Laurent de BRINDISI
Laurent de BRINDISI (1559-1619) écrits
Saint capucin, docteur de l'Église
« Il a bien fait toutes choses »
La Loi divine raconte les oeuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait : c'était très bon » (Gn 1,31)... L'Evangile rapporte l'oeuvre de la rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière : « Il a bien fait toutes choses » (Mc 7,37)... Assurément, par sa nature, le feu ne peut répandre que de la chaleur, et il ne peut pas produire du froid ; le soleil ne diffuse que de la lumière, et il ne peut pas être cause de ténèbres. De même, Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. Il est le soleil qui répand une lumière infinie, le feu qui donne une chaleur infinie : « Il a bien fait toutes choses »...
La Loi dit que tout ce que Dieu a fait était bon, et l'Evangile qu'il a bien fait toutes choses. Or, faire de bonnes choses n'est pas purement et simplement les faire bien. Beaucoup, à la vérité, font de bonnes choses sans les faire bien, comme les hypocrites qui font certes de bonnes choses, mais dans un mauvais esprit, avec une intention perverse et fausse. Dieu, lui, fait toutes choses bonnes et il les fait bien. « Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu'il fait » (Ps 144,17)... Et si Dieu, sachant que nous trouvons notre joie dans ce qui est bon, a fait pour nous toutes ses oeuvres bonnes et les a bien faites, pourquoi, de grâce, ne nous dépensons-nous pas pour ne faire que des oeuvres bonnes et les bien faire, dès lors que nous savons que Dieu y trouve sa joie ?
11ème dimanche après la Pentecôte, Première homélie, 1.9.11-12;
Opera omnia, 8, 124.134.136-138
(trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 286)
Être réellement une image de Dieu
« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Il faut rendre à chacun ce qui lui revient. Voilà une parole vraiment pleine de sagesse et de science célestes. Car elle nous enseigne qu'il y a deux sortes de pouvoir, l'un terrestre et humain, l'autre céleste et divin... Elle nous apprend que nous sommes ainsi tenus à une double obéissance, l'une aux lois humaines et l'autre aux lois divines... Il nous faut payer à César la pièce portant l'effigie et l'inscription de César, à Dieu ce qui a reçu le sceau de l'image et de la ressemblance divines : « La lumière de ton visage a laissé sur nous ton empreinte, Seigneur » (Ps 4,7 Vulg). Nous avons été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26). Tu es homme, ô chrétien. Tu es donc la monnaie du trésor divin, une pièce portant l'effigie et l'inscription de l'empereur divin. Dès lors, je demande avec le Christ : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » Tu réponds : « De Dieu ». Je te réponds : « Pourquoi donc ne rends-tu pas à Dieu ce qui est à lui ? » Si nous voulons être réellement une image de Dieu, nous devons ressembler au Christ, puisqu'il est l'image de la bonté de Dieu et « l'effigie exprimant son être » (He 1,3). Et Dieu « a destiné ceux qu'il connaissait par avance à être l'image de son Fils » (Rm 8,29). Le Christ a vraiment rendu à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Il a observé de la manière la plus parfaite les préceptes contenus dans les deux tables de la loi divine « en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2,8), et ainsi il était orné au plus haut degré de toutes les vertus visibles et cachées
Sermon pour le 22e dimanche après la Pentecôte, 2-5 ;
Opera omnia 8, 335 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 248)