Jean BOSCO
(1815-1888)
écrits
Prêtre, fondateur
et éducateur
« Jésus, se retournant, les réprimanda »
Il est plus facile de se mettre en colère que de supporter, de menacer l’enfant que de le persuader ; je dirais même que notre impatience et notre orgueil se trouvent mieux d’imposer des punitions aux récalcitrants plutôt que de les redresser fermement et de les supporter avec douceur. Pourtant c’est la charité de Paul que je vous recommande, celle qu’il avait pour les convertis de fraîche date, et qui allait jusqu’aux larmes et à la supplication quand il les trouvait trop peu dociles ou inaccessibles à son amour.
Prenez garde d’agir par impulsion. En punissant il est difficile de conserver cette égalité d’âme qui est nécessaire pour qu’on ne croie pas que nous agissons pour faire montre de notre autorité ou pour donner libre cours à notre emportement. Regardons [nos garçons] comme des fils sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Faisons-nous leurs serviteurs, exactement comme Jésus, qui est venu pour obéir et non pour commander ; n’ayons pas honte de dominer à sa manière à lui, et ne les dominons que pour mieux les servir.
C’est ce que faisait Jésus avec les Apôtres, qui étaient ignorants et grossiers ; bien plus, il les soutenait lorsqu’ils n’étaient pas assez fidèles, et il montrait une bonté et une amitié familières avec les pécheurs, si bien que certains en étaient stupéfaits, d’autres scandalisés, et que d’autres enfin, en venaient à espérer le pardon de Dieu. C’est pourquoi il nous a commandé d’être doux et humbles de cœur.
Lettres à ses confrères
(Lectures pour chaque jour de l’année II,
Prière du Temps présent, éd. du Cerf, 1971, p. 142)
Je vous recommande la charité et la patience
Avant tout, si nous voulons nous montrer les amis du vrai bien de nos élèves et les amener à faire leur devoir, nous ne devons jamais oublier que nous représentons les parents de cette chère jeunesse qui fut toujours le tendre sujet de mes occupations, de mes études, de mon ministère sacerdotal, et de notre congrégation salésienne.
Que de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j'ai dû me persuader de cette grande vérité : il est toujours plus facile de s'irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader ! Je dirai même qu'il est plus facile, pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle.
Écartez tout ce qui pourrait faire croire qu'on agit sous l'effet de la passion. Il est difficile, quand on punit, de conserver le calme nécessaire pour qu'on ne s'imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger notre emportement.
Considérons comme nos enfants ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir, non pour commander. Redoutons ce qui pourrait nous donner l'air de vouloir dominer, et ne les dominons que pour mieux les servir.
C'est ainsi que Jésus se comportait avec ses Apôtres, en supportant leur ignorance, leur rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse et familiarité, au point de susciter chez les uns l'étonnement, chez d'autres le scandale, et chez beaucoup l'espoir d'obtenir le pardon de Dieu. C'est pourquoi il nous a dit d'apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu'ils sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs manquements, ou du moins modérons-la pour qu'elle semble tout à fait étouffée.
Pas d'agitation dans notre cœur, pas de mépris dans nos regards, pas d'injures sur nos lèvres. Ayons de la compassion pour le présent, de l'espérance pour l'avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un véritable amendement.
Dans les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un acte d'humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font que du mal à ceux qui les entendent, et d'autre part ne procurent aucun profit à ceux qui les méritent.
LETTRE DE S. JEAN BOSCO À SES CONFRÈRES