Prosper d’AQUITAINE

(?-v. 460)

écrits

théologien laïc

« Alors on viendra de l'Orient et de l'Occident, du nord et du midi »

 

      Ceux qui viennent à Dieu en s'appuyant sur lui avec le désir d'être sauvés sont vraiment sauvés : c'est l'inspiration divine qui leur fait concevoir ce désir de salut ; c'est éclairés par celui qui les appelle qu'ils arrivent à la connaissance de la vérité. Ils sont en effet les fils de la promesse, la récompense de la foi, la descendance spirituelle d'Abraham, « une race élue, un sacerdoce royal » (1P 2,9), prévu de longue date et prédestiné à la vie éternelle... Par l'intermédiaire d'Isaïe, le Seigneur nous fait connaître sa grâce qui fait de tout homme une créature nouvelle : « Voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la reconnaissez-vous pas ? Oui, je vais mettre dans le désert un chemin et dans la steppe des fleuves..., pour abreuver mon peuple, mon élu, le peuple que je me suis formé pour qu'il publie mes louanges ». Et ailleurs...: « Devant moi tout genou fléchira ; par moi jurera toute langue » (Is 43,19s; 45,23).

      Il est impossible que tout cela n'arrive pas, parce que la prévoyance de Dieu n'est jamais en défaut ; ses desseins ne changent pas ; sa volonté est agissante et ses promesses ne sont pas erronées. Donc tous ceux que désignent ces paroles seront sauvés. Il dépose en effet ses lois dans leur conscience, il les inscrit avec son doigt dans leurs cœurs (Rm 2,15) ; ils accèdent à la connaissance de Dieu, non par le biais d'un enseignement humain, mais sous la direction du maître suprême : « Ainsi donc, ni celui qui plante n'est grand, ni celui qui arrose, mais celui qui donne la croissance : Dieu » (1Co 3,7)... A tous il est donné d'avoir un cœur changé, un jugement droit, une volonté droit également. Chez tous ces hommes Dieu fait naître la crainte, pour qu'ils soient instruits de ses commandements... Ils célèbrent la puissance de sa miséricorde, et les miracles qu'elle a accomplis : car Dieu les a élus, il en a fait ses fils, ses héritiers de la nouvelle alliance (Jr 31,31).

L'Appel de tous les peuples, 9
(trad. coll. Les Pères dans la foi, n°51, p. 39 rev.)

« Jésus allait mourir...pas seulement pour la nation, mais pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés »

 

      Saint Paul affirme : « En ces jours qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses » (He 1,2). Cette phrase ne signifie-t-elle pas que le Père a considéré que tous les hommes font partie de l'héritage du Christ ? C'est conforme à la prophétie de David : « Demande, et je te donne les peuples en héritage, pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2,8).

      Le Seigneur lui-même déclare : « Une fois élevé de terre, j'attirerai tout à moi » (Jn 12,32). N'est-ce pas la conversion de tous qui semble promise ? A un autre endroit, on trouve une prophétie concernant l'Église : « Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissées, les lieux accidentés se changeront en plaine et les escarpements en large vallée » (Is 40,4) : est-il quelqu'un qui semble oublié, et qui ne soit pas désigné ici comme sujet du Christ ? Et que penser quand on lit : « Toute chair viendra se prosterner devant ma face, pour qu'ils m'adorent dans Jérusalem, dit le Seigneur » (Is 66,23)...

      Le terme de « peuple de Dieu » est donc à prendre dans toute sa plénitude. Et bien que la plupart des hommes refuse ou néglige la grâce du Sauveur, c'est l'ensemble qui est désigné par les mots « élus » et « prédestinés »... L'apôtre Paul dit aussi : « Nous proclamons un Jésus Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1Co 1,23-24). Le Christ serait-il « puissance de Dieu » et « sagesse » pour les mêmes hommes aux yeux de qui il est « scandale » et « folie » ? En fait, puisque certains sont sauvés à cause de leur foi, alors que d'autres sont endurcis dans l'impiété, l'apôtre a compris les fidèles et les infidèles sous le nom général « appelés ». Il montrait ainsi que ceux qu'il qualifiait de païens se sont faits étrangers à l'appel de Dieu, bien qu'ils aient entendu l'Évangile

L'Appel de tous les peuples, 9
(trad. coll. Les Pères dans la foi, n°51, p. 42)