SACRE COEUR / Vivre la dévotion du Sacré Cœur
Vivre la dévotion du Sacré Cœur
où vivre de l’amour de Dieu et dans l’amour de Dieu
Introduction
Qui ne connaît le Sacré Cœur ? Qui n’a pas entendu parlé de Sainte Marguerite Marie , qui, en son temps a reçu du Seigneur la mission de promouvoir cette dévotion ?
Et pourtant savons nous vraiment vivre de l’amour du Cœur de Jésus , car enfin de compte c’est bien de cela qu’il s’agit .
Certains peuvent penser que c’est là une dévotion particulière , personnelle même , mais elle est avant tout une dévotion d’Eglise ! D’ailleurs bien des religieux se sont penchés sur ce culte , et le Saint Père lui même souhaite voir ce développer cette dévotion , surtout dans notre monde où l’amour semble de plus en plus mis à mal .
Replongeons nous un peu dans l’histoire de cette dévotion, afin d’en retrouver les racines et d’en mieux tirer les conséquences et les appels de Dieu sur nous même aujourd’hui .
Petite histoire de la dévotion du Sacré Cœur
Le mot cœur dans la bible
Le mot cœur à toujours eu une grande importance dans la bible , il est le siège des sentiments et aussi la base de la conversion intérieure pour répondre à l’amour de Dieu
Il peut être dans la joie ,
Aussi mon cœur est dans la joie, mon esprit dans l'allégresse, Psaume 16,9-10
Ou dans l’angoisse
Je suis comme de l'eau qui s'écoule, Et tous mes os se séparent ; Mon cœur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles. Psaume 22,15
Il est le lieu ou s’inscrit en profondeur la loi de Dieu
Je veux faire ta volonté, mon Dieu ! Et ta loi est au fond de mon cœur. Psaume 40, 9
Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit l'Eternel : Je mettrai ma loi au dedans d'eux, Je l'écrirai dans leur cœur ; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. Celui-ci n’enseignera plus son prochain, Ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l’Eternel ! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dit l’Eternel ; Car je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché. Jérémie 31,33-34 (Texte lu à la Fête du Sacré-Cœur dans l'Office des Laudes du "Livre d'heures romain")
Il est le lieu de la conversion
Je leur donnerai un même cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j'ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair, afin qu'ils suivent mes ordonnances, et qu'ils observent et pratiquent mes lois ; et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. Ezéchiel 11,19-20
Il est le lieu de notre relation d’amour avec le Christ
C'est pourquoi voici, je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur. En ce jour-là, dit l'Eternel, tu m'appelleras : Mon mari ! et tu ne m'appelleras plus : Mon maître ! Je serai ton fiancé pour toujours ; je serai ton fiancé par la justice, la droiture, la grâce et la miséricorde ; je serai ton fiancé par la fidélité, et tu reconnaîtras l'Eternel. Osée 2,16-18 & 21-22
Les débuts de l’église et au fil des siècles
Bien sur dans les débuts de l’Eglise on ne parlait pas du culte du Sacré Cœur, mais tout de même les croyants de l’époque se sont penchés sur les textes bibliques parlant du Cœur et notamment du Cœur Transpercé Ils y lièrent fortement la notion d’eau vivre, de source de vie Ainsi en est il de St Justin (vers 100 – vers 165) ; de Saint Irénée (v.130-v.202), et de bien d’autres
Ce n’est qu’au moyen âge que la dévotion au Cœur Transpercé de Jésus fait son apparition chez certains Pères de l’Eglise. Elle se précisera tout au long des siècles suivants ou une foule de saints et de mystiques vécurent et développèrent cette dévotion. Ce n’est donc pas sur un terrain totalement vide que le Seigneur se manifeste à Sainte Marguerite Marie Alacoque.
Marguerite Marie
Marguerite Marie prononce ses vœux religieux dans l’ordre de la Visitation, le 6 novembre 1672. Dieu l’a déjà préparé pour la mission qu’il veut lui confier, à savoir répandre la dévotion au Sacré Cœur. Six mois après ses vœux, sa supérieure lui demande d’écrire tout ce qu’elle vit et reçoit dans la prière. C’est ainsi que nous avons encore aujourd’hui les extraordinaires rencontres d’amour de Jésus et de Marguerite Marie. Il serait trop long ici de raconter toute sa vie, mais pour qui serait intéressé, son autobiographie est vraiment tout ce qu’il faut savoir sur cette sœur et sur la dévotion au Sacré Cœur.
Le 27 décembre1672 elle a une « première grande révélation » des merveilles d’amour du Cœur du Christ. Marguerite Marie est appelée par le Seigneur : « Disciple bien aimée de son Sacré Cœur »
« Une fois donc étant devant le saint Sacrement, me trouvant un peu plus de loisir, car les occupations que l'on me donnait ne m'en laissaient guère, me trouvant toute investie de cette divine présence, mais si fortement que je m'oubliai de moi-même et du lieu où j'étais, je m'abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. Il me fit reposer longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son sacré Cœur qu'il m'avait toujours tenus cachés, jusqu'alors qu'il me l'ouvrit pour la première fois. Mais d'une manière si affective et sensible qu'il ne me laissa aucun lieu d'en douter, pour les effets que cette grâce produisit en moi, qui crains cependant toujours de me tromper en tout ce que je dis se passer en moi. Et voici comme il me semble la chose s'être passée :
Il me dit: "Mon divin Cœur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires, nécessaires pour les retirer de l'abîme de perdition ; et je t'ai choisie comme un abîme d'indignité et d'ignorance pour l'accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi".
Après il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu'il fit et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette ardente fournaise, d'où le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit dans le lieu où il l'avait pris, en me disant: "Voilà ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses plus vives flammes, pour te servir de cœur et te consumer jusqu'au dernier moment… […] Quoique j'aie refermé la plaie de ton côté, la douleur t'en restera pour toujours, et si jusqu'à présent tu n'as pris que le nom de mon esclave, je te donne celui de la disciple bien-aimée de mon sacré Cœur".»
Récit de la vision reçue en 1673, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, Paris, Poussielgue, 1867, t.II, pp.325-326.
Un premier vendredi du mois en 1674, dans une « seconde grande révélation » Jésus se montre à Marguerite Marie comme « éclatant de gloire avec ses 5 plaies brillantes comme des soleils »
« Une fois entre les autres, que le Saint Sacrement était exposé, après m'être sentie retirée toute au-dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-Christ, mon doux maître, se présenta à moi tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait (à) une fournaise ; et s'étant ouverte me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur, qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu'il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur (amour) et jusqu'à quel excès il l'avait porté d'aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances : "Ce qui m'est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j'ai souffert en ma passion ; d'autant que s'ils rendaient quelque retour d'amour, j'estimerais peu tout ce que j'ai fait pour eux et voudrais, s'il se pouvait, en faire davantage, mais ils n'ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leur ingratitude autant que tu le pourras être capable. […] Premièrement, tu me recevras dans le Saint Sacrement autant que l'obéissance te le voudra permettre, quelques mortifications et humiliations qui t'en doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme des gages de mon amour. Tu communieras de plus tous les premiers vendredis de chaque mois ; et toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives ; laquelle tristesse te réduira sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort. Pour m'accompagner dans cette humble prière que je présentai à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi, tant la face contre terre, (tant) pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l'amertume que je sentais de l'abandon de mes apôtres, qui m'obligea à leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras tout ce que je t'enseignerai. Mais écoute, ma fille, et ne crois pas légèrement à tout esprit et ne t'y fie pas car Satan enrage de te décevoir ; c'est pourquoi ne fais rien sans l'approbation de ceux qui te conduisent, afin qu'ayant l'autorité de l'obéissance, il ne puisse te tromper ; car il n'a pas de pouvoir sur les obéissants". »
Récit de la vision reçue en 1674, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, op.
En fin en juin 1675 elle aura une dernière « grande révélation : « voilà ce cœur qui a tant aimé le monde . »
« Etant une fois devant le Saint Sacrement, un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour, et me sentis touchée du désir de quelque retour et de lui rendre amour pour amour. Et il me dit : "Tu ne peux m'en rendre un plus grand qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé." Alors me découvrant son divin Cœur : "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et mépris qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C'est pourquoi je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon divin Cœur en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur et qui procureront qu'il lui soit rendu". »
Récit de la vision reçue de juin 1675, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, op. cit., t.II, p.355.
Il ne faudrait pas croire que Marguerite Marie n’est qu’un réceptacle de révélation ! Non, elle reçoit certes mais elle vit aussi tout ce qu’elle reçoit et elle va même l’enseigner au noviciat du monastère ou elle devient maîtresse des novices en 1685.
Comment vit Marguerite Marie ? D’abord dans une grande obéissance à sa règle et à ses supérieures, ensuite dans une grande humilité devant le Seigneur certes mais également devant ses sœurs. Enfin elle obéit à tout ce que le Seigneur lui demande et qu’elle fait discerné par son père spirituel, le Père Claude La Colombière (saint lui aussi).
Elle apprend ainsi non seulement à regarder les plaies de Jésus de l’extérieur comme on peut regarder un tableau, mais vraiment à rentrer dedans, à s’y plonger selon ce qu’elle écrit elle même :
« Voici mes résolutions, qui doivent durer toute ma vie, puisque mon Bien-Aimé les a dictées lui-même. Après l'avoir reçu dans mon cœur, il me dit : "Voici la plaie de mon côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle ; c'est là que tu pourras conserver la robe d'innocence dont j'ai revêtu ton âme, afin que tu vives désormais de la vie d'un Homme-Dieu ; vivre comme ne vivant plus, afin que je vive parfaitement en toi ; pensant à ton corps et à tout ce qui t'arrivera comme s'il n'était plus ; agissant comme n'agissant plus, mais moi seul en toi… »
Marguerite Marie s’unit ainsi par tous les moyens possibles à son époux crucifié pour Sa plus grande gloire et le salut des âmes comme le montre son vœu de retraite fait à la veille de la Toussaint en 1686.
Vœu fait la veille de la Toussaint de l'année 1686 pour me lier, consacrer et immoler plus étroitement, absolument et plus parfaitement au sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Premièrement : O mon unique amour, je tâcherai de vous tenir soumis et de vous assujettir tout ce qui est en moi, en faisant ce que je croirai être le plus parfait ou le plus glorieux à votre Sacré-Cœur, auquel je promets de ne rien épargner de tout ce qui est en mon pouvoir, et ne rien refuser de faire et souffrir pour le faire connaître, aimer et glorifier.
2. Je ne négligerai ni n'omettrai aucun de mes exercices, ni observance de mes règles, sinon par charité ou vraie nécessité, ou par obéissance à laquelle je soumets toutes mes promesses.
3. Je tâcherai de me faire un plaisir de voir les autres dans l'élévation, bien traitées, animées et estimées, pensant que cela leur est dû et non à moi, qui dois être tout anéantie dans le sacré Cœur de Jésus-Christ, faisant ma gloire de bien porter ma croix et d'y vivre pauvre, inconnue et méprisée ; ne désirant paraître que pour être humiliée, méprisée et contrariée, quelque répugnance que la nature orgueilleuse y puisse sentir.
4. Je veux souffrir en silence, sans me plaindre, quelque traitement que l'on me fasse ; n'éviter aucune souffrance ni peine, soit de corps ou d'esprit, soit d'humiliations, mépris ou contradictions.
5. Ne chercher ou ne me procurer aucune consolation, plaisir ni contentement, que celui de n'en point avoir dans la vie. Lorsque la Providence m'en présentera, je les prendrai simplement, non pour le plaisir auquel je renoncerai intérieurement, soit que la nature en rencontre en prenant ses nécessités, ou autrement, ne m'arrêtant point à penser si je me satisfais ou non, mais plutôt à aimer mon Souverain qui me donne ce plaisir.
6. Je ne me procurerai aucun soulagement que ceux que la nécessité me fera croire ne pouvoir faire autrement, je les demanderai dans la simplicité de nos constitutions. Ceci est pour m'affranchir de la peine continuelle que je sens de trop flatter et donner à mon corps, mon cruel ennemi.
7. Je laisserai l'entière liberté à la supérieure de disposer de moi, comme bon lui semblera, acceptant humblement et indifféremment les occupations que l'obéissance me donnera, malgré la répugnance effroyable que je sens à toutes les charges ; je tâcherai de n'y plus témoigner ma peine, non plus que celle que je sens d'aller au parloir, ou d'écrire des lettres, faisant tout cela comme si j'avais bien du plaisir.
8. Je m'abandonne totalement au sacré Cœur de Notre?Seigneur Jésus?Christ, pour me consoler ou m'affliger selon son bon plaisir, sans me plus vouloir mêler de moi?même, me contentant d'adhérer à toutes ses saintes opérations et dispositions, me regardant comme sa victime qui doit toujours être dans un continuel acte d'immolation et de sacrifice, selon son bon plaisir, ne m'attachant à rien qu'à l'aimer et le contenter, en agissant et souffrant en silence.
9. Je ne m'informerai jamais des fautes du prochain ; et lorsque je serai obligée d'en parler, je le ferai dans la charité du sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, en me mettant dans la pensée si je serais bien aise que l'on me fît ou que l'on dît cela de moi, et lorsque je lui verrai commettre quelque faute, j'offrirai au Père éternel une vertu contraire du sacré Cœur pour la réparer.
10. Je regarderai tous ceux qui m'affligeront ou parleront mal de moi comme mes meilleurs amis, et tâcherai de leur rendre tous les services et tout le bien que je pourrai.
11. Je tâcherai de ne point parler de moi, ou fort courtement, et non jamais, s'il se peut, pour me louer ou justifier.
12. Je ne chercherai l'amitié d'aucune créature que lorsque le sacré Cœur de Jésus m'y excitera pour la porter à son amour.
13. Je ferai une continuelle attention de conformer et soumettre en tout ma volonté à celle de mon Souverain.
14. Je ne m'arrêterai point volontairement à aucune pensée non seulement mauvaise, mais inutile. Je me regarderai comme une pauvre dans la maison de Dieu, qui doit être soumise à toutes, et à qui l'on fait et donne tout par charité. Je penserai que j'ai toujours trop.
Je ne ferai, tant que je le pourrai, ni plus ni moins, par le respect humain ou vaine complaisance des créatures.
15. Et comme j'ai demandé à Notre Seigneur de ne rien laisser paraître en moi de ses grâces extraordinaires, que ce qui m'attirera le plus de mépris, de confusions et d'humiliation devant les créatures, aussi tiendrai je à grand honneur quand tout ce que je dirai ou ferai sera méprisé, censuré ou blâmé ; tâchant de tout faire et souffrir pour l'amour et gloire du sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ et dans ses saintes intentions, auxquelles je m'unirai en tout.
16. Je ferai attention à rendre mes actions et paroles glorieuses à Dieu, édifiantes à mon prochain et salutaires à mon âme, en me rendant fidèlement constante à la pratique du bien que mon divin Maître me fait connaître qu'il désire de moi, n'y faisant point, si je peux, de fautes volontaires, et je ne m'en pardonnerai point sans m'en venger sur moi par quelques pénitences.
17. Je me rendrai attentive à n'accorder à la nature que ce que je ne pourrai pas légitimement lui refuser qu'en me rendant singulière, ce que je veux fuir en tout. Enfin je veux vivre sans choir, ne tenir à rien, disant en tout événement : Fiat voluntas tua.
Dans la multitude de toutes ces choses, je me suis sentie saisie d'une si grande crainte d'y manquer, que je n'avais pas le courage de m'y engager, si je n'avais été fortifiée et rassurée par ces paroles qui me furent dites dans le plus intime de mon cœur : "Que crains tu, puisque j'ai répondu pour toi et me suis rendu ta caution ? L'unité de mon pur amour te tiendra lieu d'attention dans la multiplicité de toutes ces choses ; je te promets qu'il réparera les fautes que tu y pourrais commettre et s'en vengera lui-même sur toi."
Ces paroles imprimèrent en moi une si grande confiance et assurance que cela serait, que, nonobstant ma grande fragilité, je ne crains plus rien, ayant mis ma confiance en celui qui peut tout et duquel j'espère tout, et rien de moi. »
Vœu de perfection de Marguerite-Marie, Vie et Œuvres, op. cit., t. I, pp.248 à 252.
Depuis Marguerite Marie
Depuis Marguerite Marie beaucoup d’âmes religieuses ont répandu et vécu cette dévotion au Sacré Cœur. Certaines de ces âmes furent aussi favorisées de paroles ou même de visions du Seigneur : Sœur Marie de Saint Pierre, Sœur Marie Marthe Chambon... pour ne citer qu’elles !
Il est trop long ici de chercher à toutes les nommer et à décrire ce qu’elles ont vécu mais je ne saurais trop conseiller à ceux qui veulent aller plus loin dans cette recherche de prendre le temps de lire et de méditer la vie des saints , nous avons tant à apprendre d’eux ! Ils ont tant à nous enseigner !
Ce qu’il est par contre important de souligner ici, c’est la bonne manière de vivre cette dévotion, car elle nous engage et va beaucoup plus loin que la récitation pure et simple de prière ou de litanie !
Ce que Jésus attend de nous c’est la conversion de notre cœur à son amour !
De l’esprit dans lequel il faut vivre la dévotion
Pour Marguerite Marie, il n’a jamais été question de réciter seulement de belles et pieuses prières ; mais bien de conformer le quotidien de notre vie, pour qu’il soit vécu en pleine harmonie avec l’amour de Christ pour nous. Écoutons-la expliquer cela à une de ces sœurs :
« "Lorsque je vous ai parlé de la dévotion au sacré Cœur de Jésus, j'entendais plutôt une dévotion d'une parfaite conformité à ses saintes vertus que non pas de prières seulement" :
Cela est toujours aussi vrai aussi aujourd’hui. Ce qui compte ce n’est pas tant de réciter la litanie du Sacré Cœur que de conformer vraiment notre cœur à celui du Christ
Cela implique donc des efforts de conversion dans notre vie et pour y arriver il nous faut nous plonger dans la prière en demandant humblement à Jésus amour de nous aider et de venir transformer notre cœur de pierre en cœur de chair. Cela implique aussi d’être honnête avec nous-mêmes et avec Dieu en reconnaissant tous nos manquements à son amour, au quotidien, ce qui nous conduit non seulement à la régularité de vivre un examen de conscience chaque jour mais encore d’avoir recours au sacrement de réconciliation régulièrement afin que la grâce de Dieu puisse faire son œuvre en nous. Que dirions-nous d’un jardin que l’on ne nettoierait qu’une fois par an ….Belle friche en vue !!! Et bien ! il en est de même pour notre cœur, si nous ne vivons pas le sacrement de réconciliation régulièrement alors notre cœur sera vite envahi de toutes sortes de mauvaises herbes qui nous empêcheront de reconnaître l’amour de Dieu pour nous et donc d’y répondre.
Cela implique que nous allions aussi recevoir Jésus dans l’eucharistie, Jésus est là, il s’offre à nous dans tout son corps son âme et sa divinité. Et nous, nous pensons l’aimer sans le recevoir et sans nous offrir à lui d’un même élan ? Quel couple pourrait tenir à ce régime là ? Aucun. Pour qu’une union soit réelle et qu’elle dure il faut une communion concrète en deux êtres, notre âme a besoin de l’Eucharistie pour vivre cette pleine communion avec le Christ. L’amour nous y appelle, et le Sacré Cœur est l’amour même !
Prier le Sacré Cœur n’est pas une prière extérieure à nous-mêmes. Non, elle nous engage dans notre réponse d’amour, à l’amour de Dieu pour nous mêmes, et elle nous engage aussi à aimer les autres comme Jésus les aime. La dévotion au Sacré Cœur est donc un appel, un chemin pour suivre Jésus jusqu’au bout de l’amour. Or lui, ne nous a pas aimés à moitié, mais il nous a bien fait le don totale de sa vie ! Sommes-nous prêts à aller jusqu’au bout de son appel sur nous ? Sommes-nous prêts à nous oublier nous-mêmes, dans nos pensées, dans nos actions pour vivre selon son Cœur ?
Jésus ne nous veut pas en partie avec lui mais totalement. De même qu’il nous a donné toute sa vie, il attend de nous cette même réponse à son amour pour nous, bien sur, il nous aime trop pour nous obliger à quoi que ce soit, alors prenons nous-mêmes le temps de regarder l’amour de Jésus pour nous personnellement, prenons le temps de voir comment nous recevons cet amour, prenons le temps de voir comment nous y répondons au quotidien de notre vie. et si vraiment nous aimons le Sacré Cœur de Jésus alors faisons en sorte que notre cœur et notre vie lui soient conformes.
Par ailleurs prenons bien conscience que vivre la dévotion au Sacré Cœur n’est pas être tourné vers soi-même, sur nos petits problèmes en attendant que Jésus vienne les résoudre, mais au contraire être totalement tourné vers lui, qui a le cœur transpercé à cause de tous nos péchés, non seulement les nôtres mais encore ceux de l’humanité toute entière. Apprenons à regarder ce cœur transpercé de Jésus non seulement sur nos crucifix, mais encore dans notre vie et dans la vie de tous ceux qui nous entourent. Prenons bien conscience aussi que si tous, nous sommes victimes du péché des autres, nous sommes aussi les agresseurs des autres et donc ceux qui crucifient Jésus et qui lui transpercent le Cœur ! Que faire alors ? D’abord reconnaître la réalité des faits, demander pardon pour nos fautes qui lui font si mal, mais aussi pour les autres car l’amour nous rend solidaire les uns des autres devant Lui. Apprenons donc l’art de la réparation, pour nous mêmes et aussi pour les autres. Apprenons à vivre cela dans l’amour pur et sans orgueil, de même en effet que les autres peuvent avoir besoin de nous pour recevoir la grâce de Dieu, nous aussi avons besoin de l’amour des autres pour la recevoir également...Nous ne saurons jamais ici bas tout ce que la prière amoureuse et fervente de l’église, donc de tous nos frères et sœurs en Jésus, nous ont apporté, nous ne verrons cela que là haut. Soyons donc charitables avec nos frères et avec Jésus offrons dans l’amour nos actes de conversion et de réparation pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes.
Peut être qu’à tout ceci certains diront : « Oui mais comment faire ?... moi je ne sais rien faire ! » la réponse est simple ; « tu sais aimer alors tu sais tout faire », laisse toi simplement aller à vivre ton amour, pose les actes d’amour qui germent au fond de ton cœur, au fur et à mesure qu’ils se présentent à toi. Il n’est pas nécessaire que ce soit des actes révolutionnaires ou extraordinaires, non ils peuvent être très simples, du moment qu’il y a de l’amour, ils sont vraiment puissants sur le cœur de Dieu.
Tu veux un exemple ; ce peut être de ranger simplement la table, après le repas, pour éviter à quelqu’un d’autre de le faire ….. il reste une part du repas de la veille, il faut la finir sinon on va devoir la jeter et personne n’en veut, alors dévoue toi et offre cela avec joie dans le cœur de Jésus …. Tu vois, inutile de chercher bien loin, la journée peut être remplie ainsi de petits gestes d’amour, qui souvent ne seront vus que de Jésus, mais c’est justement cela qui est important, ton intimité avec lui, pour lui !
Les promesse du Sacré Cœur
Parlons maintenant un peu des promesses de Jésus liées à la dévotion du Sacré Cœur. Elles sont importantes et en voici une liste :
Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
Je mettrai la paix dans leurs familles.
Je les consolerai dans toutes leurs peines.
Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
Les pêcheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.
Les âmes tièdes deviendront ferventes.
Les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection.
Je bénirai les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé.
Je te promets dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis neuf fois de suite la grâce de la pénitence finale ; qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce ni sans recevoir leurs sacrements et que mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette dernière heure.
Cette dernière promesse est appelée la "Grande Promesse", et concerne donc la Communion des neuf premiers vendredis de mois consécutifs.
On pourrait croire à lire tout cela que nous sommes là devant un contrat commercial ou juridique très avantageux ! Ce serait faire une lourde erreur que de se dire, « Je vais vivre la dévotion au Sacré Cœur, notamment tous les premiers vendredis du mois », comme ça j’aurai tous ces avantages ! …Dieu n’est pas un marchand de tapis ! Ce qu’il nous dit c’est qu’il attend de nous, non une participation intéressée, mais une vraie relation d’amour, il attend notre vie offerte au quotidien dans l’amour, alors comme il est lui, l’amour, il ne sera pas en reste et nous comblera bien au delà de tout ce que nous aurons pu lui donné. Soyons donc clairs nous profiterons des promesses du Sacré Cœur dans la mesure où nous vivrons avec lui dans la vérité et dans l’amour de lui et des autres !
En conclusion, …
Si donc, ayant méditer sur l’amour du Christ nous avons envie de lui consacrer notre vie réellement , pourquoi ne pas prendre cette prière du Père Claude la Colombière , (le propre directeur spirituel de Ste Marguerite Marie) , pour nous engager à la suite de Jésus tout amour
Sacré Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c'est la seule voie par où l'on peut entrer en vous. Puisque tout ce que je ferai à l'avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous ; enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m'avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire, et une plus grande impuissance d'en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur ; je m'y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien ne pas m'y opposer : c'est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ, vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint ; cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour vous une grande gloire, et c'est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il.
Prière extraite de l'Acte d'offrande, in Retraite spirituelle, 1684.
Prière de saint Claude de La Colombière (1641-1682)
Myriam de Gemma