Clément d'ALEXANDRIE
Clément d'ALEXANDRIE (150-v. 215) écrits
Saint théologien
La loi nouvelle inscrite dans le cœur des hommes
Nous avons les dix commandements, donnés par Moïse..., et tout ce que recommande la lecture des livres saints, dont ce qu'Isaïe nous a transmis : « Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez le mal devant mes yeux. Apprenez à faire le bien, recherchez ce qui est juste ; prenez la défense de l'opprimé, de la veuve, de l'orphelin. Venez et parlons ensemble, dit le Seigneur » (Is 1,16s)... Mais nous avons aussi les lois du Verbe, la Parole de Dieu, les paroles d'encouragement non écrites sur des tables de pierre par le doigt du Seigneur (Ex 24,12), mais inscrites dans le cœur des hommes (2Co 3,3)... Ces deux lois ont servi au Verbe pour la pédagogie de l'humanité, d'abord par la bouche de Moïse, ensuite par celle des apôtres...
Mais nous avons besoin d'un maître pour expliquer ces paroles saintes… ; c'est lui qui nous enseignera les paroles de Dieu. L'école, c'est notre Église ; notre unique Maître, c'est le Fiancé, volonté bonne d'un Père bon, sagesse originelle, sainteté de la connaissance. « C'est lui la victime offerte pour nos péchés », dit saint Jean (1Jn 2,2) ; c'est lui qui guérit nos corps et nos âmes, l'homme tout entier, lui Jésus qui est « la victime offerte non seulement pour nos péchés, mais pour ceux du monde tout entier. Et voici comment nous pouvons savoir que nous le connaissons : c'est en gardant ses commandements » (v. 3)… « Celui qui déclare demeurer en lui doit marcher dans la voie où lui, Jésus, a marché » (v. 6)
Nous qui sommes les élèves de cette bienheureuse pédagogie, parachevons le beau visage de l'Église et accourons comme des petits enfants vers cette mère pleine de bonté. Écoutons le Verbe de Dieu ; glorifions la bienheureuse disposition qui nous guide par cet Enseignant et nous sanctifie comme enfants de Dieu. Nous serons citoyens du ciel si nous sommes les élèves de cet Enseignant sur la terre, et là-haut nous comprendrons tout ce qu'il nous a enseigné concernant le Père
Le Pédagogue, III 89, 94, 98-99
(trad. cf SC 158, p. 171s et coll. Pères dans la foi n°44, Migne 1991, p. 294
« Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu »
Les portes sont ouvertes à chaque personne qui se tourne sincèrement vers Dieu, de tout son cœur, et le Père reçoit avec joie un enfant qui se repent vraiment. Quel est le signe du vrai repentir ? Ne plus retomber dans les vieilles fautes et arracher de ton cœur, par leurs racines, les péchés qui te mettaient en danger de mort. Une fois qu'ils auront été effacés, Dieu reviendra habiter en toi. Car, comme dit l'Écriture, un pécheur qui se convertit et se repent procurera au Père et aux anges du ciel une joie immense et incomparable (Lc 15,10). Voilà pourquoi le Seigneur s'est écrié : « C'est la miséricorde que je désire, et non le sacrifice » (Os 6,6; Mt 9,13). « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse » (Ez 33,11) ; « Si vos péchés sont comme la laine écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont plus noirs que la nuit, je les laverai, si bien qu'ils deviendront comme la laine blanche » (Is 1,18)
Dieu seul, en effet, peut remettre les péchés et ne pas imputer les fautes, alors que le Seigneur Jésus nous exhorte à pardonner chaque jour à nos frères qui se repentent. Et si nous, qui sommes mauvais, nous savons donner de bonnes choses aux autres (Mt 7,11), combien plus « le Père plein de tendresse » (2Co 1,3) le fera-t-il ! Le Père de toute consolation, qui est bon, plein de compassion, de miséricorde et de patience par nature, attend ceux qui se convertissent. Et la conversion véritable suppose que l'on cesse de pécher et que l'on ne regarde plus en arrière. (...) Regrettons donc amèrement nos fautes passées et prions le Père pour qu'il les oublie. Il peut, dans sa miséricorde, défaire ce qui a été fait et, par la rosée de l'Esprit, effacer nos méfaits passés
Homélie « Quel riche sera sauvé ? », 39-40
(in Les Pères commentent l'Évangile;
Collection liturgique Mysteria sous la direction de Henri Delhougne;
trad. R. Pirlot; Éd. Brepols 1991, p. 141 rev.)
« Aussitôt, la barque atteignit le rivage »
Prions le Verbe, la Parole de Dieu : Sois propice à tes petits enfants, Maître, Père, guide d'Israël, Fils et Père, un et deux à la fois, Seigneur ! Donne-nous, puisque nous suivons tes commandements, de parvenir à la pleine ressemblance de l'image (Gn 1,26), de comprendre selon nos forces le Dieu de bonté, le juge sans dureté. Accorde-nous tout toi-même : de vivre dans ta paix, d'être transportés dans ta cité, de traverser sans sombrer les tempêtes du péché ; d'être emportés sur des eaux paisibles par le Saint-Esprit, par la Sagesse inexprimable. Accorde-nous de dire la nuit, le jour, jusqu'au dernier jour, nos louanges et nos actions de grâces à l'Unique — Père et Fils, Fils et Père, Fils, Pédagogue (1Co 4,15) et Maître et en même temps au Saint-Esprit
Tout est à l'Unique, en qui est le tout, par qui tout est un, par qui est l'éternité, de qui nous sommes tous membres (1Co 12,27). À lui sont la gloire et les siècles ; tout au Bon, tout au Beau, tout au Sage, tout au Juste ! À lui la gloire maintenant et dans les siècles, amen
Le Pédagogue, III, 12, 101
(Coll. Les Pères dans la Foi n°044-045;
trad. B. Throo et P. Gauriat; Éd. Migne 1991; p. 302 rev.)