Notre Dame de Fatima 

 

La Vierge Marie est apparue en 1917 à Trois petits bergers, les petits pastoureaux, comme on les appelait en ce temps là; il s'agit de : Lucia, l'ainée des trois, née le 22 mars 1907, Francesco né le 11 juin 1908, cousin germain de Lucie, et Jacintha soeur de Francesco, née le 10 mars 1910.

 
LES APPARITIONS DE L'ANGE

La première manifestation divine s'est traduite par l'apparition de l'Ange au printemps 1916.

- Ne craignez pas! Je suis l'Ange de la Paix, annonça-t-il aux enfants. Priez avec moi !

S'agenouillant à terre, il courba le front jusqu'au sol, et récita alors trois fois cette prière: "

Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et ne vous aiment pas !"

Poussés par un mouvement surnaturel, les enfants répétèrent les paroles.

- Priez ainsi!, continua-t-il, les Coeurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications.
Et il disparut.

L'Ange se montra une seconde fois aux enfants quelques semaines plus tard:

"Que faites-vous? leur dit-il, Priez, priez beaucoup ! Les Coeurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices."

- Comment devons-nous nous sacrifier ? demanda Lucie.

- De tout ce que vous pourrez, offrez un sacrifice au Seigneur, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l'Ange du Portugal. Par dessus tout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra.

 "Puis à l'automne, raconte Lucie, alors que nous avions récité notre chapelet et la prière que l'Ange nous avait enseignée à sa première apparition, il nous apparut une troisième fois, tenant à la main un calice, et, au dessus de celui-ci une Hostie, d'où tombaient dans le calice quelques gouttes de sang. Laissant le calice et l'Hostie suspendus en l'air, il se prosterna à terre, et répéta trois fois cette prière :

«Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, des sacrilèges et des indifférences par lesquels il est Lui-même offensé ! Et par les mérites infinis de son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs»

Puis, se levant, continue Lucie, il prit de nouveau le calice et me donna l'hostie, et donna à boire ce que contenait le calice à Jacinthe et à François, en disant en même temps:

 «Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ! »

De nouveau, il se prosterna à terre, et répéta avec nous, encore trois fois, la même prière: Très Sainte Trinité...», et il disparut."

 

LES APPARITIONS DE LA VIERGE MARIE A LA COVA DA IRIA

APPARITION DU 13 MAI 1917

Quelque temps plus tard, la "Dame vêtue de blanc", comme la décrit Lucie, "plus brillante que le soleil, qui rayonnait une lumière plus vive et plus intense qu'une coupe de cristal remplie d'eau pure, traversée par les rayons ardents du soleil", se montre aux enfants à un endroit appelé la Cova Da Iria, là où les moutons aimaient aller:

«N'ayez pas peur! dit-elle. Je ne vous ferai pas de mal.»

- D'où êtes-vous? demande Lucie

- Je suis du Ciel.

- Et que voulez-vous de moi ? poursuit Lucie.

- Je suis venue pour vous demander de venir ici six mois de suite, le 13 de chaque mois, à cette même heure. Plus tard je vous dirai qui je suis et ce que je veux.

- Et moi, demande Lucie, j'irai aussi au Ciel ?

-Oui, tu iras.

- Et Jacinthe?

-Aussi.

- Et François ?

-Oui, il ira; mais il devra dire beaucoup de chapelets.

- Et Marie du Rosaire, la fille de José das Neves, est-elle au Ciel ?

- Oui, répond la Dame.

- Et Amélie ?

- Elle sera en Purgatoire jusqu'à fin du monde.

Puis, la Vierge Marie demande:

- Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés qui l'offensent, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?

- Oui, nous le voulons.

- Eh bien, vous aurez beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

Les enfants tombèrent alors à genoux pour réciter des prières. Puis la Dame blanche conclut:

- Dites le chapelet tous les jours, ajouta enfin la blanche Dame, afin d'obtenir la paix pour le monde, et la fin de la guerre.

APPARITION DU 13 JUIN 1917

Une cinquantaine de personnes sont présentes à La Cova Da Iria; elles récitent le chapelet. Alors qu'elles entament les litanies de la Sainte Vierge, Lucie les interrompt, avant de s'écrier: "Jacinthe, Notre-Dame va venir ; voilà l'éclair !"

Joignant les mains devant elle et levant les yeux, Lucie poursuit : " Vous m'avez demandé de venir ici. Dites-moi, s'il vous plaît, ce que vous voulez."

- Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous récitiez le chapelet tous les jours, et que vous appreniez à lire. Plus tard, je vous dirai ce que je veux.

Lucie fit cependant une requête: "Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel !"

-Oui, répondit la Vierge Marie, Jacinthe et Francesco je vais les emmener bientôt. Mais toi, tu resteras ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. II veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé.

- Je resterai ici toute seule ? demanda Lucie, inquiète

- Non ma fille! Tu souffres beaucoup ?... Je ne t'abandonnerai jamais. Mon Coeur Immaculé sera ton refuge, et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu.

Et la Mère de Dieu disparut.

 APPARITION DU 13 JUILLET 1917 - "Ceci, ne le dites à personne", le secret ! (*1)

Comme pour répondre au curé qui doutait des apparitions, ou plutôt qui en donnait la paternité au démon, la Vierge Marie commençe la conversation avec Lucie en ces termes: "C'est moi... Je viens du Ciel... En Enfer il ne peut pas y avoir tant de blancheur... tant de lumière. Surtout, il n'y a pas tant de bonté et de douceur..."

-Que voulez-vous de moi ? demande une nouvelle fois l'enfant.

- Je veux que l'on revienne ici le 13 du mois prochain ; que l'on continue à réciter le chapelet tous les jours, en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, car Elle seule peut vous secourir.

- Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle pour que tout le monde croie que vous nous apparaissez.

- Que l'on continue à venir ici tous les mois. En Octobre, je dirai qui je suis, et ce que je veux; et je ferai un miracle que tout le monde verra pour croire.

Elle ajoute: «Sacrifiez-vous pour les pécheurs, dit-elle, et dites souvent, spécialement chaque fois que vous ferez un sacrifice : 0 Jésus, c'est pour votre amour, pour la conversion des pécheurs, et en réparation pour les péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie.»

Aux demandes de guérison formulées par Lucie, Notre-Dame répond que la grâce ne sera pas consentie à toutes.

La Vierge Marie montre ensuite l'enfer, première des trois parties du secret, aux trois enfants effrayés:

- Vous avez vu l'Enfer, ou vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront, et on aura la paix ! La guerre va finir; mais si l'on ne cesse pas d'offenser Dieu, une autre, pire, va commencer sous le règne de Pie XI. Quand vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue(*2), sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine, et des persécutions contre l'Église et contre le Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Coeur Immaculé, et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira, et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés; le Saint Père aura beaucoup à souffrir ; plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Coeur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi... Ceci, ne le dites à personne. A François seulement vous pouvez le dire(*3). Quand vous dites le chapelet, dites après chaque dizaine: "O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l'enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de Votre Miséricorde."

Comme abasourdie parce qu'elle venait de voir et d'entendre, on la comprend aisément, Lucie laisse passer un court instant de silence avant de questionner encore : "Vous n'avez plus rien à me demander?"

- Non, aujourd'hui je ne te demande plus rien.

Un coup de tonnerre marqua la fin de l'entretien et de la vision.

(*1) La révélation du secret concerne ici les deux parties, la troisième partie est décrite au bas de la page.

(*2) Une aurore boréale illumina le ciel dans la nuit du 24 au 25 janvier 1938

(*3) Présent à toutes les apparitions, Francesco n'a jamais entendu les paroles de la Vierge Marie, ni celles de l'Ange.

 Cova da Iria au temps des apparitions

 13 AOUT 1917

Six mille personnes sont présentes à la Cova Da Iria, mais les enfants ne sont pas là, car l'Administrateur en opposition aux apparitions les avait séquestrés. (Ils furent relâchés le 15 Août). L'apparition programmée n'eut lieu donc pas ce jour là.

APPARITION DU 19 AOUT 1917

A la traditionnelle question de Lucie: "Que voulez-vous de moi ?", la Vierge Marie répondit:

- Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13, et que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours.

Lucie redemande à Notre-Dame de faire un miracle, pour que tout le monde croie.

- Oui, répondit la Vierge, le dernier mois, en Octobre, je ferai un miracle pour que tout le monde croie à mes apparitions. Si on ne vous avait pas emmenés à la ville, le miracle aurait été plus grandiose. Saint Joseph viendra avec l'Enfant Jésus, pour donner la paix au monde. Notre Seigneur viendra aussi pour bénir le peuple. Notre-Dame des Douleurs viendra aussi, et Notre-Dame du Carmel.

Lucie demande alors ce qu'il faut faire de l'argent laissé par les gens au pied du chêne-vert à la Cova da Iria.

- Je veux que l'on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l'un avec Jacinthe et  deux autres petites filles habillées de blanc. L'autre, François le portera avec trois autres garçons comme lui, vêtus d'aubes blanches. Ce sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire. Ce qui restera de l'argent, servira pour aider à construire une chapelle.

- Je voudrais vous demander la guérison de quelques malades, demande encore Lucie.

- Oui, j'en guérirai certains dans l'année.

Mais prenant un air triste, elle ajoute:

- Priez, priez beaucoup et faîtes des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie et prie pour elles.

La Vierge Marie s'élève alors vers le ciel, mettant fin à l'entretien

 

APPARITION DU 13 SEPTEMBRE 1917

Plus de 25000 personnes se sont rassemblées à la Cova Da Iria dans l'attente de l'apparition.

- Que voulez-vous de moi ? demande, comme toujours, Lucie.

- Continuez à réciter le chapelet tous les jours pour obtenir la fin de la guerre ! lui répond la Vierge. En Octobre, viendront aussi Notre Seigneur, et Saint Joseph avec l'Enfant Jésus, pour bénir le monde. Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour.(*1)

- On m'a priée de vous demander beaucoup de choses, dit Lucie : Une petite fille qui est sourde... Vous ne voulez pas la guérir ?

-Au cours de l'année elle éprouvera du mieux... J'en guérirai quelques uns ; les autres, non, parce que Notre Seigneur ne se fie pas à eux.

Avant de mettre fin à son apparition, la Vierge Marie promit: "En octobre, je ferai le miracle, pour que tous croient."

(*1) Pour obtenir la conversion des pécheurs, les enfants avaient ceinturé leur corps d'une corde qu'ils portaient jour et nuit, ce qui les faisaient souffrir.

 

APPARITION DU 13 OCTOBRE 1917

Ce 13 octobre, malgré la pluie, la foule vint nombreuse pour assister au miracle prédit (plus de 50.000 personnes).

A la demande traditionnelle de Lucie, "Que voulez vous de moi ?", la Vierge Marie répondit:

- Je veux te dire que l'on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l'on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux.

Lucie sollicite à nouveau la guérison de malades.

- Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu'ils se corrigent, qu'ils demandent pardon de leurs péchés.

D'un air grave, Notre Dame rajoute:

- Que l'on n'offense pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car il est déjà trop offensé!

- Vous ne voulez plus rien de moi, questionne enfin Lucie ?

- Non, je ne demande plus rien.

- Alors, je ne demande plus rien non plus.

Après que la Vierge Marie eut disparu, et alors que les enfants ont la vision de la Sainte Famille, puis de la Vierge, sous les traits de Notre Dame des Douleurs et de Notre Dame du Mont-Carmel, le miracle annoncé se produisit, le soleil se met à tourner vertigineusement. Le père de Jacinthe et de Francisco raconte: «Tout à coup, la pluie a cessé, les nuages se sont écartés, laissant la place au soleil ...On pouvait le regarder parfaitement sans en être incommodé. On aurait dit qu'il s'éteignait et se rallumait, tantôt d'une manière, tantôt de l'autre. Il lançait des faisceaux de lumière, d'un côté et de l'autre, et peignait tout de différentes couleurs: les arbres, les gens, le sol, l'air. Le soleil ne faisait pas mal aux yeux. Tout le monde était immobile et silencieux... Tous regardaient le ciel. A un certain moment, le soleil s'arrêta, et puis recommença à danser, à tournoyer; il s'arrêta encore une fois, et se remit une nouvelle fois à danser, jusqu'au moment, enfin, où il parut se détacher du ciel, et s'avancer sur nous. II dégageait une forte chaleur. Ce fut un instant terrible, tout le monde croyait mourir!»

A la suite de quoi, saisie de frayeur, la foule tomba à genoux pour redoubler de prières.

Les voyants de Fatima 

Jacinthe , François, Lucie 

A propos de Soeur Lucie ....

 

Bien chers Amis,

«À Fatima, disait le Pape François le 14 mai dernier, la Vierge a choisi le cœur innocent et la simplicité des petits François, Jacinthe et Lucie, comme dépositaires de son message… Avec la canonisation de François et Jacinthe, j’ai voulu proposer à toute l’Église leur exemple d’adhésion au Christ et de témoignage évangélique, et j’ai aussi voulu proposer à toute l’Église de prendre soin des enfants. Leur sainteté n’est pas la conséquence des apparitions, mais de la fidélité et de l’ardeur avec lesquelles ils ont répondu au privilège de voir la Vierge Marie. Après la rencontre avec la “belle Dame” – comme ils l’appelaient –, ils récitaient fréquemment le chapelet, faisaient pénitence et offraient des sacrifices pour obtenir la fin de la guerre et pour les âmes qui avaient le plus besoin de la divine miséricorde. » Lucie est demeurée sur la terre plus longtemps que ses deux cousins, comme la Vierge le lui avait annoncé.

Le 13 juin 1917, en effet, au cours de la deuxième apparition de Notre-Dame à Fatima, Lucie, la plus âgée des trois jeunes bergers, demande à la céleste visiteuse de les emmener au Ciel. « Oui, répond la Vierge, Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt. Mais toi, tu resteras ici un certain temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par moi pour orner son trône. » Un certain temps ? Ce sera pour Lucie près de quatre-vingt-dix années…

« Nous le voulons ! »

Septième enfant d’Antonio et de Maria Rosa dos Santos, Lucie naît le Jeudi Saint 28 mars 1907, au hameau d’Aljustrel, proche de Fatima, au centre du Portugal. Elle reçoit le Baptême le Samedi Saint. Maria Rosa, femme au cœur plein de tendresse, éduque avec fermeté ses enfants, et, parce qu’elle les aime beaucoup, ne tolère aucun caprice. Au printemps de 1913, Lucie fait sa première Communion. Elle se sent envahie par une paix profonde : « Seigneur, faites de moi une sainte, dit-elle au fond de son cœur, conservez mon cœur toujours pur pour Vous seul ! » On lui confie la tâche de conduire les brebis dans les pâturages ; à partir de 1916, ses cousins François et Jacinthe se joignent à elle. En cette même année, à trois reprises, ils voient un ange qui les exhorte à beaucoup prier et à faire des sacrifices en réparation pour les péchés par lesquels Dieu est offensé. Le 13 mai 1917, la Très Sainte Vierge leur apparaît à la Cova da Iria, un terrain appartenant aux parents de Lucie : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? – Oui, nous le voulons. – Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. Récitez le chapelet tous les jours pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre. »

Dès lors, Lucie commence à rencontrer des épreuves. Malgré sa promesse de garder le secret sur l’apparition, Jacinthe n’a pu s’empêcher de dire ce qu’elle a vu. Mise au courant, la famille de Lucie refuse de croire à la réalité des apparitions. Maria Rosa pense que sa fille ment et elle ne peut le supporter. À partir du 13 juin, de nombreux curieux viennent interroger Lucie : leur sans-gêne importune Maria Rosa. De plus, les cultures de la Cova da Iria sont endommagées par les pèlerins, et on l’impute à Lucie. Quant au curé, il lui déclare que ses visions pourraient bien être une tromperie du démon, ce qui la plonge dans un grand trouble.

Découragée par ces contradictions, Lucie est sur le point de tout abandonner et de dire que cela n’était que mensonge. Elle signifie à ses cousins qu’elle n’ira plus aux rencontres fixées par l’apparition céleste, le 13 de chaque mois, car elle a peur que ce soit le démon. Pourtant, le 13 juillet, poussée par une force mystérieuse, Lucie passe prendre ses cousins pour aller à la Cova da Iria. La belle Dame est fidèle au rendez-vous. Pour la troisième fois, elle demande la récitation quotidienne du chapelet, et, dans la mesure du possible, en famille. Elle confirme qu’il faut offrir des sacrifices pour la conversion des pécheurs, la réparation des outrages envers le Cœur de Jésus et envers son Cœur Immaculé. Puis elle leur confie un secret en trois parties. Elle leur montre, par la vision de l’enfer, le terrible sort réservé aux pécheurs non repentants. Puis elle donne aux hommes un moyen d’éviter ce mal irréparable : la dévotion à son Cœur Immaculé. Cette dévotion pourra aussi obtenir la paix entre les nations. Notre-Dame indique les conséquences dramatiques pour le monde si on ne suit pas ses demandes : une nouvelle guerre éclatera, et des persécutions viendront de la Russie qui répandra ses erreurs dans le monde entier. En revanche, « si l’on écoute mes demandes, affirme la Vierge Marie, la Russie se convertira et on aura la paix ».

Frire dans l’huile

Le 13 août, les trois bergers ne sont pas au rendez-vous. Devant l’ampleur que prennent les événements de Fatima, le gouvernement anticlérical est inquiet ; les enfants sont emmenés contre leur gré à Vila Nova de Ourèm. Là, l’administrateur du district tente de leur faire avouer le secret donné par la Dame ; il va jusqu’à les menacer de les jeter dans une chaudière d’huile bouillante s’ils n’obtempèrent pas. Terrorisés par cette menace, ils ne parlent pourtant pas. Vaincu par leur attitude héroïque, l’administrateur les reconduit chez eux le 15 août. Le 19, Notre-Dame leur apparaît et dit qu’elle fera un miracle en octobre. « Priez, priez beaucoup, dit-elle, et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. » Bien des années plus tard, en 1946, on demandera à sœur Lucie : « Quelle est la principale demande de Notre-Dame ? – Le sacrifice. – Qu’entendez-vous par sacrifice ? – Par sacrifice, Notre-Dame a dit qu’elle entendait l’accomplissement loyal du devoir d’état quotidien de chacun. – Mais le Rosaire n’est-il pas important ? – Si, car nous devons prier afin d’obtenir les forces pour être capables d’accomplir notre devoir quotidien. » Elle précisera dans son livre “Appels du Message de Fatima” : « Beaucoup, plaçant le sens du mot pénitence dans les grandes austérités, ne se sentant ni les forces ni la générosité pour cela, s’abandonnent à une vie de tiédeur et de péché. »

Le 13 octobre, la céleste apparition révèle son nom : Notre-Dame du Rosaire. Elle demande la construction d’une chapelle en son honneur, et insiste encore sur la récitation du chapelet. Enfin, avec beaucoup de tristesse, elle ajoute : « Qu’on n’offense plus Dieu Notre-Seigneur, qui est déjà trop offensé ! » Tandis que l’apparition s’élève dans le ciel, Lucie s’écrie : « Regardez le soleil ! » Alors se produit le signe miraculeux promis pour confirmer la vérité des apparitions. La pluie abondante cesse, les nuages se dissipent, le soleil paraît : chacun peut le regarder sans être ébloui. À trois reprises, l’astre tourne sur lui-même, lançant des faisceaux de lumière qui peignent les gens et le paysage en diverses couleurs. Soudain, toute la multitude, saisie de peur, se met à crier : il semble que le soleil se détache du firmament pour tomber sur la terre ! Beaucoup confessent alors à haute voix leurs péchés, font des actes de foi et de contrition. Cette danse du soleil fut observée par 70000 témoins, dans un rayon de 40 km autour de Fatima. Il ne peut donc s’agir d’une illusion collective. Dès la fin du prodige, les gens constatent que leurs vêtements, auparavant trempés, sont parfaitement secs.

« La Vierge, en rappelant et nous mettant en garde contre le risque de l’enfer où mène la vie sans Dieu – souvent proposée et imposée –, vie qui profane Dieu dans ses créatures, est venue nous rappeler la lumière de Dieu qui demeure en nous et qui nous couvre », disait le Pape François (ibid.). Le message de Fatima est, en effet, celui d’une Mère soucieuse du bien de chacun de ses enfants auxquels elle rappelle que le plus grand mal de l’homme est le péché qui conduit en enfer et provoque les guerres. « Aux yeux de la foi, enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique, aucun mal n’est plus grave que le péché et rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l’Église et pour le monde entier » (CEC 1488). Marie nous invite tous à nous mettre sous la protection de son Cœur Immaculé pour vivre dans la lumière de Dieu et obtenir la paix du monde.

Désormais seule

Le 4 avril 1919, François, atteint de la grippe espagnole, quitte ce monde ; Jacinthe décède du même mal le 20 février 1920. Lucie se retrouve seule pour assurer la mission que le Ciel lui a confiée. En juin 1921, elle rencontre Mgr da Silva, évêque de Leiria, qui devient un père pour elle. Afin de la protéger des curieux, le prélat juge nécessaire de l’envoyer poursuivre ses études au collège des sœurs Dorothées, à Vilar, un faubourg de Porto. Le 15 juin, Lucie, âgée de quatorze ans, quitte définitivement Fatima. Agenouillée une dernière fois à la Cova da Iria, elle pleure et demande pardon à Notre-Dame car elle ne se sent pas capable de lui offrir le sacrifice de son départ. La Sainte Vierge lui apparaît alors et l’encourage, conformément à sa promesse : « Je ne t’abandonnerai jamais, lui avait-elle dit le 13 juin 1917. Mon Cœur sera ton refuge et le chemin qui te conduira à Dieu. » À Porto, Lucie reçoit un nouveau nom : Maria das Dores (des Douleurs). “Dores”, comme on l’appelle, n’a pas le droit de parler des apparitions, ni de son village, ni de sa famille, ce qui est incompréhensible pour ses compagnes et lui attire bien des humiliations. Elle supporte pourtant tout en silence, et offre avec amour les épines qu’elle rencontre, répétant la prière apprise de Notre-Dame : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. » Ici, elle n’est plus la voyante renommée de Fatima, mais une élève quelconque. Elle a cependant un “je ne sais quoi” qui lui donne de l’ascendant sur ses compagnes, la fait respecter et aimer, y compris par les maîtresses. Douée pour les études, Dores voudrait passer au lycée, mais il ne lui est pas possible de le faire sans révéler son identité. Une tempête se lève alors dans son âme : elle désire étudier en vue de pouvoir mieux transmettre le message confié par le Ciel, et veut reprendre en mains les rênes de sa propre vie. Elle épanche sa peine devant le tabernacle : « Ne sois pas triste, lui dit Jésus, tu n’étudieras pas, mais je te donnerai ma Sagesse. Le message est confié aux soins de ma Hiérarchie. »

« Tâche de me consoler ! »

Le 26 août 1923, Dores est admise parmi les Enfants de Marie, et elle se consacre entièrement à Dieu par le vœu privé de chasteté perpétuelle. Durant l’été, elle passe les vacances à la campagne, dans l’entourage de Mgr da Silva, à qui elle ouvre son cœur. Pour l’été de 1925, Maria Rosa rejoint sa fille ; Lucie obtient alors son consentement pour devenir religieuse. Depuis les apparitions, elle se sent attirée par le Carmel, mais on la persuade qu’elle n’a pas la santé pour cela, et qu’elle ferait mieux d’entrer chez les sœurs Dorothées, vouées à l’enseignement. Lucie quitte Porto, le 25 octobre, pour aller comme postulante chez ces religieuses à Pontevedra, en Galice espagnole. Six semaines après son arrivée, le 10 décembre 1925, la Sainte Vierge et l’Enfant-Jésus lui apparaissent : « Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère », dit l’Enfant-Jésus. Notre-Dame ajoute : « Vois, ma fille, mon Cœur entouré des épines que les hommes ingrats y enfoncent à tout instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler, et dis que je promets d’assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme, tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront le chapelet et me tiendront compagnie pendant quinze minutes, en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation. »

En juillet 1926, Lucie rejoint le noviciat à Tuy (Espagne) et y reçoit l’habit, le 2 octobre, sous le nom de sœur Maria das Dores. À la demande de son confesseur, elle met par écrit son témoignage sur la pratique des cinq premiers samedis du mois ; ce texte révèle à nouveau la volonté de Dieu d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Le 3 octobre 1928, malgré son attrait persistant pour la vie cloîtrée, sœur Dores prononce ses premiers vœux chez les sœurs Dorothées. Une de ses principales activités est la lingerie, où elle excelle ; elle sait en effet très bien coudre, et fait tout avec une grande perfection.

Sœur Dores a reçu la permission de rester seule à la chapelle chaque jeudi, de 11 heures à minuit. Dans la nuit du 13 juin 1929, la chapelle s’illumine : sur l’autel apparaît une Croix de lumière qui s’élève jusqu’au plafond. Sous le bras droit de la Croix se trouve Notre-Dame tenant son Cœur Immaculé dans la main gauche : « Le moment est venu, dit-elle, où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen. » Le 29 mai 1930, Notre-Seigneur lui signifie qu’il faut demander au Saint-Père l’approbation de la dévotion des premiers samedis du mois et la consécration de la Russie, qui n’a pas été faite. Cette même année, le 13 octobre, Mgr da Silva proclame solennellement, devant plus de 100000 fidèles réunis à la Cova da Iria, l’origine divine des apparitions.

Un autre martyre

Sœur Dores fait sa profession perpétuelle le 3 octobre 1934. Envoyée peu après à Pontevedra, elle y vit les premiers mois de la révolution communiste espagnole, avant de revenir à Tuy. Elle est disposée à accepter le martyre si Dieu veut lui faire cette grâce. « Il me réserva, dira-t-elle plus tard, un autre martyre, qui parfois n’est pas plus facile, le lent martèlement de la renonciation qui crucifie et immole. » Pendant les années de la Deuxième Guerre mondiale, les vivres se font rares et les sœurs souffrent de la faim. Toutefois, le Portugal demeure préservé du fléau de la guerre, comme Lucie l’avait écrit au Saint-Père, le 2 décembre 1940 : « Notre-Seigneur promet, en prenant en compte la consécration que les évêques portugais ont faite de la nation au Cœur Immaculé de Marie, une protection spéciale à notre pays durant cette guerre, et que cette protection sera la preuve des grâces qu’Il concéderait aux autres nations si elles étaient semblablement consacrées. » Le 31 octobre 1942, le Pape Pie XII consacre l’Église et le monde au Cœur Immaculé de Marie, mentionnant la Russie de manière allusive. Le 4 mai 1943, Sœur Dorès écrit : Notre-Seigneur « promet la fin de la guerre pour bientôt, eu égard à l’acte qu’a daigné faire Sa Sainteté. Mais comme il fut incomplet, la conversion de la Russie sera pour plus tard ». Le 25 mars 1984, Jean-Paul II, en union avec tous les évêques du monde, renouvellera cette consécration. Sœur Lucie écrira alors que cet acte a été fait tel que Notre-Dame l’avait voulu.

Entre 1935 et 1941, à la demande de Mgr da Silva, sœur Lucie écrit quatre mémoires. Tout y est révélé sur Fatima, exception faite de la troisième partie du secret. En 1943, le prélat souhaite qu’elle mette celle-ci par écrit. Très embarrassée, la sœur recourt à Marie qui, le 2 janvier 1944, lui donne la permission d’écrire, en précisant que ce texte ne pourra pas être divulgué avant 1960. Après cette date, bien des personnes demanderont la révélation du troisième secret, mais sœur Lucie dira : « Si seulement les gens vivaient ce qui est le plus important, ce qui a déjà été dit ! Ils s’occupent seulement de ce qui reste à dire, au lieu de faire ce qui a été demandé : prière et pénitence ! »

E‌n mai 1946, sœur Dores revient à Porto. Le 21, elle a la joie de faire un pèlerinage à Fatima. Peu après, elle écrit : « Les multitudes couraient après moi à la recherche du surnaturel qu’elles ne trouvent pas dans le monde. Je veux donc que mes pas laissent un sillage de lumière pour leur indiquer par la foi le chemin du Ciel. » Son désir d’entrer au Carmel se fait toujours plus pressant : « Ce n’est pas que je pense trouver au Carmel une vie pleine de roses. Non, je pense même que si j’en cueille une, elle aura peut-être des épines plus piquantes… Ce que je veux trouver au Carmel, ce sont les murs de clôture qui me mettent à l’abri du flot démesurément important des regards curieux et indiscrets, afin d’avoir une vie de recueillement et d’intimité plus intense avec le Seigneur. » En 1947, elle s’ouvre en secret à Pie XII de ce désir. Le Pape y discerne la volonté de Dieu, et lui donne l’autorisation de l’accomplir : elle entre donc au Carmel de Coimbra le Jeudi Saint 25 mars 1948 et y prend l’habit de carmélite le 13 mai. Le 31 mai 1949, fête de Marie Médiatrice de toutes grâces, elle fait sa profession solennelle et reçoit le nom de sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé. Les yeux toujours fixés sur Marie, elle se laisse conduire jusqu’à Dieu Trinité d’Amour, dans une vie de foi qui traverse des moments d’épaisses ténèbres.

La joie des sœurs

En communauté, sœur Marie-Lucie vit avec simplicité, sans se faire remarquer. Avec son aspect jovial, son large sourire et sa grande facilité pour les traits d’humour, elle fait la joie des sœurs pendant les récréations. Ne voulant pas faire un pas qui ne soit marqué du sceau de Dieu, elle obéit à ses supérieures avec une grande délicatesse de conscience. Toujours disponible, elle accepte ou laisse n’importe quel office selon ce qui lui est demandé. Toutefois, au Carmel, elle n’arrive pas totalement à échapper aux visites. Celles-ci lui pèsent : elles sont, affirme-t-elle, « un morceau de ma croix, mais elles sont aussi une partie de la mission que Dieu m’a confiée ; pas même au Ciel ils ne me laisseront en paix, mais là je les recevrai avec plus de générosité, parce qu’il n’y aura plus de danger de perturber l’union de mon âme avec Dieu… » Par la suite, les personnes qui voudront rencontrer sœur Lucie devront avoir l’autorisation du Saint-Siège. Toutefois, elle demeurera très occupée par sa volumineuse correspondance : de toutes les parties du monde, on implore sa prière pour le soulagement de souffrances physiques ou morales.

Sœur Lucie retournera à Fatima lorsque les Papes Paul VI, puis Jean-Paul II, s’y rendront en pèlerinage. En l’an 2000, à l’annonce de la béatification de ses cousins, François et Jacinthe, son cœur vibre avec un nouvel élan, tant elle a désiré cet événement, préparé grâce à ses témoignages. Mais sa santé commence à se dégrader : elle en arrive à ne plus pouvoir marcher et à ne se déplacer qu’en fauteuil roulant. Sa sérénité et sa bonne humeur n’en sont pas entamées, pourtant elle avoue : « Personne ne veut mourir jeune, mais il en coûte beaucoup d’être vieille ! » À partir de novembre 2004, elle ne quitte plus sa cellule. Le 10 février 2005, à l’occasion d’une intense souffrance, elle prononce ses dernières paroles : « J’offre pour le Saint-Père », puis entre, pour ses derniers jours, dans un profond silence. Le 13, au matin, elle reçoit la bénédiction du Pape Jean-Paul II, envoyée au moyen d’un fax qu’elle-même peut lire : « Révérende sœur Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé, je viens vous réaffirmer mon union affectueuse, avec une mention particulière de votre personne auprès du Dieu de toute consolation, pour que vous puissiez, sereine et résignée, surmonter de façon méritoire ces moments d’épreuve, unie au Christ rédempteur et vous laissant illuminer par sa Pâque… » Dans la soirée, en présence de l’évêque de Coimbra et de toute la communauté, sœur Lucie s’éteint paisiblement, les yeux fixés sur le crucifix que tient sa Mère Prieure. Le gouvernement du Portugal déclare un jour de deuil national, à l’occasion de ses obsèques célébrées à la cathédrale de Coimbra, le 15 février ; l’édifice se révèle d’ailleurs trop petit pour contenir la foule. Le corps de sœur Lucie est inhumé dans le cloître du Carmel avant sa translation à Fatima, l’année suivante, le 19 février 2006. L’enquête diocésaine pour sa béatification a été close solennellement le 13 février 2017.

À l’exemple de sœur Lucie, consacrons-nous au Cœur Immaculé de Marie, afin de vivre sous le regard de notre Mère des Cieux aussi longtemps que le Seigneur nous laissera ici-bas.

Dom Antoine Marie osb

Texte de l'Évangile (Mt 12,46-50): 

Comme Jésus parlait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu'un lui dit: «Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler». Jésus répondit à cet homme: «Qui est ma mère, et qui sont mes frères?». Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit: «Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère».

«Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère»

Aujourd'hui nous célébrons la fête de la Vierge de Fatima, en nous remémorant les apparitions de la Vierge Marie aux trois petits bergers Lucie, Jacinthe et François. Nous pourrions dire que ces manifestations – paradigmatiques dans l'histoire de l'Eglise – sont en quelque sorte des "heures supplémentaires" que la Vierge Marie a effectuées ces derniers temps.

Et il n'en fallait pas moins ! Comme l'a dit Pie XII, le grand péché de la modernité est la perte du sens du péché. Ça n'est pas gratuit ! En effet, le monde a subi récemment les pires guerres de toute l'histoire de l'humanité : on n'avait jamais tué et maltraité autant de gens dans le monde qu'au XXème siècle. La description qu'a donnée Joseph Ratzinger – plus tard Benoît XVI – est éloquente : "A aucune époque on n'a livré des batailles aussi cruelles, aussi sanglantes qu'à la nôtre. Il s'est passé des choses pires que tout ce qui est arrivé auparavant".

Mais Dieu est miséricordieux, c'est un Père de bonté qui ne nous abandonne pas, même si nous les hommes nous nous sommes beaucoup éloignés de sa volonté. C'est justement au cours de ce siècle "d'horreurs et d'holocaustes" (selon l'expression de Saint Jean-Paul II) que Dieu a voulu consoler l'humanité de diverses manières. Les apparitions de la très Sainte Marie sont l'une d'elles.

A la fin du XIXème siècle on doit souligner Lourdes ; au début du XXème siècle, ce sont les apparitions de Fatima qui ressortent. Les faits montrent des parallélismes providentiels. D'un côté, les interlocuteurs de la Vierge Marie ont été très jeunes – de condition humble, voire même des analphabètes – mais prêts à faire la volonté du Père qui est aux cieux : ce sont eux que Jésus reconnaît comme "mon frère, ma sœur et ma mère" (Mt 12,50). De l'autre, l'objet de la demande de Marie était la réparation des péchés des hommes, la pénitence et la prière pour les pécheurs.

Demandons, aujourd'hui tout particulièrement, que nous autres hommes et femmes de ce monde fassions la volonté du Père céleste et qu'ainsi, nous arrivions à être davantage les frères et sœurs du Christ, davantage les enfants du Père et davantage frères les uns des autres.

Abbé Antoni CAROL i Hostench
 (Sant Cugat del Vallès, Barcelona, Espagne)