François d’ASSISE

François d’ASSISE (1182-1226) écrits

Saint, fondateur des Frères mineurs

 

« Comment peux-tu dire : ‘ Montre-nous le Père ? ’ »

 

Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ; personne ne va au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; dorénavant vous le connaîtrez, et d'ailleurs vous l'avez déjà vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui répondit : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas encore ? Philippe, qui me voit voit aussi mon Père. » Le Père « habite une lumière inaccessible », « Dieu est esprit », « personne n'a jamais vu Dieu » : puisque Dieu est esprit, on ne peut donc le voir que par l'Esprit, car « c'est l'esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien » (1Tm 6,16; Jn 4,24; Jn 1,18; 6,63).  Il en va de même pour le Fils : en tant qu'il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que par le Père, autrement que par l'Esprit…

« Fils d'hommes, combien de temps encore aurez-vous le cœur si dur ? » (Ps 4,3 Vulg). Pourquoi ne pas reconnaître la vérité ? Pourquoi ne pas croire au Fils de Dieu ? Regardez : chaque jour il s'abaisse, exactement comme à l'heure où, quittant son palais royal (Sg 18,15), il s'est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c'est lui-même qui vient à nous, et sous les apparences les plus humbles ; chaque jour il descend du sein du Père sur l'autel entre les mains du prêtre. Et de même qu'autrefois il se présentait aux saints apôtres dans une chair bien réelle, de même il se montre à nos yeux maintenant dans le pain consacré.

      Les apôtres, lorsqu'ils le regardaient de leurs yeux de chair, ne voyaient que sa chair, mais ils le contemplaient avec les yeux de l'esprit, et croyaient qu'il était Dieu. Nous aussi, lorsque, de nos yeux de chair, nous voyons du pain et du vin, sachons voir et croire fermement que c'est là, réels et vivants, le Corps et le Sang très saints du Seigneur. Tel est en effet le moyen qu'il a choisi de rester toujours avec ceux qui croient en lui, comme il l'a dit lui-même : « Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20).

Admonitions, § 1 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 39)

« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant »

 

« Aimez vos ennemis », dit le Seigneur. Aimer vraiment son ennemi, c'est d'abord ne pas se chagriner des torts qu'on a subis soi-même. C'est ressentir douloureusement le péché que l'autre a commis comme une offense à l'amour de Dieu, et c'est prouver à ce dernier, par des actes, qu'on l'aime toujours.

« Ai-je commis un péché ? C'est la faute au démon ! Ai-je subi une injustice ? C'est la faute au prochain ! » Telle est l'attitude de beaucoup de chrétiens. Mais ce n'est pas sur autrui qu'il faut rejeter la faute : l'ennemi, chacun le tient entre ses mains ; l'ennemi c'est l'égoïsme qui fait tomber dans le péché. Heureux dès lors le serviteur qui gardera toujours enchaîné cet ennemi livré entre ses mains et saura s'armer sagement contre lui ; tant qu'il agira de la sorte, aucun autre ennemi, visible ou invisible, ne pourra lui faire du mal.

Admonitions, 9-10
(trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 46 rev.)

« Nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité » (1Jn 3,18)

 

Tous les frères auront soin de ne calomnier personne, d'éviter les paroles de dispute. Qu'ils essaient plutôt de garder le silence autant que Dieu leur en donnera la grâce. Ils ne se disputeront pas entre eux ni avec d'autres, mais ils s'efforceront de répondre humblement : « Nous ne sommes que des serviteurs inutiles » (Lc 17,10). Ils ne s'irriteront pas, « car celui qui se met en colère contre son frère sera passible du jugement ; celui qui dit : ‘Imbécile !’ sera passible du tribunal ; celui qui dira : ‘Fou !’ sera passible de la géhenne du feu ». Ils s'aimeront les uns les autres, conformément à la parole du Seigneur : « Mon commandement est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Par des actes ils témoigneront de l'amour mutuel qu'ils doivent se porter, conformément à la parole de l'apôtre Jean : « Aimons non pas avec des paroles et des discours, mais véritablement et par des actes » (1Jn 3,18).

Ils « n'outrageront personne » ; ils ne diffameront, ils ne dénigreront personne ; car il est écrit : Le Seigneur hait « les rapporteurs et les médisants » ; ils seront modestes, « animés de la plus grande douceur envers tous les hommes » (Tt 3,2; Rm 1,29-30). Ils ne doivent ni juger ni condamner, comme dit le Seigneur (Lc 6,37). Ils n'examineront pas les moindres péchés des autres, mais ils réfléchiront à leurs propres péchés dans l'amertume de leur cœur (cf Is 38,15). Ils « s'efforceront d'entrer par la porte étroite », car, dit le Seigneur, « étroite est la porte et resserrée la route qui conduit à la vie, et il en est peu qui la trouvent » (Lc 13,24; Mt 7,13-14).

Première règle, § 11 (Documents; t
rad. Desbonnets et Vorreux; Éd. Franciscaines 1968, p. 66 rev.)