Zenon de VERONE
Zénon de Vérone (300-371) Ecrits
Job et le Christ.
Autant qu'il nous est donné de le comprendre, frères très chers, Job offrait une préfiguration du Christ. Comparons-les pour saisir cette vérité. Job est appelé par Dieu un homme juste. Le Christ est la justice, et tous les bienheureux se désaltèrent à sa source ; car c'est de lui qu'il est dit : Pour vous se lèvera le soleil de justice. Job est appelé un homme vrai. Mais la vraie vérité, c'est le Seigneur, qui dit dans l'Évangile : Moi, je suis le Chemin et la Vérité.
Job fut riche. Et y a-t-il plus riche que le Seigneur, lui dont tous les riches sont les serviteurs, lui qui possède le monde entier et toute la nature, comme dit saint David : Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants. Le diable tenta Job par trois fois. De même, d'après l'Évangile, il a essayé par trois fois de tenter le Seigneur. Job a perdu toutes les richesses qu'il avait. Et le Seigneur a délaissé par amour pour nous tous les biens au ciel ; il s'est fait pauvre pour nous rendre riches. Le diable, dans sa fureur, a fait mourir les fils de Job. Et le peuple pharisien, dans sa folie, a tué les fils du Seigneur, les prophètes. Job fut couvert d'ulcères. Et le Seigneur, en s'incarnant, a été souillé par les péchés de tout le genre humain.
La femme de Job l'exhorte à pécher. Et la Synagogue pousse le Seigneur à imiter la conduite corrompue des anciens. On nous rapporte que les amis de Job l'insultèrent. Et le Seigneur a été insulté par ses prêtres, par ses adorateurs. Job est assis sur un fumier plein de vermine. Le Seigneur lui aussi gisait sur un véritable fumier, c'est-à-dire sur la boue de ce monde, parmi des hommes qui sont une véritable vermine, tout bouillants de crimes et de convoitises diverses.
Job a retrouvé la santé et la richesse. Le Seigneur, en ressuscitant, a donné à ceux qui croient en lui non pas seulement la santé, mais l'immortalité, et il a retrouvé sa domination sur toute la nature, comme il l'a lui-même affirmé : Tout m'a été confié par mon Père. Job a engendré des fils pour le remplacer. Le Seigneur aussi, après les prophètes, a engendré ses fils, les saints Apôtres. Job, ayant retrouvé le bonheur, s'est endormi dans la paix. Et le Seigneur demeure béni éternellement, avant les siècles, et à partir des siècles, et pour tous les siècles des siècles.
HOMÉLIE DE SAINT ZÉNON DE VÉRONE SUR JOB