle et muette. On lui amena un cheval qu'il refusa. Saint Florent ne se déplaçait que sur son âne. Avant même son arrivée au château, la fille du roi Dagobert fut guérie. Fêtes et liesses animèrent alors le palais. En récompense pour la guérison de sa fille, le Roi offrit au pieux ermite les moyens de construire une église et des terres dont il pourrait faire le tour à dos d'âne en une journée.
À noter que saint Florent n’est pas représenté dans les baies de la cathédrale de Strasbourg consacrées aux premiers évêques. On pense qu’il était figuré dans la baie détruite par la mise en place des orgues.