Méliton de SARDES

(vers 100 / vers 180)

écrits

évêque de Sardes

L'Agneau sans défaut et sans tache 

 

Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen .

C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l'esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Égypte ; il nous a libérés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps. 

C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péché et a condamné l'injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l'Égypte. 

C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l'agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé. 

C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C'est lui, l'agneau muet ; c'est lui, l'agneau égorgé ; c'est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés ; dans la terre, il n'a pas connu la corruption ; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité humanité gisant au fond du tombeau.

HOMÉLIE SUR LA PÂQUE

« Une fois sortis, les pharisiens et les partisans d'Hérode se réunirent contre Jésus pour voir comment le faire périr »

 

      Vous n'avez pas vu Dieu ; vous n'avez pas reconnu le Seigneur ; vous n'avez pas su que c'est lui, le Premier-né de Dieu, celui qui a été engendré avant l'étoile du matin (Ps 109,3), celui qui a fait surgir la lumière, qui a fait briller le jour en le séparant des ténèbres, qui a fixé les premières bornes, suspendant la terre, desséchant l'abîme, déployant le firmament..., qui a créé les anges dans le ciel, y fixant les trônes, et qui a modelé l'homme sur la terre. C'est lui qui a choisi Israël, qui l'a guidé d'Adam à Noé, de Noé à Abraham, d'Abraham à Isaac et Jacob et aux douze patriarches. C'est lui qui a conduit vos pères en Égypte, les y a protégés et nourris. C'est lui qui les a éclairés par une colonne de feu et recouverts d'une nuée, qui a fendu la Mer Rouge et qui les a faits traverser. C'est lui qui leur a donné la manne du ciel, qui les a abreuvés du rocher, qui leur a donné la Loi et la terre promise, qui leur a envoyé les prophètes, et qui a suscité leurs rois. C'est lui qui est venu à vous, soignant ceux qui souffraient, et ressuscitant les morts... C'est lui que vous voulez mettre à mort, c'est lui que vous livrerez à prix d'argent...

      Combien avez-vous estimé les bienfaits qui vous avaient été accordés ?... Estimez maintenant la main desséchée qu'il a restituée au corps. Estimez maintenant les aveugles de naissance qu'il a rendus à la lumière par une parole. Estimez maintenant les morts qu'il a relevés de leur tombeau après trois ou quatre jours. Sans prix sont les dons qu'il vous a faits. Et vous..., vous lui avez rendu le mal pour le bien et l'affliction pour la joie et la mort pour la vie.

Homélie sur la Pâque, 82-90 (trad. cf SC 123, p 107s)

« Je suis venu non pas abolir mais accomplir la Loi »  

     

      Le sacrifice de l'agneau, le rite de la Pâque et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jésus, en vue de qui tout est arrivé dans la Loi ancienne -- et davantage encore dans l'ordre nouveau. Car la Loi est devenue le Verbe ; d'ancienne, elle est devenue nouvelle...; les commandements ont été transformés en grâce, la préfiguration en vérité, l'agneau est devenu fils, la brebis est devenue homme et l'homme est devenu Dieu...

      Le Seigneur, étant Dieu, a revêtu notre humanité, a souffert pour celui qui souffrait, a été enchaîné pour celui qui était captif, a été jugé pour le coupable, a été enseveli pour celui qui était enseveli. Il est ressuscité des morts et a déclaré à haute voix : « Qui disputera contre moi ? Qu'il se présente en face de moi » (Is 50,8). C'est moi qui ai délivré le condamné ; c'est moi qui ai rendu la vie au mort ; c'est moi qui ai ressuscité l'enseveli. « Qui ose me contredire ? »  C'est moi, dit-il, qui suis le Christ, moi qui ai détruit la mort, qui ai triomphé de l'adversaire, qui ai lié l'ennemi puissant et qui ai emporté l'homme vers les hauteurs des cieux ; c'est moi, dit-il, qui suis le Christ.

      Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchés, et recevez le pardon des péchés. Car c'est moi qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l'agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C'est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux ; c'est moi qui vous ressusciterai ; c'est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité ; c'est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante. 

Homélie pascale (passim)

« Je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie. Qui va plaider contre moi ? » (Is 50,7-8)

 

      Le Christ était Dieu et il a revêtu notre humanité. Il a souffert pour ceux qui souffrent, il a été lié pour ceux qui étaient vaincus, il a été jugé pour les condamnés, enseveli pour les ensevelis, et il est ressuscité d'entre les morts. Il vous crie ces paroles : « ' Qui plaidera contre moi ? Qu'il vienne ! ' (Is 50,8) C'est moi qui ai délivré les condamnés, c'est moi qui ai donné la vie aux morts, c'est moi qui relève les ensevelis. ' Qui portera une accusation contre moi ? ' (v. 9) C'est moi, dit le Christ, c'est moi qui ai aboli la mort, qui ai vaincu l'ennemi, qui ai piétiné l'enfer, qui ai lié le fort (Lc 11,22), qui ai exalté l'homme au plus haut des cieux, c'est moi, dit le Christ.

      « Venez donc, vous tous les peuples d'hommes qui étiez empêtrés dans le mal, recevez le pardon de vos péchés. Car je suis votre pardon, je suis la Pâque du salut, je suis l'agneau immolé pour vous. Je suis l'eau qui vous purifie, je suis votre lumière, je suis votre Sauveur, je suis votre résurrection, je suis votre roi. Je vous emporte au plus haut des cieux, je vous montrerai le Père éternel, je vous ressusciterai de ma main droite ».

      Tel est celui qui a fait le ciel et la terre, qui a formé l'homme au commencement (Gn 2,7), qui s'est annoncé par la Loi et les prophètes, qui a pris chair d'une vierge, qui a été crucifié sur le bois, qui a été déposé en terre, qui est ressuscité d'entre les morts, qui est monté au plus haut des cieux, qui s'est assis à la droite du Père et qui a le pouvoir de tout juger et de tout sauver. Par lui, le Père a créé tout ce qui existe depuis les origines jusque dans l'éternité. C'est lui qui est l'alpha et l'oméga (Ap 1,8), c'est lui qui est le commencement et la fin, c'est lui qui est le Christ... A lui la gloire et la puissance dans les siècles. Amen

Homélie pascale
(trad. coll. Icthus t. 10, p. 41 rev. ; cf bréviaire lun. Pâques)

Le mystère de la Pâque

 

"Comprenez-le, mes bien aimés : le mystère de la Pâque est ancien et nouveau, provisoire et éternel, corruptible et incorruptible, mortel et immortel.

Il est ancien en raison de la Loi, mais nouveau en raison du Verbe ; provisoire en ce qu'il est figuratif, mais éternel parce qu'il donne la grâce ; corruptible puisqu'on immole une brebis, mais incorruptible parce qu'il contient la vie du Seigneur ; mortel, puisque le Seigneur est enseveli dans la terre, mais immortel par sa résurrection d'entre les morts.

Oui, la Loi est ancienne, mais le Verbe est nouveau ; la figure est provisoire, mais la grâce est éternelle : la brebis est corruptible, mais le Seigneur est incorruptible, lui qui a été immolé comme l'agneau, et qui ressuscita comme Dieu.

Car il a été conduit comme une brebis vers l'abattoir, alors qu'il n'était pas une brebis ; il est comparé à l'agneau muet, alors qu'il n'était pas un agneau. En effet, la figure a passé, et la vérité a été réalisée : Dieu a remplacé l'agneau, un homme a remplacé la brebis, dans cet homme, le Christ, qui contient toute chose.

Ainsi donc, l'immolation de la brebis et le rite de la Pâque et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jésus en vue de qui tout arriva dans la loi ancienne et davantage encore dans l'ordre nouveau.

Car la Loi est devenue le Verbe, et, d'ancienne, elle est devenue nouvelle (l'une et l'autre sorties de Sion et de Jérusalem), le commandement s'est transformé en grâce, la figure en vérité, l'agneau est devenu fils, la brebis est devenue homme et l'homme est devenu Dieu. [...]

Le Seigneur, étant Dieu, revêtit l'homme, souffrit pour celui qui souffrait, fut enchaîné pour celui qui était captif, fut jugé pour le coupable, fut enseveli pour celui qui était enseveli. Il ressuscita des morts et déclara à haute voix : Qui disputera contre moi ? Qu'il se présente en face de moi ! C'est moi qui ai délivré le condamné ; c'est moi qui ai rendu la vie au mort ; c'est moi qui ai ressuscité l'enseveli. Qui ose me contredire ? C'est moi, dit-il, qui suis le Christ, qui ai détruit la mort, qui ai triomphé de l'adversaire, qui ai lié l'ennemi puissant, et qui ai emporté l'homme vers les hauteurs des cieux ; c'est moi, dit-il, qui suis le Christ.

Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchés, et recevez le pardon des péchés. Car c'est moi qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l'agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C'est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux ; c'est moi qui vous ressusciterai ; c'est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité ; c'est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante."

(Homélie sur la Pâque, 2, 7, 65-71,
Sources Chrétiennes n° 123, pp. 60-64, 120-122)

Mystère toujours nouveau

 

Comprenez-le, mes bien-aimés : le mystère de la Pâque est ancien et nouveau, provisoire et éternel, corruptible et incorruptible, mortel et immortel.

Il est ancien en raison de la Loi, mais nouveau en raison du Verbe ; provisoire en ce qu'il est figuratif, mais éternel parce qu'il donne la grâce ; corruptible puisqu'on immole une brebis, mais incorruptible parce qu'il contient la vie du Seigneur ; mortel, puisque le Seigneur est enseveli dans la terre, mais immortel par sa résurrection d'entre les morts.

Oui, la Loi est ancienne, mais le Verbe est nouveau ; la figure est provisoire, mais la grâce est éternelle ; la brebis est corruptible, mais le Seigneur est incorruptible, lui qui a été immolé comme l'agneau, et qui ressuscita comme Dieu.

Car il a été conduit comme une brebis vers l'abattoir , alors qu'il n'était pas une brebis ; il est comparé à l'agneau muet , alors qu'il n'était pas un agneau. En effet, la figure a passé, et la vérité a été réalisée : Dieu a remplacé l'agneau, un homme a remplacé la brebis, dans cet homme, le Christ, qui contient toute chose.

Ainsi donc, l'immolation de la brebis et le rite de la Pâque et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jésus en vue de qui tout arriva dans la loi ancienne et davantage encore dans l'ordre nouveau.

Car la Loi est devenue le Verbe, et, d'ancienne, elle est devenue nouvelle (l'une et l'autre sorties de Sion et de Jérusalem), le commandement s'est transformé en grâce, la figure en vérité, l'agneau est devenu fils, la brebis est devenue homme et l'homme est devenu Dieu. ~

Le Seigneur, étant Dieu, revêtit l'homme, souffrit pour celui qui souffrait, fut enchaîné pour celui qui était captif, fut jugé pour le coupable, fut enseveli pour celui qui était enseveli. Il ressuscita des morts et déclara à haute voix : Qui disputera contre moi ? Qu'il se présente en face de moi ! C'est moi qui ai délivré le condamné ; c'est moi qui ai rendu la vie au mort ; c'est moi qui ai ressuscité l'enseveli. Qui ose me contredire ? C'est moi, dit-il, qui suis le Christ, qui ai détruit la mort, qui ai triomphé de l'adversaire, qui ai lié l'ennemi puissant, et qui ai emporté l'homme vers les hauteurs des cieux ; c'est moi, dit-il, qui suis le Christ.

Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchés, et recevez le pardon des péchés. Car c'est moi qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l'agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C'est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux ; c'est moi qui vous ressusciterai ; c'est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité ; c'est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante.

HOMÉLIE DE MÉLITON DE SARDES SUR LA PÂQUE