Agathe

(+ 251)

Sainte
Martyre en Sicile

Historique

Particulièrement honorée à en Italie, sainte Agathe était célèbre dans toute la chrétienté occidentale parce qu'elle est citée au canon de la messe. On attribue au pape saint Damase la composition d'une hymne en son honneur, saint Ambroise de Milan et le saint pape Gélase composèrent une préface particulière pour le jour de sa fête, saint Jérôme en fit mention dans son lectionnaire et saint Augustin en parla dans ses soliloques. Sainte Agathe était dans le calendrier de Carthage (VI° siècle) et dans tous les martyrologes latins et grecs.

Fêtée d'abord au 12 juillet, elle passa au 5 février, réputé jour anniversaire de son martyre où, après plusieurs jours de prières et de pénitences faites par les habitants de Catane menacés d'incendie, cessa une éruption de l'Etna.

Lors de l'irruption de l'Etna, les habitants de Catane étaient allés chercher le voile qui recouvrait le tombeau de sainte Agathe pour le porter en procession autour de la cité, et la coulée de lave s'était arrêtés aux portes de la ville.

En France, au Moyen-Age, on la trouve dans les litanies populaires des saints, dont une, au XV° siècle, la met au nombre des saints auxiliaires : Saint Blaise, glorieux martyr, avec madame sainte Agathe, garde mon âme au départir du corps, que l'enfer ne l'abatte ; une autre litanie du XIII° siècle disait : Sainte Agathe, vierge pucelle, qui souffris en ta mamelle, tu y souffris pour Dieu amour, prie pour moi notre Seigneur ; tandis qu'ailleurs on l'invoquait ainsi : Sainte Agathe, vierge piteuse, qui souffris peine douloureuse pour Jésus-Christ en ta poitrine, prie Dieu qu'il me donne son amour fine.

A Paris, en l'église Saint-Merry on exposait un riche reliquaire rond, en argent, offert la reine Isabeau de Bavière, les reliques venaient de la collégiale de Champeaux qui les avaient échangées contre des reliques de saint Merry ; il fut détruit par les révolutionnaires mais les reliques qui échappèrent à la profanation, sont encore à Saint-Merry. 

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 Deux villes de Sicile, Palerme et Catane, se disputent l'honneur d'avoir donné naissance à sainte Agathe ; ce qui est certain, c'est qu'elle fut martyrisée à Catane, sous l'empereur Dèce.

 Dénoncée au préteur Quintianus, comme chrétienne, Agathe lui fut amenée. La beauté de la jeune fille le séduisit ; il conçut pour elle une passion criminelle et crut venir à bout de son dessein en la remettant aux mains d'une femme débauchée, nommée Aphrodisia. Celle-ci employa son art et son artifice afin de séduire Agathe, sans pouvoir y réussir ; et après un mois de tentatives, elle s'en fut trouver le préfet pour lui annoncer l'inutilité de ses efforts.

 Le juge alors fit comparaître la servante du Seigneur devant son tribunal.

« Qui es-tu ?

Je suis noble et d'une illustre famille, toute ma parenté le fait assez connaître.

Pourquoi donc suis-tu la chétive condition des chrétiens ?

Parce que la véritable noblesse s'acquiert avec Jésus-Christ dont je me dis la servante.

Quoi donc ! Sommes-nous dégradés de noblesse pour mépriser ton Crucifié ?

Oui, tu perds la véritable liberté en te faisant esclave du démon jusqu'au point d'adorer des pierres pour lui faire honneur. »

 Afin d'apprendre à la jeune fille à mieux parler, Quintianus la fit frapper sur la joue, et commanda qu'on la conduisît en prison, lui disant qu'elle eut à se préparer à renier Jésus-Christ ou à mourir dans les tourments. Le lendemain, le juge essaya de gagner Agathe par des promesses, mais il la trouva inébranlable, et ses réponses excitèrent tellement la rage du persécuteur, que, sur son ordre, on lui arracha un sein. Elle dit à Quintianus : « N'as-tu pas honte, ô cruel tyran, de me faire souffrir de cette façon, toi qui as sucé ta première nourriture du sein d'une femme ? »

 Quand elle fut rentrée dans la prison, où le préfet avait défendu de lui rien donner, saint Pierre lui apparut et la guérit au nom du Sauveur ; la Sainte s'écria : « Je vous rends grâces, ô mon Seigneur Jésus-Christ, de ce qu'il vous a plu de m'envoyer votre Apôtre afin de guérir mes plaies et de me rendre ce que le bourreau m'avait arraché » et la prison fut remplie d'une si éclatante lumière que les gardiens s'enfuirent épouvantés, laissant les portes ouvertes. 

Les autres prisonniers conseillaient à Agathe de prendre la fuite, mais elle répondit : « Dieu me garde de quitter le champ de bataille et de m'enfuir en voyant une si belle occasion de remporter la victoire sur mes ennemis. »

 Quatre jours après, Agathe fut ramenée devant le juge qui, la voyant saine et sauve, fut rempli d'étonnement ; sa rage n'en devint que plus grande. Par son ordre, on roula Agathe sur des têts de pots cassés et sur des charbons, en même temps que l'on perçait son corps de pointes aiguës. Pendant ce supplice, un tremblement de terre survint, et les principaux ministres de la cruauté de Quintianus furent écrasés. La ville, épouvantée, vit là un châtiment du Ciel, et le persécuteur, craignant qu'on ne lui enlevât sa victime, se hâta de la renvoyer en prison. Quand elle y fut rentrée, Agathe dit : « Ouvrez, Seigneur, les bras de votre miséricorde, et recevez mon esprit qui désire vous posséder avec tous les transports d'amour dont il est capable » et en achevant ces mots elle expira.

 Aussitôt que la nouvelle de cette mort se fut répandue, toute la ville accourut pour honorer les restes de sainte Agathe, et au moment où on voulut la mettre dans le tombeau, cent Anges, sous la figure de jeunes hommes, apparurent, et au front d'Agathe inscrivirent ces mots : « C'est une âme sainte ; elle a rendu un honneur volontaire à Dieu et elle est la rédemption de sa patrie. » Quintianus, de son côté, était parti pour se mettre en possession des biens de la servante de Dieu, mais au passage d'une rivière, un cheval le mordit au visage et un autre, à coups de pieds, le précipita dans l'eau où il se noya.

 La dévotion à sainte Agathe ne tarda pas à se répandre partout, mais nulle part elle ne fut plus honorée qu'à Catane. Plusieurs fois sa protection a sauvé cette ville des éruptions de l'Etna, et pour cela il suffisait aux habitants de donner, comme barrière aux torrents de lave qui descendaient de la montagne, un objet qui avait touché le corps de la Sainte. 

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