Lettre pastorale sur la foi (2012)

Lettre Pastorale Sur La Foi 2012
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Par la lettre apostolique "Porta fidei", le Pape Benoît XVI a promulgué une ANNEE de la FOI qui commencera le 11 octobre 2012 et s’achèvera le 24 novembre 2013. Dans sa lettre apostolique, il rappelle que l'année de la foi célèbre le cinquantième anniversaire du Concile Vatican II et le vingtième anniversaire de la publication du Catéchisme de l'Église Catholique. Ce sera pour nous l'occasion de mieux connaître ce qu'est la foi ainsi que le contenu de notre foi et aussi un moyen de nous préparer à promouvoir de façon intensive la nouvelle évangélisation.

 QU'EST-CE QUE LA FOI CHRÉTIENNE ?

“La foi est la réponse de l'homme à Dieu qui se révèle et se donne à Lui” (Catéchisme de l'Eglise Catholique n° 26). Mais c'est aussi une lumière surabondante donnée à l'homme en quête du sens ultime de sa vie(CEC n° 26). En effet, grâce à la Foi, l'homme sait qui il est et quel est le sens de sa vie. Donc, puisque la foi est la réponse de l'Homme à Dieu et qu'elle est aussi une lumière donnée par Dieu, il y a dans la foi une part qui revient à l'Homme et une part qui revient à Dieu.

 La foi naturelle – Pour bien comprendre la foi chrétienne, il faut d'abord constater l'existence d'une foi naturelle. Il n'est pas rare de rencontrer des hommes qui déclarent : “Moi, je ne crois qu'à ce que je vois ou à ce qui est prouvé”. Rien n'est plus contraire à l'expérience quotidienne de la vie.

Nous ne pouvons pas tout voir, tout vérifier et bien souvent nous devons faire confiance au témoignage des autres hommes. Par exemple nous demandons des renseignements à quelqu'un, et sans pouvoir les vérifier, nous les utilisons. Une grande partie de nos connaissances résultent de lectures que nous avons faites sans pouvoir vérifier personnellement ce que nous avons lu. Avant de donner foi au témoignage de quelqu'un nous raisonnons cependant, et finalement nous accordons foi à son témoignage parce que nous avons confiance en cette personne, que nous estimons sage, honnête et bien renseignée.

 La foi surnaturelle – La foi surnaturelle se distingue de la foi naturelle en ce sens qu'elle a pour objet l'assentiment que nous accordons à l'existence de Dieu et à sa parole, mais aussi par ce que, tout en accordant une place au raisonnement humain, comme la foi naturelle, elle résulte aussi de la lumière qu'apporte la grâce de Dieu.

La foi va plus loin qu'un simple assentiment intellectuel : elle est une obéissance, une soumission libre à la parole de Dieu. Aussi l'épître aux Romains (1, 5) parle de “l'obéissance de la foi”. De cette foi l'Ecriture nous propose deux modèles particulièrement éclatants : Abraham et Marie.

 Abraham :

Abraham quitta son pays et partit sur la seule promesse de Dieu. Dieu lui avait promis que la terre de Canaan serait à lui, mais il n'y demeura jamais que comme étranger et voyageur. Dieu lui avait promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et le sable de la mer, mais il attendit très longtemps avant d'avoir un fils ; et encore Dieu pour l'éprouver lui demanda d'offrir ce fils en sacrifice.

Cependant Abraham ne douta jamais. Ce n'est qu'après sa mort que les promesses de Dieu se réalisèrent. Aussi mérite-t-il le titre de "Père des croyants" que lui décerne l'épître aux Romains (Rm 4, 11).

Voici ce que nous dit d'Abraham l'épître aux Hébreux :

Hébreux 11, 8-9 ; 17-19 : Par la foi, répondant à l’appel, Abraham obéit et partit pour un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Par la foi, il vint résider en étranger dans la terre promise, habitant sous la tente avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. (He 11, 8-9) Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et qu’on lui avait dit : "C’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée". Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter ; aussi, dans une sorte de préfiguration, il retrouva son fils. (He 1, 17-19)

Marie :

 Elle s'entend dire par sa cousine Elisabeth : “Bienheureuse celle qui a cru.” (Lc 1, 45). En effet elle a cru à la promesse que lui révélait l'ange Gabriel et donnant l'exemple de l'obéissance de la Foi, elle s'est soumise aussitôt à la parole de Dieu. “Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole” (Lc 1, 38). Sa foi n'a pas vacillé tout au long de sa vie terrestre même lorsque son fils a été crucifié.

 Les caractéristiques de la foi

  1. a)La foi est un acte humain

La grâce ne contraint ni l'intelligence ni la liberté de l'Homme. Saint Thomas d'Aquin dit que : Croire est un acte de l'intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue au moyen de la grâce. (Somme Théologique 2-2, 2, 9)

C'est un acte de l'intelligence :

L'intelligence voit des signes, elle les analyse et prend une décision. Lorsque je vois l'univers, sa beauté, la perfection des mécanismes qui le régissent, j'en conclus qu'il y a à l'origine de tout cela une intelligence supérieure. Le monde n'est pas le fruit du hasard comme l'ont cru certains scientifiques. A l'heure actuelle, les astrophysiciens et ceux qui étudient l'apparition de la vie et la diversification de la vie abandonnent de plus en plus en plus cette hypothèse. Ils reconnaissent dans les mécanismes qui ont conduit à l'organisation de l'univers, à l'apparition de la vie, à l'évolution des espèces une intelligence supérieure qui est intervenue aux moments décisifs, par exemple quand il fallait choisir en une infinité de possibilités. Si l'on appelle cette intelligence "Dieu", beaucoup de questions se posent encore. Qui est-il ? Quelles fins poursuit-il ?

 D'autre part, la foi cherche à comprendre, elle stimule l'intelligence qui cherche à la fois à mieux saisir le contenu de la foi et à mieux discerner la volonté de Dieu (Rm 12, 2). Une meilleure intelligence de la Révélation appelle à son tour une fois plus grande. Aussi Saint Augustin disait : “Je crois pour comprendre, et je comprends pour mieux croire”. (Serm. 43, 7, 9)

  1. b) La foi est une grâce

Ce n'est pas un sentiment purement humain. Jésus déclare : “Personne ne peut venir à moi si mon Père ne l'attire” (Jn 6, 44). Lorsque Pierre confesse sa foi à Césarée de Philippe, Jésus lui dit : “Heureux es-tu Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux” (Mt 16, 17).

Cette grâce qui précède la foi est appelée par les théologiens "grâce prévenante".

"Pour prêter cette foi, l'homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu ainsi que des secours intérieurs du St-Esprit" (Dei Verbum 5).

 Le premier effet de la grâce dans l'Homme c'est la conversion. L'Homme se tourne vers Dieu et croit en lui et en Jésus-Christ. Cette foi provoque la justification. C'est la justice de Dieu par la foi en Jésus pour tous ceux qui croient (Rm 3, 22). L'Homme se repend de ses péchés, qui lui sont pardonnés. Il devient juste, c'est à dire purifié de ses péchés et capable de se détacher du péché. "La justification comporte donc la rémission des péchés, la sanctification et la rénovation de l'homme intérieur. " (Concile de Trente DS 1528). 

Une fois la justification obtenue, s'instaure une collaboration entre Dieu et l'Homme (synergie). L'Homme suit le chemin que lui tracent les commandements, mais il ne peut obéir aux commandements que par l'aide de la grâce. La grâce lui donne la liberté parce qu'elle lui permet de faire le bien, qu'au fond de son cœur il aime, "la vérité vous rendra libres" (Jn 8, 32). Ainsi l'Homme échappe à cette situation tragique décrite par Saint Paul dans l'épître aux Romains : "Ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais… vouloir le bien est à ma portée mais non l'accomplir" (Rm 7, 15.18). Cependant, la grâce ne nous contraint pas de faire le bien… nous avons toujours la possibilité de résister à la grâce et nous le faisons trop souvent.

Cette collaboration entre Dieu et l'Homme qui s'instaure après la justification s'étend à chacun de nos actes. Il ne suffit pas d'avoir la grâce sanctifiante pour que mes actes soient bons. Chaque acte bon suppose une aide spéciale de Dieu qu'on appelle grâce actuelle. Dans chaque acte bon il y a nécessairement une part de l'Homme et une part de Dieu.

  1. c) Nécessité de la foi

C'est la foi qui nous permet d'accéder aux biens que Dieu a préparé pour ses enfants car c'est par la foi que nous répondons à l'appel de Dieu.

Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné (Mc 16, 16).

La foi est donc nécessaire pour être sauvé. Bien entendu, comme nous l'avons déjà dit plus tôt, en parlant de l'obéissance de la foi, la foi doit se prolonger par une soumission à la parole de Jésus et une obéissance à Jésus.

Dans son épître, Saint Jacques insiste sur le fait que la foi sans les œuvres est une foi morte : À quoi bon, mes frères, dire qu’on a de la foi, si l’on n’a pas d’œuvres ? La foi peut-elle sauver, dans ce cas ?  Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours,  et que l’un de vous leur dise : “ Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit ”, sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? De même, la foi qui n’aurait pas d’œuvres est morte dans son isolement. … (Jc 2, 14-17)  Ces œuvres ne sont pas seulement les œuvres de la foi, mais aussi de la charité. C'est par amour qu'il faut faire la volonté de Dieu, de même que c'est par amour que Jésus faisait la volonté de son Père. “Celui qui a mes commandements et qui les observe celui-là m'aime…” (Jn 14, 21).

Aussi Paul parle de "la foi agissant par la charité" (Ga 5, 6). Il veut dire que la foi conduit à l'amour de Dieu et que cet amour se manifeste dans l'obéissance aux commandements.

La foi authentique comporte la foi en Jésus-Christ qui a été envoyé par le Père pour achever la révélation et qui est notre Sauveur et Seigneur. Beaucoup d'hommes et de femmes n'ont pas les moyens pratiques de parvenir à la foi en Jésus-Christ faute d'avoir été évangélisé. Ils n'ont donc pas eu la possibilité d'accéder à la foi de l'Eglise. Sont-ils condamnés parce que leur foi est imparfaite ? L'Épître aux Hébreux (11, 6) nous signale le degré minimum de foi nécessaire pour être sauvé. Sans la foi il est impossible d'être agréable à Dieu, car celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent. Pour celles et ceux donc qui n'ont pas eu l'opportunité de connaître Jésus, il y a une possibilité de salut, la grâce pouvant les conduire à la foi en l'existence d'un Dieu bon qui les veut sauver. Là encore cependant la foi même élémentaire doit se prolonger dans une obéissance à la conscience.

Mais la foi est ce qui donne la puissance à tout ce que le Chrétien accompli, en particulier à la prière. À  Pierre qui s'étonne de voir le figuier desséché, Jésus répond : "Ayez la foi en Dieu. En vérité, je vous le déclare, si quelqu'un dit à cette montagne : "Ote-toi de là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela lui sera accordé. C'est pourquoi je vous le déclare : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu et cela vous sera accordé." (Mc 11, 22-24)

  1. d) La Foi de l'Eglise

La foi est un acte personnel et libre, la réponse de chaque homme à l'appel de Dieu. Mais la foi n'est pas un acte isolé, nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s'est donné la foi à lui-même, comme nul ne s'est donné la vie à lui-même.

Croire nécessite un cheminement qui aboutit finalement à adhérer à la foi que nous propose l'Eglise. Il est impossible à un homme, même avec la Bible, de redécouvrir tout seul tout ce que l'Eglise nous transmet.

 Aussi n'y a-t-il qu'une seule foi, comme il y a un seul baptême et un seul Seigneur, comme le dit Ephésiens. …: Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous.

 Chacun de nous doit donc être attentif à ce que sa foi soit bien celle de l'Eglise et c'est pourquoi chacun d'entre nous doit sans cesse approfondir sa foi en s'imprégnant de l'enseignement de l'Eglise. Le relativisme que professent tant de nos contemporains est une grave erreur. Le croyant refuse la formule : "À chacun sa vérité". Il recherche "la Vérité" celle qui a été révélée par Jésus-Christ et que nous transmet l'Église.

Une partie de cette révélation nous est parvenue sous forme écrite, dans les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament, mais une autre partie nous est parvenue en dehors des écritures de la Bible. On parle de "tradition orale" bien qu'en fait, elle nous soit parvenue sous forme écrite. Dans cette tradition orale, on trouve par exemple la liste des livres inspirés qui composent la Bible, les confessions de foi comme le symbole des Apôtres, le Credo de Nicée, les liturgies du baptême, de l'eucharistie, la manière dont s'est effectuée la succession apostolique, les actes des conciles œcuméniques.

 La Tradition non écrite et l'Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu confié à l'Eglise. Le Pape et les évêques qui constituent le Magistère vivant de l'Eglise ont la charge d'interpréter de façon authentique cette Parole de Dieu. Cette autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ. "Ce Magistère n'est pas au dessus de la Parole de Dieu, mais il la sert, n'enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l'assistance de l'Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde soigneusement et l'expose aussi avec fidélité et puise en cet unique dépôt tout ce qu'il propose à croire comme étant révélé par Dieu." (Dei verbum 10).

Ainsi la foi comporte l'adhésion ferme et confiante à l'enseignement de l'Église dans la certitude que cet enseignement que nous parvient la Vérité.

  1. e) La foi est une lumière

. Jésus dit : Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière qui conduit à la vie (Jn 8, 12). Suivre Jésus, c'est croire en lui en se laissant conduire par sa parole. Celui qui croit connaît le sens de sa vie, il peut donc agir dans le sens de sa vocation. Cette connaissance éclaire aussi les rapports qu'il doit avoir avec les hommes et les choses.

Que faut-il attendre de cette année de la foi ?

Dans sa lette apostolique "Porta fidei", le Saint Père évoque le parcours qu'il attend de nous en cette année de la foi :

 Confesser sa foi en l'exprimant par la parole, dans des célébrations liturgiques, mais aussi dans le témoignage d'une vie nourrie par la foi. Ce qui suppose une conversion authentique (cf. n°9)

i par une meilleure connaissance de la parole de Dieu et de l'enseignement de l'Église et le Pape nous invite à utiliser cet instrument précieux qu'est le "Catéchisme de l'Église Catholique" (cf.  n° 11)

3° Intensifier le témoignage de la charité car foi et charité se réclament mutuellement.

D'autre part le croyant doit chercher à communiquer sa foi.

Puisque l'Homme est sauvé par la foi, c'est un devoir pour le croyant de communiquer sa foi. Jésus dit à ses disciples "Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie" (Jn 20, 21)

En Marc 16, 15, il ordonne "Allez par le monde entier prêcher l'Évangile à toutes les créatures" et en Matthieu 28, 19, il précise :"De toutes les nations faites des disciples". Enfin dans l'évangile de Saint Luc (Lc 24, 18) et dans les Actes (Ac 1, 8) Jésus demande à ses disciples d'être ses témoins. Ces prescriptions sont complémentaires : Le disciple continue la mission de Jésus en faisant connaître la vérité qu'il a révélé et en formant de nouveaux disciples, mais il ne peut remplir sa mission d'évangélisateur que si par sa foi et sa vie, il est un témoin de Jésus.

 Puisse donc cette année de la foi être à l'origine d'un renouveau de l'évangélisation dans notre diocèse. Il ne s'agit pas d'une évangélisation qui s'adresse à des gens qui ont tout à découvrir de la foi chrétienne. Elle s'adresse plutôt à des baptisés qui se sont éloignés petit à petit de la foi vivante ou à des non baptisés qui ont cependant quelques notions, si vagues soient-elles, de ce qu'est la foi chrétienne. C'est la raison pour laquelle on parle de "nouvelle évangélisation".

Mais cette nouvelle évangélisation suppose qu'elle soit conduite par des gens à foi forte et profonde et des gens bien instruits de la foi de l'Église. Ainsi l'année de la foi dit être une année de conversion et une année de recherche d'une meilleure connaissance de la foi de l'Église.

Fin

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