CONFESSION / Esprit de pénitence et de réparation

 Introduction

Voila un thème que nous escamotons souvent tant il nous dérange. Nous aimons voir la miséricorde de Dieu mais non pas la peine que nous lui causons ... aussi devant cette fuite  de notre cœur, de notre esprit, nous nous disons : « mais pourquoi faire pénitence puisque Jésus me fait miséricorde ? »  ... Pourtant nous voyons bien que pendant le carême L’Eglise  nous invite à des gestes de pénitence, et puis, lorsque nous allons nous confesser le prêtre nous donne aussi une pénitence, une réparation.

Pourquoi ? Qu’est-ce que la pénitence ? Qu’est-ce que la réparation ?

 Qui dit pénitence, réparation, dit faute, péché à reconnaitre, à confesser, à réparer d’une façon ou d’une autre.

Mais justement qu’est-ce que le péché ? En notre société qui a perdu nombre de ses repères de moralité, de respect des autres, voir de respect de soi même on peut se poser la question. Et cette question est importante, car si je ne sais pas reconnaitre le péché dans ma vie comment pourrai-je m’en détourner ? Comment pourrai-je en faire pénitence et le réparer ?

L’esprit de pénitence implique donc que je reconnaisse mon état de pécheur, et que je le confesse... ce qui nous amène au sacrement de la confession, si mal compris et bien souvent fui autant que possible ... Il est donc nécessaire ici de faire une halte sur ce point précis du sacrement de la confession afin d’essayer d’en découvrir toute sa grandeur d’amour et de vie renouvelée.

Ayant donc découvert que je suis appelé à vivre la pénitence, la réparation lorsque je vais me confesser, je peux aussi me demander : est-ce là, le seul moment où j’ai à vivre cela ?  

Mais commençons par le commencement :

Qu’est-ce que le péché ?

Le péché est un acte qui va contre la parole de Dieu, contre ses commandements, contre son appel sur nous. Le péché nous coupe de l’amour de Dieu. Oh ! Dieu lui, nous aime toujours, mais c’est nous qui devenons incapables de le reconnaitre de le recevoir ...

Nous vivons dans une société qui se laisse aller à ses passions, à ses pulsions. Aujourd’hui on banalise tout, et on nous présente même le mal comme un bien (euthanasie, avortement ...etc. ...).  Tout cela fait que nous perdons le sens du péché, que nous ne savons plus le reconnaitre dans notre vie. Cependant que nous le reconnaissions ou pas, le péché reste en face de la loi de Dieu, en face de l’amour de Dieu.  Et que nous le voulions ou non, par cette conduite nous bafouons grandement Dieu.

L’Eglise reconnait différents types de péchés

  • Le péché véniel

C’est un acte humain qui est commis sans volonté délibérée de nuire (se mettre en colère suite à une pression intérieure...). Il n'implique pas la volonté de faire le mal, mais seulement les réactions naturelles non maitrisées.

  • Le péché mortel

C’est un acte délibéré, c'est-à-dire qui suppose une préméditation avec intention soit de nuire à son prochain, soit de s'opposer aux commandements de Dieu. (Je sais que je ne dois pas voler, cependant je le fais volontairement, ne me souciant guère des conséquences pour la personne volée, ni du commandement de Dieu ; tu ne voleras pas. »

Ce qui est important à retenir, c’est que tout péché quel qu’il soit est une rupture dans notre relation d’amour avec Dieu. Le péché nous coupe de la grâce de Dieu et fait que nous le blessons au cœur, dans l’amour qu’il a pour nous .... Lui qui est mort sur la croix pour nous offrir la vie éternelle par le pardon de nos péchés !

Qu’est-ce que la confession

On entend dire assez souvent : Dieu est amour, Dieu pardonne tout ... Du moins on l’entend dire par des personnes qui essaient ainsi de justifier leur propre penchant ou du moins d’en relativiser la gravité. Elles oublient seulement que si Dieu est amour, il est également saint donc ayant en horreur le péché, le mal, et elles oublient aussi que Dieu est juste c'est-à-dire rétribuant chacun selon ses œuvres.

Il ne s’agit donc pas de se dire : « je vis ce que je veux du moment que j’y trouve mon bonheur... J’aurais bien le temps avant de mourir de demander pardon à Dieu ! » ... Qui dit que l’on aura effectivement le temps de vivre la confession à ce moment là, qui dit que nous pourrons vraiment recevoir cette grâce à l’heure de notre mort ? Car enfin, je peux mourir brutalement d’un arrêt cardiaque, d’un accident...etc. ...

La question se pose donc : qu’est-ce que la confession pour moi ?  Est-ce simplement une liste de fautes que je dois énumérer devant un prêtre pour en être pardonné de la part de Dieu ? ou est-ce une véritable rencontre d’amour avec Dieu dans la reconnaissance de ma faiblesse et de sa miséricorde, dans le désir sincère de changer de vie pour correspondre à son amour ?

La confession implique le regret sincère de nos fautes et elle doit être vécue régulièrement dans un esprit d’amour, de confiance en Dieu et dans le désir de l’aimer toujours de plus en plus. Cette confession régulière est importante si on veut vivre en vérité dans l’amour de Dieu et des autres, et c’est certainement la meilleure façon de se préparer à paraitre devant Dieu à notre dernière heure, d’autant que nous ne pouvons savoir exactement quand cette heure va sonner.

  • Le regret des fautes

 Ce regret peut être parfait ou imparfait

Il est imparfait, quand on regrette par peur des conséquences (purgatoire, enfer...),  par considération de la laideur du péché en lui-même... ce regret est en relation étroite avec notre petite personne.

Il est parfait quand on regrette d’avoir blessé l’amour de Dieu... Ce regret est tout tourné vers Dieu et non vers nous-mêmes.

Le regret sincère procède de la reconnaissance de l’amour blessé. On ne regrette pas sincèrement une faute lorsqu’on la regrette parce que l‘on s’est fait prendre mais uniquement parce que l’on a conscience d’avoir blessé l’autre, notamment Dieu.

L’idéal est que notre regret soit bien évidemment parfait, afin que la grâce de Dieu puisse vraiment faire son œuvre en notre cœur .

Mais comment pouvons-nous regretter sincèrement nos fautes devant Dieu si nous ne vivons pas avec Dieu, selon son attente ? Comment pouvons-nous regretter de blesser le Cœur de Dieu si nous n’aimons pas Dieu ? Or mener notre vie indépendamment de Dieu, de sa parole, de son appel, est la preuve même que nous n’avons rien à faire de Dieu, que nous ne l’aimons pas vraiment. Aimer l’autre n’est-ce pas tout faire pour lui plaire, pour s’accorder à son attente, à son désir ? Comment alors en menant notre vie en dehors de Dieu pouvons-nous aller lui demander pardon d’un cœur sincère, et avoir le désir d’une réelle conversion ?

Ainsi donc, la première nécessité avant de parler de pénitence ou de réparation est bien de s’interroger sur notre amour de Dieu, sur notre vie avec Dieu car il est clair qu’il ne peut y avoir de confession sans amour de Dieu, de même qu’il ne peut y avoir de pénitence, de réparation, sans amour de Dieu.

C’est l’amour qui génère le vrai regret, c’est l’amour qui génère le véritable désir de demander pardon, de réparer. Si ce n’est pas cet amour de Dieu qui motive notre démarche de confession, alors il est temps de nous arrêter et de nous poser les bonnes questions quant à l’orientation réelle que nous donnons à notre vie.

  • La confession des nos fautes

Ceci étant dit, considérons que nous sommes des personnes aimant Dieu et nous efforçant de d’obéir à sa parole, et de vivre selon son appel. Nous voyons bien que nous sommes pécheurs et que sans cesse dans bien des choses, nous manquons à l’amour de Dieu.

Que faire ? Nous culpabiliser ? Tout laisser tomber ? Non, il nous faut, dans la vérité, exprimer à Dieu notre regret, la souffrance de notre cœur face à nos manquements, et  l’attente de son pardon tout en  manifestant notre désir d’amendement et de conversion, car c’est l’essence même du sacrement de confession.

Il est important de détailler nos fautes, d’en faire une énumération réelle,  non pour emplir une liste, mais pour demander vraiment la grâce de conversion en chacun des points concernés par ces fautes. Par ailleurs cela exige de nous l’humilité et l’humilité est source de grâce et de conversion en nous, comme nous le suggère  le Psaume  51 au verset 19

« Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé; d'un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n'as point de mépris. »

Dans la confession il est à noter que l’on s’accuse de ses fautes, pas de celles du voisin ou du conjoint ... même si nos fautes sont générées par leur  comportement

S’accuser de ses fautes n’est pas une formalité légale, cela implique notre cœur, et tout particulièrement le regret que nous avons de ces fautes 

  • Absolution

Quand nous allons nous confesser, nous recevons le pardon de Dieu et de l’Eglise, car notre péché ne fait pas du mal qu’à Dieu, il fait aussi du mal aux autres, et à nous- mêmes.

L’absolution n’est pas automatique ; au sens ou le prêtre peut nous la refuser pour une raison majeure, telle que le non désir de conversion, ou une conduite qui dure depuis trop longtemps sans effort de notre part ; ou encore le manque évident de regret.  

 Le fait est, que la grâce consécutive au sacrement de confession est effective suivant la vérité de notre cœur. On ne peut donc aller se confesser dire sa liste de péchés sans regret , juste pour pouvoir communier à Pâques ou à une autre fête religieuse , ou encore pour se faire bien voir de notre entourage. Il y a dans ce cas un autre péché qui se rajoute : on se moque de Dieu ! La confession n’agit pas comme un distributeur automatique, il ne suffit pas d’appuyer sur le bouton pour recevoir l’absolution !   Seul le regret sincère de notre cœur peut nous l’obtenir par l’intermédiaire du Prêtre, au nom du Christ.

Lors du sacrement de confession nous marquons notre regret sincère et notre engagement dans une voie de conversion en récitant l’acte de contrition.

« Mon Dieu, j'ai un très grand regret de t’avoir offensé, parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable et que le péché te déplait. Je prends la ferme résolution avec le secours de ta sainte grâce de ne plus t’offenser et de faire pénitence. »

 Après cela peut venir l’absolution du prêtre

 Il est clair aussi que cette prière n’est pas une formule magique ou administrative !! Elle doit vraiment procéder de notre cœur, car si on peut abuser le prêtre, lui faire croire que l’on regrette sincèrement alors que ce n’est pas le cas, on ne trompe pas Dieu !!!

  • Pénitence, réparation

A l’issue de la confession, le prêtre nous donne  une pénitence, une réparation à vivre. Il s’agit souvent d’une prière à réciter mais cela peut être aussi un acte concret à poser. 

Cette pénitence ou réparation n’est pas quantitativement proportionnelle à nos fautes, elle est simplement la marque de notre repentir, de l’offrande de notre cœur à Dieu pour reprendre sérieusement, amoureusement la route avec Lui.

Nous ne devons donc pas vive cette réparation ou pénitence à la va vite, ou en nous disant « Chouette ! Ce n’est pas cher payé ! » Mais en ayant le cœur tout tourné vers Dieu, reconnaissant pour sa miséricorde et ayant le désir de mieux répondre à son amour dans l’avenir

Pénitence, réparation égalent donc conversion. Il ne s’agit jamais de poser un acte de pénitence, de réparation, pour vivre ensuite de la même façon qu’avant !!! Ce serait se moquer de la grâce de Dieu !

Qu’est-ce que la pénitence ? Qu’est-ce que la réparation ?

Généralement on emploie ces deux mots dans un même sens que l’on pourrait traduire par faire amende honorable, satisfaire, c'est-à-dire poser un geste qui exprime notre regret et notre désir de changer. Mais on peut aller un peu plus loin et mieux les définir.

  • Pénitence

La pénitence est l’acte qui me permet de marquer mon regret sincère,  (j’ai cassé le vase mon amie, je lui demande pardon) elle peut aussi aller plus loin que la démarche de confession de parole et devenir un geste  qui me coute, un geste de privation (par exemple le jeûne) et c’est un geste qui me procure une certaine paix intérieure

  • Réparation

La réparation elle, indique plus l’amour que j’ai pour la personne que j’ai blessée,  (j’ai cassé le vase de mon amie, je vais lui en racheter un autre pour le remplacer) dans la réparation je me dépasse, et je m’oublie dans l’unique souci d’aimer l’autre

D’où l’emploi des deux mots dans le sacrement de la confession, puisqu’à la fois on marque notre regret et on veut faire amende honorable.

Cependant la réparation peut aller plus loin si l’on considère la peine temporelle qui reste après la confession.

  • Peine temporelle

 Qu’est-ce que la peine temporelle ? Quand on va se confesser, on se réconcilie avec Dieu qui nous remet la peine éternelle due à la rupture d’amour avec Lui, mais il reste que l’ordre de nos relations humaines doit être lui aussi rétabli pour vivre en pleine communion avec les autres (qui sont le Corps du Christ).  C’est là que réside la peine temporelle : il faut réparer ce désordre ! Ex : j’ai volé, certes je regrette mon vol, je m’en confesse et me retrouve dans l’intimité de Dieu, mais il n’en reste pas moins que je dois réparer le tort fait par ce vol ; il me faut donc rembourser ou réparer comme je le peux !

On oublie souvent ceci aujourd’hui, mais que nous le voulions ou non la peine temporelle existe pour chacune de nos fautes, et nous avons à les réparer, non par légalisme mais dans l’amour !!! Si nous y prenions garde  il est certain que nous pécherions moins !!!!

Nous voyons donc bien ici que la réparation se référant aux fautes doit se vivre concrètement, et pas uniquement lors de la confession, mais bien à chaque fois que nous prenons conscience de notre faute, que nous la regrettons. 

Il est certain que toute réparation demande le discernement  car nous ne pouvons réparer nos fautes pour notre propre soulagement, il nous faut le vivre pour le bien de la personne offensée ... Par exemple si nous l’avons calomniée gravement, il n’est sans doute pas judicieux d’aller le lui dire, car elle risque non seulement de pécher elle-même par dépit et colère, mais surtout elle va en être profondément meurtrie en son cœur.  Ce n’est pas là le but de la réparation, puisqu’elle est normalement dirigée vers le bien de l’autre !

Alors la question se pose :

 Quand et comment vivre la pénitence et la réparation ?

Tout d’abord il est clair que la pénitence ou la réparation ne peuvent se vivre que dans l’amour, parce que l’on a le regret sincère d’avoir fait du mal à l’autre, que cet autre soit Dieu ou une personne. On ne peut les vivre pour une autosatisfaction personnelle. Et on comprend bien que si c’est l’amour de l’autre qui est en cause, on est loin d’une punition légale, ou tarifaire.

Un autre aspect est que la pénitence comme la réparation doivent être vécues dans une réelle humilité, cela peut sembler évident au premier abord, mais dans la pratique on se rend bien compte que l’orgueil peut très vite s’en mêler et faire que l’on soit fier de soi! « Qu’est-ce je suis bien Seigneur, tu as vu j’ai jeûné trois jours ! » ou  encore, « Qu’est-ce que je suis bien j’ai aidé plusieurs pauvres cette semaine! »  Non ! Dieu n’a que faire de notre satisfaction personnelle, il attend le don de notre cœur en toute vérité, en toute humilité dans la réparation du mal que nous avons commis

  • Quand réparer ?

Aussi souvent que je commets des fautes, que je blesse Dieu ou les autres. Et surtout dès que ma conscience et mon cœur me montrent ma faute. 

Dieu n’est pas un Dieu du lendemain, il est toujours présent à nos côtés, ayons donc ce bon réflexe en reconnaissant notre faute de la confesser immédiatement à Dieu en notre cœur, (ensuite nous irons à la confession dès que possible) et voyons à poser un acte de repentir de réparation envers Dieu si la faute se passe uniquement entre lui et moi (par exemple : c’est l’heure de la prière, mais je préfère reste regarder la fin du film ! C’est Dieu que je mets dehors à ce moment là, la faute est donc entre lui et moi)  et envers les autres, si du moins ils sont concernés par ma faute et que je peux le faire. 

Cela demande, il est vrai, une certaine acuité de cœur, de conscience. Cette acuité se développe avec la pratique de s’examiner en toute vérité régulièrement. Dans l’Eglise on appelle cela « faire son examen de conscience ». Il se vit généralement le soir  avant de se coucher. On prend le temps devant Dieu, de repasser sa journée, voyant ce qui a été bien et ce qui ne l’a pas été. Cet exercice régulier sensibilise notre cœur à l’amour manqué, à la blessure causée, et par là même, le désir de réparer s’accroit tout naturellement. Remarquons que l’examen de conscience n’a rien à voir avec une check liste du négatif, ou un retour sur soi ! Il est relecture de la journée devant Dieu, au cœur de l’amour de Dieu ! Il est source de vie non de dépression !

  • Comment réparer ?

 La réparation peut prendre bien des formes et il n’y a pas de limites effectives à la réparation de même qu’il ne peut y avoir de liste de réparation. Cela dépend avant tout de notre amour de Dieu, de notre amour des autres 

Cependant il y a quelques normes à respecter : La réparation  doit être vécue dans la charité, dans l’humilité, en toute proportion et dans le discernement.

Notre acte de réparation doit pouvoir être accepté par l’autre et surtout ne jamais l’écraser ou le gêner. Il n’est donc pas toujours nécessaire que la personne sache que cet acte est une réparation. Cet acte ne doit pas non plus porter préjudice à ma santé ; ni être une gêne pour ceux qui m’entourent (famille par exemple). Je ne peux réparer un mal en en causant un autre !

Il arrive que nos fautes ne puissent se réparer directement auprès de la personne à qui nous avons fait du mal consciemment ou inconsciemment, surtout si cette faute a eu des conséquences graves et irréversibles.

 Prenons le cas de quelqu’un de raisonnable en temps ordinaire, mais qui une fois se laisse dépasser par la fête et boit un peu trop. Il pense pouvoir prendre la route mais ses réflexes sont ralentis, et ce qui risquait d’arriver arrive, il a un accident et tue un homme, un père de famille. Jamais il ne pourra rendre ce père à cette famille, et il y a fort à parier que cette famille mettra pour le moins beaucoup de temps à lui pardonner ce drame, si elle y parvient. Alors demander le pardon de Dieu, oui ! Mais comment réparer ?  De manière indirecte, il ne peut ramener cet homme à la vie, mais il peut contribuer à en sauver d’autres, déjà en évitant de boire lorsqu’il conduit, mais aussi peut être en se mettant au service d’une association luttant contre les accidents de la route, conte l’alcool au volant, il peut aussi apporter son aide dans la rééducation auprès des blessés de la route  ....

Il nous est souvent difficile de discerner nous-mêmes la réparation adéquate à vivre, car tout notre affectif est touché, c’est pourquoi il bon d’en référer à notre guide spirituel, à notre confesseur. La réparation demande de la prudence et de l’humilité, autant que du courage et de l’amour. Et l’obéissance au guide  ou au confesseur est alors une excellente précaution.

Rappelons-le, la réparation ne nous est pas facultative devant Dieu, elle est liée à la peine temporelle. Nous avons à redresser le tort que nous avons causé ! Or nous l’avons dit ; chaque faute traine derrière elle une peine temporelle ! Que nous le voulions ou non cela est !

Nous oublions souvent cette réparation de nos torts, on se contente de la prière donnée par le prêtre et on retourne bien vite à notre vie, à nos petites habitudes à nos penchants, à nos travers, et au bout du compte notre conversion ne se fait pas et la raison en simple, c’est que comme le dit l’évangile «  on a montré bien peu d’amour » !

Pour qui  peut-on vivre la pénitence et la réparation.

On peut ici considérer qu’il existe deux niveaux. Le premier niveau de pénitence ou de réparation est de réparer ses propres fautes devant Dieu et devant les hommes.  Ce niveau est déjà bon, mais il en est un second qui conduit à faire pénitence, à réparer pour les autres ! Et celui là demande de l’humilité ainsi que beaucoup d’abnégation dans l’amour ; il est à proprement parler union d’amour à Jésus Crucifié. 

  • Réparer pour nous mêmes

Nous avons vu plus haut que nous recevons le pardon de Dieu et de l’Eglise  car si notre péché fait du mal à Dieu, il fait aussi du mal aux autres, ainsi qu’à nous-mêmes Notre premier devoir de réparation concerne donc nos propres fautes, nous avons à réparer pour nous-mêmes. Si nous parvenons à vivre dans cet esprit de réparation pour chacune de nos fautes, nous avons déjà atteint un bon niveau dans la relation d’amour à Dieu et aux autres. Mais il existe, même si on en parle peu à cause de son exigence, un autre niveau qui va plus loin  c’est celui de la réparation pour les autres. 

  • Réparer pour les autres  

Si on conçoit que l’on peut ou doit réparer pour nos fautes, on a plus de mal à concevoir de réparer pour les autres, surtout s’ils nous sont inconnus ou si nous avons été blessés par eux.  On va donc développer un peu ce point particulier

Généralement quand on aborde cette dimension on s’entend dire : «  j’ai bien assez à réparer mes fautes sans m’occuper de celles des autres ... »  ou encore : «  Pourquoi réparer pour les autres, je ne suis pas meilleur qu’eux ... ce serait me prendre pour qui ? Pour un saint ? Mais je ne suis pas un saint ! »

En cela il y a du vrai et il est nécessaire ici de bien recentrer l’esprit de pénitence, de réparation. On peut arriver à accepter de réparer pour les autres si au lieu de regarder à l’humain et à la faute, on regarde à la blessure faite au Cœur du Christ, dans l’amour fraternel qui doit être celui de tous les chrétiens, de tous les disciples du Christ. Il nous faut donc apprendre à détacher notre regard de la terre pour le lever vers la croix !

Si nous avons un ami malade, nous allons le voir, cela  nous semble normal. Mais si ce même ami se met à faire n’importe quoi, à prendre un chemin de destruction, de perdition, alors là, nous nous désolidarisons de lui, prétextant qu’il nous va nous causer trop d’ennuis, qu’il est la honte de la société, de la famille...etc. Or, si cela peut se comprendre dans la vie du monde cela ne peut s’accepter dans la vie chrétienne où nous célébrons un Dieu mort pour nos péchés et ressuscité pour nous redonner la Vie.

Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : 6 - Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. 7 - Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes.  S'étant comporté comme un homme, 8 - il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix !   Phil 2/5.8

Nos frères et sœurs sont à aimer  et à porter en toutes circonstances et particulièrement quand ils en ont le plus besoin. Il ne s’agit pas d’agir inconsidérément ou de se mettre en danger mais il s’agit de ne pas les abandonner. S’il est possible de les rencontrer concrètement, de les soutenir psychologiquement, affectivement, médicalement, maternellement, alors il faut le faire car ne rien faire et dire «  mon frère je t’aime » ou « ça fait pitié » ça ne sert à rien. C’est du sentimentalisme mais pas de l’amour fraternel !

Parfois il est impossible de soutenir concrètement quelqu’un, mais il est toujours possible de le soutenir spirituellement notamment par la prière, et les actes de réparation. Ce sont là des engagements d’amour et Dieu n’est jamais en reste face à notre amour !

Il est important de bien comprendre que nous vivons en Eglise, c'est-à-dire que devant Dieu nous ne formons qu’un seul corps ou chaque membre est solidaire des autres. Conscient de cela, nous avons à nous efforcer de vivre en réel esprit de fraternité, de charité, de réparation dans l’amour pour les autres, tout autant que pour nous-mêmes.

Notre réparation est alors toute tournée vers Dieu au profit des pécheurs. On ne se situe pas là dans une ascèse pour améliorer le niveau moral de la société, mais bien dans une ascèse qui désire consoler le Cœur blessé de Dieu et ce en vue du salut des âmes.  

Le péché quand il s’installe de façon chronique dans un cœur, a entre autre conséquence d’empêcher de voir la réalité ...Par exemple : jouer aux cartes une ou deux fois en passant et tricher est une faute certes, mais se laisser gagner par le jeu de manière invétérée, rend aveugle, on ne juge plus sainement, on est dépassé par la passion, par le vice.  Comment une telle âme, si aveuglée, pourra-t-elle revenir à Dieu ?

C’est à ce niveau que la réparation pour les autres est importante.  L’amour fraternel en est le ressort. On entre là dans le domaine de la compassion.  Si j’ai un ami malade, je serai peiné de le voir souffrir, de le voir hospitalisé, et bien que je sois moi-même bien incapable de l’opérer de le soigner, je vais aller le voir, le soutenir de ma présence, de mon affection, et cela l’aidera à passer l’épreuve. Il en va de même pour la réparation au profit des âmes. Quand nous aimons Dieu, nous pouvons saisir intérieurement la blessure que cela occasionne dans son Cœur, nous pouvons saisir aussi la détresse spirituelle de l’âme en état de péché, et notre plus grand désir devient alors d’aider cette âme afin qu’elle trouve le chemin de la paix et du bonheur, et qu’ainsi le Cœur blessé de Jésus en soit pansé, consolé. Nous ne pouvons rien de nous-mêmes pour l’âme, mais Dieu peut tout, et notre amour tant pour Dieu que pour l’âme peut devenir un réel levier dans la conversion.

Le premier commandement de Dieu, ce n’est pas de convertir les autres à la religion, c’est de les aimer, et de les aimer, comme lui nous a aimés, en donnant sa vie sur la Croix, indépendamment de notre réponse, avant même notre réponse. Réparer pour les autres nous inscrit dans cet amour, et il n’y a là aucun sentiment de supériorité, car nous savons bien que par nous-mêmes nous ne valons rien. Nous aussi nous sommes pécheurs et tombons tous les jours ! Notre faiblesse cependant ne nous interdit pas l’amour !!!

Il ne s’agit pas non plus d’un marchandage avec Dieu ; « Seigneur je t’offre ce jeûne, mais tu convertis cette personne » !  Non, la réparation est un acte de consolation du cœur de Dieu,  c’est cette consolation qui génèrera la grâce pour les âmes ... mais en aucun cas ce ne peut être un marchandage ! Il faut tout abandonner entre les mains de Dieu ! Et accepter même de ne jamais voir les fruits de notre offrande d’amour !

La réparation est un acte d’amour, d’humilité, de foi et d’abandon entre les mains de Dieu.  Il est clair que cela demande aussi un suivi spirituel, car il faut veiller à l’équilibre tant physique qu’affectif et spirituel. On ne peut prendre ce chemin de réparation pour les âmes, tout seul.

Par ailleurs on voit poindre aujourd’hui notamment sur internet des sites qui, devant les péchés au sein de l’Eglise, prône une pénitence radicale, telle que la flagellation, ou le port du cilice. ... Soyons clairs, l’église ne condamne pas de telles pratiques en soi, bien des saints les ont utilisées, mais il faut bien voir avec quel esprit elles sont pratiquées ! Seul l’amour pur les rend valides, et s’il y a la moindre parcelle de jugement ou d’esprit de supériorité alors la réparation elle-même devient caduque, car elle ne procède plus de l’amour gratuit, elle ne procède plus de l’humilité évangélique. Et dès lors on se leurre soi même, si l’on croit réparer ainsi selon le cœur de Dieu !

Ayons bien conscience que toute pénitence, toute réparation qu’elle soit pour nous mêmes ou pour les autres, ne vise pas à payer une dette, mais à vivre un élan d’amour, un acte d’amour envers Jésus. Ce qui compte donc le plus, ce n’est pas que cela nous coûte ou nous fasse souffrir, Dieu ne cherche pas à nous faire payer, à nous punir, à nous martyriser, ce qu’il désire c’est l’amour de notre cœur, c’est l’amour que nous mettons dans nos actes quels qu’ils soient. Je peux dire 3 « Notre Père » mais si pendant ce temps je pense à mes casseroles, je n’ai pas l’amour et mon cœur est centré sur ce que j’ai à faire non sur Dieu ! Je peux jeûner, mais si je jeûne pour quelqu’un en soupirant après le morceau de viande que je ne peux manger, ou est l’amour de Dieu, où est l’amour de mon frère ? ...

On touche ici à la finesse de cœur, à la racine du cœur, et sans guide on se heurte immanquablement aux écueils du « faire pour le autres », de l’orgueil, de l’autosatisfaction  etc. ...

Le chemin de la réparation est le chemin de l’offrande de soi, de l’oubli de soi, et il est vraiment capital de s’y soumettre au discernement de l’Eglise c'est-à-dire du guide spirituel ou du confesseur.

Conclusion

Jésus s’est offert totalement, gratuitement, pour nous en mourant sur la croix. Chaque jour nous pouvons découvrir en notre vie, en notre cœur à quel point nous sommes pécheurs. Qui de nous peut affirmer avoir « remboursé » Jésus de sa mort sur la croix, pour lui ? Nul ne le peut !  Nous avons tous besoin quotidiennement du pardon de Dieu. Nous sommes des sauvés par la foi, dans l’amour du Christ et en aucune façon par nos propres mérites. Nous blessons sans cesse l’amour du Christ, l’amour du Père, l’amour de L’Esprit Saint par nos manquements, nos démissions, nos compromis, nos péchés qu’ils soient grands ou petits, qu’ils soient véniels ou mortels. En tout cela c’est l’amour de Dieu qui est bafoué. Et aucune peine légale ne peut  réparer l’amour blessé, seul un acte d’amour et d’amour gratuit le peut.

Voilà ce qu’il y a lieu de réparer : l’amour blessé. La manière de le faire est secondaire, ce qui importe c’est que ce soit un réel acte d’amour, d’amour gratuit vers Dieu, vers les autres. Dieu nous invite à nous aimer ainsi les uns les autres, car aimant les autres c’est Lui que nous aimons  Cette invitation signifie que nous pouvons réparer  pour nous-mêmes comme pour les autres, il nous suffit d’offrir des actes d’amour gratuit à Dieu, pour réparer les blessures faites à son Cœur, pour réparer son amour blessé bafoué ...  on rejoint là le grand commandement de Dieu

" Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? " 37 - Jésus lui dit : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : 38 - voilà le plus grand et le premier commandement. 39 - Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.   Mat 22/36.39

La gratuité est importante, car nous ne pouvons réparer en exigeant telle ou telle grâce de conversion, ce serait alors du marchandage (je fais ceci mais tu me donnes cela). Dieu nous a aimés gratuitement il nous appelle à aimer comme lui, c'est-à-dire gratuitement. Ainsi, nous offrir dans la réparation, c’est nous unir à Jésus sur la Croix, dans son sacrifice d’amour. De même que sur la Croix il nous a signé « un chèque en blanc » de même nous aussi, nous nous offrons sans exigence de retour, dans la pleine confiance en l’amour de Dieu.

Un autre facteur est important, celui de l’humilité, humilité qui se vit entre autre dans l’obéissance au guide spirituel, ou au confesseur. Jésus lui-même n’a pas décidé seul de mourir sur la croix, il a obéi au Père.

« ..il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix ! » Phil 2/8

Alors nous aussi nous devons nous situer dans l’obéissance quant à la réparation surtout si nous désirons vivre cela de façon relativement « radicale ». L’obéissance nous dépossède de nous mêmes pour nous en remettre à la confiance en l’autorité, en Dieu. Et cet abandon dans la confiance est un grand acte d’amour !

Alors, si nous avons découvert l’amour de Dieu, si nous avons découvert l’importance de consoler le Cœur blessé de Dieu et l’importance d’une vie fraternelle solidaire, nul doute  que notre vie va changer, que notre amour de Dieu et des autres va évoluer.

Rappelons-nous cette parole du Seigneur :

« Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 - Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. 14 - Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande ».   Jean 15/12.14

Et pour Jésus, « ceux que l’on aime », c’est tout le monde, y compris ceux qui nous font du mal, ceux qui se font nos ennemis.

- " Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 - Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, 45 - afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. 46 - Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-il pas autant ? 47 - Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? 48 - Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.     Mat 5/43.48

Réparer c’est donner notre vie à Dieu pour l’amour de Lui et des âmes ... Puissions nous toujours grandir dans ce chemin d’amour !

 

 Myriam de Gemma

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