Séraphim de SAROV

(1759-1833)

écrits

moine russe

Seraphim De Sarov Entretien Sur La Lumiere Du Saint Esprit Pdf
PDF – 240,7 KB 25 téléchargements

« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par dessus le marché »

 

      [Saint Séraphim et Motovilov se trouvent plongés dans une grande lumière et une grande douceur. Séraphim lui dit :] Mon ami, les hommes ont été créés pour que la grâce divine habite au plus profond de nous, dans notre coeur. Le Seigneur a dit : « Le Royaume des cieux est au-dedans de vous » (Lc 17,21). Par le Royaume des cieux, il entend la grâce du Saint Esprit ; ce Royaume de Dieu est en nous deux en ce moment. Le Saint Esprit nous illumine et nous réchauffe ; il emplit l'air de ses parfums, réjouit nos sens et abreuve nos coeurs d'une joie indicible. Nous expérimentons ce que dit l’apôtre Paul : « Le Royaume de Dieu n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par l'Esprit Saint » (Rm 14,17)… Voilà, ami de Dieu, quelle joie incomparable le Seigneur a daigné nous accorder. Voilà ce que c'est que d'être « en la plénitude de l'Esprit Saint »… Humbles que nous sommes, le Seigneur nous a remplis de la plénitude de son Esprit. Il me semble qu'à partir de maintenant vous n'aurez plus à m'interroger sur la façon dont se manifeste dans l'homme la présence de la grâce de l’Esprit Saint…

      Quant à nos états différents de moine et de laïc, ne vous en souciez pas. Dieu recherche avant tout un coeur rempli de foi en lui et en son Fils unique, en réponse à laquelle il envoie d'en haut la grâce de l'Esprit Saint. Le Seigneur cherche un coeur rempli d'amour pour lui et pour le prochain -- c'est là un trône sur lequel il aime s'asseoir et où il apparaît dans la plénitude de sa gloire. « Fils, donne-moi ton coeur, et le reste, je te le donnerai par surcroît » (Pr 23,26). Le coeur de l'homme est capable de contenir le Royaume des Cieux. « Cherchez d'abord le Royaume des Cieux et sa vérité, dit le Seigneur à ses disciples, et le reste vous sera donné en plus, car Dieu votre Père sait que vous en avez besoin. »

Entretien avec Motovilov
(trad. DDB 1979, 1995 p. 181)

« Vous avez trop peu de foi »

 

      « Le Seigneur est proche de ceux qui l'invoquent. Il ne fait pas acception des personnes. Le Père aime le Fils et a tout remis entre ses mains » (Ps 145,18;Rm 2,11;Jn 3,35). Pourvu que nous aimions notre Père céleste vraiment comme des fils, le Seigneur écoute également un moine et un homme du monde, un simple chrétien. Pourvu que les deux aient la vraie foi, aiment Dieu du fond de leur coeur et possèdent une foi « grande comme une graine de moutarde », tous deux « soulèveront des montagnes »… Le Seigneur lui-même dit : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9,23). Et le saint apôtre Paul s'écrie : « Je peux tout avec le Christ qui me fortifie » (Ph 4,13). Plus merveilleuses encore sont les paroles du Seigneur concernant ceux qui croient en lui : « Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je vais vers le Père. Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jn 14,12-14).

      Et c'est bien ainsi, ami de Dieu. Tout ce que vous demanderez à Dieu, vous l'obtiendrez, pourvu que votre demande soit à la gloire de Dieu ou pour le bien de votre prochain. Car Dieu ne sépare pas le bien du prochain de sa gloire : « Tout ce que vous ferez au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le ferez » (cf Mt 25,45).

Entretien avec Motovilov
(trad. DDB 1979,1995, p. 183)

Un païen entre dans l’héritage d’Israël

 

      L'Esprit de Dieu se manifestait, quoique avec une force moindre, chez les païens qui ne connaissaient pas le vrai Dieu, mais parmi lesquels il trouvait aussi des adeptes. Les vierges prophétesses, par exemple, les sybilles, gardaient leur virginité pour un Dieu inconnu -- mais un Dieu quand même -- qu'on estimait être le Créateur de l'univers, le Tout-Puissant gouvernant le monde. Les philosophes païens, errant dans les ténèbres de l'ignorance de Dieu, mais cherchant la vérité, pouvaient, à cause de cette recherche agréable au Créateur, recevoir l'Esprit Saint dans une certaine mesure. Saint Paul écrit : « Les nations ignorant Dieu agissent selon la loi naturelle et font ce qui lui plait » (Rm 2,14). La vérité est à un tel point agréable à Dieu que lui-même il proclame par son Esprit : « La justice rayonne de la terre et la vérité s'incline des cieux » (Ps 84,12).

      C'est ainsi que la connaissance de Dieu s'est conservée chez le peuple élu, aimé de Dieu, ainsi que chez les païens ignorant Dieu, depuis la chute d'Adam et jusqu'à l'incarnation de notre Seigneur Jésus Christ. Sans cette connaissance toujours clairement conservée dans le genre humain, comment les hommes auraient-ils pu savoir au juste s'il était venu, celui qui, selon la promesse faite à Adam et Eve, devait naître d'une Vierge destinée à écraser la tête du serpent ? (Gn 3,15) 

Entretien avec Motovilov
(trad. DDB 1979,1995, p.169)