UNITE / Unité dans le Seigneur
[20] Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, [21] afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé. [22] Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : [23] moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. Jean 17/22…..
Voila bien un des textes fondateurs de l’unité, car nous ne pouvons être unis entre nous si nous ne sommes pas d’abord unis au Seigneur. C’est donc un texte que je vous invite à méditer.
On parle beaucoup d’unité dans notre monde, et pour faire l’unité on entend souvent dire qu’il faut penser, voire croire, à la même chose, avoir les mêmes droits, être égaux etc. …. Bref, on confond unité et unicité.
L’unicité c’est d’être tous pareils, (pensée unique, modèle unique) on n’a pas le droit à la différence quelle qu’elle soit.
L’unité c’est s’accepter alors que l’on est différent, que l’on pense différemment, que l’on vit différemment… Et pour s’accepter dans les différences il faut être capable de respect et d’amour.
Nous ne pouvons pas être unis si nous ne nous aimons pas. L’unité ce n’est pas une théorie, c’est un vécu. On n’est pas dans l’unité si on ne vit pas ensemble fraternellement. On peut parler d’unité tant que l’on veut, cela sera « airain qui résonne » si on ne pose pas des actes d’unité.
Mais justement voila bien le problème, on veut bien être uni avec ceux que l’on aime, et qui nous aiment ; avec ceux qui pensent comme nous, ceux qui vivent comme nous …..
Mais avec les autres !? Eh bien, ils sont bien là où ils sont tant qu’ils ne nous dérangent pas !
On comprend bien que l’unité dont parle l’évangile ce n’est pas cela. Alors qu’est-ce que l’unité ? Comment vivre l’unité ?
On pourrait dire que vivre l’unité, c’est vivre en harmonie avec les autres. Mais ce ne serait pas suffisant, à moins de préciser que cette harmonie doit être de cœur, en vérité, et non d’apparence, juste pour une convivialité de surface. Vivre ainsi c’est vivre « en frère », et il ne s’agit pas ici d’être « frère de sang », mais bien « frère de cœur ».
C’est toute la base de la vie fraternelle selon Jésus
C’est ce que nous dit Matthieu au chapitre 12/46.50
[46] Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. [48] A celui qui l'en informait Jésus répondit : "Qui est ma mère et qui sont mes frères ?" [49] Et tendant sa main vers ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes frères. [50] Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère."
Et quelle est la volonté du Père, pour le sujet qui nous intéresse ? L’évangile nous en donne des exemples et des conseils.
Prenons quelques versets
Matthieu 5/43.47
43] "Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. [44] Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, [45] afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. [46] Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? [47] Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ?
Nous savons tous que Jésus nous appelle à nous aimer les uns les autres. Et généralement nous sommes d’accord avec ce commandement. Mais là, Jésus nous met les points sur les i.
Il ne s’agit pas d’aimer ceux qui nous aiment, ceux qui pensent comme nous, ceux qui vivent comme nous, ceux qui nous font du bien ; mais il s’agit d’aimer tous ceux qui sont différents et surtout tous ceux qui nous font du mal.
Il s’agit aussi de prier pour eux. Et non pas de prier pour eux avec un sentiment de supériorité ou de « moi je suis juste » mais bien de prier pour l’autre comme étant mon égal, car en vérité il l’est dans le cœur de Dieu. Or ça, nous avons beaucoup de mal à le comprendre et à l’accepter. On commence à y arriver quand on comprend le sens du sacrifice de Jésus dans sa passion et sur la croix …. « Père pardonne leur … »
Oui Jésus est mort sur la croix par amour de nous, tout pécheurs que nous sommes, son amour n’est pas fait seulement de mots mais de gestes concrets. Alors aimer sans poser nous aussi des actes concrets, ça reste du « chalala » !
En clair, Jésus nous dit :
Ton voisin est différent de toi, aime-le, respecte-le dans sa différence et apporte lui ton aide s’il en a besoin.
Ton collègue de travail te marche sur les pieds pour avoir une promotion à ta place, aime-le, respecte-le et ne le casse pas devant les autres ou auprès de ta direction.
Telle personne t’a fait du mal, a fait du mal à tes enfants, aime-la, et accorde ton pardon, un pardon vrai, un pardon du plus profond de ton cœur. Un pardon qui te permettra de continuer à vivre à côté d’elle sans haine et sans conflit.
Eh oui ! Jésus est clair ! L’amour dont il nous parle est exigeant, car il nous appelle à la perfection ! À la perfection de Dieu ! Cette perfection qui nous conduit à être un avec les autres et avec Dieu ….comme Jésus, en tant qu’homme, était un avec son Père.
Si nous regardons à notre nombril nous n’arriverons jamais à une telle perfection ; pour y arriver il faut regarder à l’amour de Dieu pour nous personnellement. En fait Jésus nous dit : Aime les autres comme le Père t’aime ! Pardonne aux autres comme le Père te pardonne !
Et il nous dit aussi : « priez pour ceux qui vous persécutent ». Le persécuteur ce n’est pas celui qui nous a fait une queue de poisson sur la route ou celui qui nous a insulté un jour. Le persécuteur c’est celui qui nous veut du mal, qui nous fait du mal en permanence, celui qui veut vraiment nous détruire …
Heureusement nous n’avons pas tous des persécuteurs. Mais nous avons tous des gens qui nous ont blessés tellement profondément que nous n’arrivons pas à en guérir. Alors Jésus nous dit : prie pour cette personne.
Et prier pour elle ce n’est pas demander à Dieu de la punir, ou de faire tomber sur elle le feu du ciel. Non ! Prier pour elle, c’est demander la bénédiction de Dieu sur elle.
Donc prier pour mon ennemi ce n’est pas dire à Dieu : « Jésus celui-là me persécute, fais-moi justice et punis le comme il le mérite. »
C’est dire : « Seigneur Jésus, celui là me persécute mais bénis le. Convertis son cœur et comble-le de ton amour ! »
Mais sommes-nous vraiment capables de vivre en vérité cette prière ? Pour Jésus c’est là, la perfection de l’amour. C’est là que nous aimons les autres comme Dieu les aime.
En entendant cela on peut se dire : « C’est bien beau tout ça mais alors où est la justice ? »
Il faut comprendre que la justice de Dieu n’est pas celle des hommes. La justice dont nous parlons, est généralement une justice punitive, la justice de Dieu elle, est une justice de conversion, de réparation pour une vie meilleure. Et la justice de Dieu est la même pour tous !
La justice de Dieu se base sur l’amour avec lequel nous vivons. Bons ou mauvais, nous mourons tous un jour , et ce jour là en présence de Dieu chacun se retrouvera dans la lumière de la vérité en fonction de ce qu’il aura vécu , là s’exercera la justice divine, ce sera l’état du purgatoire. L’état où notre cœur devra est purifié de tous nos manques d’amour. Et cet état sera sans compromission possible !
Ici-bas, nous ne pouvons connaitre la réalité du fond des cœurs, nous ne voyons que le comportement des gens et nous jugeons d’après cela. Dieu lui connait exactement le fond de chaque cœur et il jugera tout cœur au moment voulu.
Ce à quoi Jésus nous appelle, c’est de nous montrer nous aussi miséricordieux ; afin de vivre une unité vraie et sans hypocrisie.
Prier pour ceux qui nous font du mal c’est demander au Seigneur, pour eux, la même grâce que celle dont nous avons profité, et profitons encore : sa miséricorde.
Matthieu 5/21.24
[21] "Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres : Tu ne tueras point ; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. [22] Eh bien ! Moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; mais s'il dit à son frère : Crétin ! il en répondra au Sanhédrin ; et s'il lui dit : Renégat !, il en répondra dans la géhenne de feu. [23] Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, [24] laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande.
Ce texte est clair mais j’aimerai que l’on s’arrête un moment sur l’expression
« Vous avez appris qu’il a été dit….. Eh bien ! Moi, je vous dis »
Jésus prenait le contrepied de la loi ancienne (œil pour œil), et de la loi du monde. Aujourd’hui nous sommes appelés à faire de même, si nous voulons vivre vraiment dans l’amour fraternel et donc dans l’unité.
Nous vivons actuellement dans un monde où les valeurs sont inversées, où on nous enseigne même que le bien est le mal et que le mal est le bien, cela sous couvert de droits, de liberté …. Et cela nous touche même dans nos familles.
Mais il faut bien comprendre ici, que le monde, n’est pas obligatoirement chrétien. On n’est pas chrétien parce que l’on est français, allemand, italien, tahitien ou toute autre nationalité. Aucune nationalité ne fait de nous un chrétien. L’état et la religion sont deux choses bien distinctes. On est chrétien quand on accepte Jésus Christ dans sa vie, comme Seigneur et Sauveur et quand on vit selon sa parole.
Aujourd’hui notre société judéo-chrétienne semble partir en charpie, dans ses mœurs… Mais c’est peut être l’heure pour nous chrétiens de faire vraiment la part des choses sans hypocrisie. Le monde qui ne croit pas en Dieu va vivre ce qu’il veut, mais moi qui suis chrétien, je dois vivre selon la parole de Dieu. Dès lors à quoi sert de crier après la conduite des gens sans Dieu, si moi qui m'affirme comme chrétien, je vis, par exemple, en situation d’adultère ? Ne suis-je pas hypocrite à ce moment là ? C’est que l’amour fraternel pour être concret exige de nous la vérité dans nos dires, nos pensées et nos actes ! Sans cela aucune unité véritable n’est possible. On atteint tout juste une cohabitation paisible mais c’est une cohabitation qui peut voler en éclat à n’importe quel moment !
Dieu nous renvoie ici, non pas aux normes de la société, mais bien aux normes de vérité de notre cœur et de notre propre conduite en fonction de sa parole.
Le chrétien d’aujourd’hui ne va plus pouvoir dire : « je suis chrétien, mais je ne pratique pas ! » ou il vit de la parole de Dieu et il est effectivement chrétien ou il suit le monde et ses idéologies et il ne vit plus avec le Christ, donc il ne peut se dire vraiment chrétien. Le registre de baptême ne sert de rien, si dans notre cœur nous ne sommes pas vrais avec le Christ, si dans notre cœur et dans notre conduite nous sommes opposés aux paroles même du Christ.
Or nous rencontrons beaucoup de gens qui se disent chrétiens et qui vivent le contraire ! Comment les aimer ? Comment les amener à prendre conscience de l’incohérence de leur propos, de leur conduite ? Comment voir leurs erreurs sans les juger ? C’est une grande question qui nous amène au thème de la correction fraternelle ainsi que nous le montre les trois passages suivants :
Matthieu 7/1.5
[1] "Ne jugez pas, afin de n'être pas jugés ; [2] car, du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. [3] Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! [4] Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton œil, et voilà que la poutre est dans ton œil ! [5] Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l'œil de ton frère.
Le commandement de Dieu c’est l’amour : aimer Dieu, aimer les autres, et s’aimer soi-même.
Mais pour aimer vraiment, il faut être vrai, vrai avec soi même, sans se trouver de bonnes excuses, sans nier ses limites, ses déficiences, ses péchés.
Il faut se regarder en vérité, sans complaisance, mais sous le regard bienveillant de Dieu.
Quand on prend ainsi conscience de sa véritable pauvreté alors on devient plus tolérant envers les autres, on devient plus miséricordieux envers les autres. C’est que nous-mêmes nous avons tant à nous faire pardonner !
Le drame de notre civilisation, c’est que nous ne savons pas nous arrêter et encore moins nous arrêter pour nous remettre en cause. Nous courons, nous nous activons, nous nous dispersons. Toute cette agitation, ne nous permet pas de nous arrêter, de nous regarder, et dans notre course, nous nous heurtons aux autres, ces autres qui nous entourent, qui croisent notre chemin, dont nous n’avons pas véritablement pris conscience qu’ils existent aussi pour eux mêmes, et qui nous gênent dans notre course, dans notre pensée, dans notre vie, et là, le jugement arrive, et avec lui la condamnation, voir le rejet pur et simple.
Donc le premier point pour accueillir véritablement l’autre tel qu’il est c’est de prendre conscience de notre propre misère.
Le second point va être de ne pas lui donner des occasions de chutes par nos paroles, par notre conduite, saint Paul nos le dit :
Romains 14/13
[13] Finissons-en donc avec ces jugements les uns sur les autres : jugez plutôt qu'il ne faut rien mettre devant votre frère qui le fasse buter ou tomber. –
Aujourd’hui nous parlons à tout va, de miséricorde, de soi-disant unité, dans le sens d’une acceptation de tout ce qui se vit. Et sous prétexte de charité on dit à l’autre « ne t’inquiète pas ce que tu vis est normal …. Continue, ce n’est pas grave ! » On cautionne ainsi bien des travers et des déviances.
On va ainsi par exemple cautionner le concubinage ou les relations homosexuelles. Ce ne serait « peut-être » pas grave si Dieu n’existait pas, s’il n’y avait pas ses commandements ….. Mais voila, Dieu existe et il a donné ses commandements. Certains diront : « oui mais Jésus est venu il a mangé avec les pécheurs ….il est pardon. »
Alors comprenons bien ceci ; Jésus est venu dans le monde pour apporter le salut, il a mangé effectivement avec les pécheurs, mais non pour se pervertir avec eux ou les laisser se pervertir, mais bien au contraire pour les guérir et les amener à la conversion. Or aujourd’hui nous voulons accueillir les pécheurs, ce qui est très bien, mais sans leur apporter la Bonne Nouvelle et sans les appeler a la conversion. Ce n’est pas bien, car c’est préjudiciable au salut de leur âme. Nous avons à comprendre la faiblesse des autres, à les accueillir dans leur faiblesse, mais surtout nous avons le devoir de les fortifier par notre amour fraternel et notre témoignage de vie.
On peut se demander alors comment vivre l’amour fraternel dans ces situations de péché, car ne pas juger n’est pas tout accepter, tout tolérer, en faisant la politique de l’autruche, qui se cache la tête dans le sable… Alors ?
L’évangile nous éclaire. C’est valable autant envers des frères chrétiens que des non chrétiens, même si c’est à moduler selon les situations et les personnes.
Matthieu 18/15.22
[15] "Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. [16] S'il n'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. [17] Que s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s'il refuse d'écouter même la communauté, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. [18] "En vérité je vous le dis : tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. [19] "De même, je vous le dis en vérité, si deux d'entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. [20] Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux." [21] Alors Pierre, s'avançant, lui dit : "Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu'à sept fois ?" [22] Jésus lui dit : "Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 77 fois.
Etre chrétien, être disciple du Christ c’est être responsable de ses frères et sœurs dans leur conduite, dans leur cheminement vers Dieu. C’est tout le domaine de la correction fraternelle. Un domaine où nous avons souvent bien du mal à nous retrouver : faut-il dire les choses ? Faut-il ne pas les dire ? Quand et comment les dire ? Pas facile de bien discerner cela sur le terrain. Pourtant Jésus en nous parlant ainsi nous dit bien que nous ne pouvons pas nous contenter de dire devant les péchés graves d’autrui « ça le regarde, ce n’est pas mon problème ! ». Il y a beaucoup à dire à ce sujet, et nous en avons déjà parlé dans l’enseignement sur la correction fraternelle ; je vous invite donc à relire cet enseignement si besoin est.
Cependant je voudrais ici soulever un point qui concerne notre vie de prière en communauté ou en Eglise.
Il m’est arrivé souvent d’entendre « oh ! Moi, je viens prier ici, mais je ne n’en ai rien à faire des autres, je ne suis pas là pour eux, j’y suis pour Dieu ! »
Et alors croyez-vous que Dieu est seul avec vous ? Croyez-vous qu’il cautionne ce « boudage des autres » ? Est-ce là vivre l’unité de la communauté ? De l’Eglise ?
Avons-nous oublier la phrase de Jésus : Si tu as quelque chose contre ton frère ( ou que ton frère a quelque chose contre toi) laisse-là ton offrande et va te réconcilier ?
Dieu nous accueillera-t-il pleinement ou nous accueillera-t-il avec la mesure que nous utilisons pour les autres ?
Je souligne ce point car il est vraiment une pierre d’achoppement dans notre vie d’église. Si nous voulons vraiment vivre l’unité alors il faut faire la vérité dans notre cœur en face de nous-mêmes et en face de Dieu, par rapport à notre relation aux autres en général et en particulier. L’unité extérieure des gestes commence par l’unité intérieure, au fond de notre cœur. C’est là un point de conversion auquel nous ne pouvons échapper.
Par ailleurs, l’unité s’acquiert non par le pouvoir, la supériorité, la domination, mais par l’offrande de soi (le renoncement à son égo) pour le service et l’amour de l’autre .....C’est tout l’enseignement de Jésus dans le passage suivant :
Matthieu 20/21.28
[21] "Que veux-tu ?" Lui dit-il. Elle lui dit : "Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume." [22] Jésus répondit : "Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?" Ils lui disent : "Nous le pouvons" - [23] "Soit, leur dit-il, vous boirez ma coupe ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m'appartient pas d'accorder cela, mais c'est pour ceux à qui mon Père l'a destiné." [24] Les dix autres, qui avaient entendu, s'indignèrent contre les deux frères. [25] Les ayant appelés près de lui, Jésus dit : "Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. [26] Il n'en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, [27] et celui qui voudra être le premier d'entre vous, sera votre esclave. [28] C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude."
Voila Jésus qui parle de sa mort, et de sa mort sur la croix, puis de sa résurrection.
Il semble que la mère de Jacques et de Jean, n’ait retenu des paroles de Jésus que la résurrection et du coup comme elle veut le mieux pour ses fils, elle lui demande pour eux des places de choix dans le royaume à venir.
Cela nous renvoie, nous aussi, à notre position dans le monde. Nous désirons ce qu’il y a de mieux pour nous ou pour nos enfants, cela n’est certes pas mal en soi, mais sommes-nous capables d’en assumer les devoirs ? Car il ne suffit pas d’avoir une place de « chef » il faut encore en assumer consciencieusement la charge. Et par rapport au fait de l’unité, être chef n’est pas aisé du tout ! Il faut composer avec tous et chacun.
Par ailleurs, Jésus les renvoie également à la difficulté d’y parvenir : Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? C’est qu’avant la résurrection il y a la Passion, dans toute sa souffrance et la mort sur la croix ! Du haut de leur certitude intérieure ils disent oui. Pourtant, on le verra plus tard, quand Jésus se fera arrêter, ils fuiront eux aussi.
Dans notre vie spirituelle, nous désirons tous aller au paradis, mais sommes-nous prêts à vivre véritablement en chrétiens qui offrent chaque instant de leur vie à Dieu, ou sommes-nous des chrétiens qui vivent dans les valeurs du monde et dans l’illusion d’être des chrétiens ?
C’est que pour être véritablement chrétien il faut se renoncer et suivre Jésus en portant notre croix, c'est-à-dire tous les aléas de notre vie, avec lui. De même il faut aussi vivre pleinement en accord avec la parole de l’évangile et pas seulement avec une partie de l’évangile ou quand cela ne nous dérange pas. Le chrétien doit impérativement prendre le chemin du serviteur au fond de son cœur, et cela va immanquablement l’amener à aimer concrètement les autres au point de s’investir pour eux de donner sa vie pour eux. C’est cela l’unité en Jésus au cœur du monde. Jusqu’où sommes-nous prêts à aimer et à nous offrir au Seigneur dans l’amour des autres ?
Petite parenthèse sur la phrase : « vous ne savez pas ce que vous demandez ». On voit parfois des chrétiens qui aspirent à de grands charismes. Ils y aspirent comme un couronnement de leur foi. Cela se voit tout particulièrement dans le Renouveau, alors se pose la question : savent-ils ce qu’ils demandent, car s’il est beau d’avoir un charisme, une vocation, il faut aussi en accepter la croix, c'est-à-dire d’aller au bout du service et de l’oubli de soi dans ce charisme, dans cette vocation, quoiqu’il puisse en coûter. Posons-nous cette question : dans les dons que je reçois de Dieu, est-ce que j’en accepte la croix autant que la joie ou la gloire ?
Il n’y a pas de foi, sans épreuve, il n’y a pas de vie chrétienne intérieure sans mort à soi-même, et aujourd’hui au cœur de notre monde il peut être opportun de se demander : jusqu’où suis-je prêt à vivre ma foi au Christ mort sur la croix et ressuscité ? Jusqu’où suis-je prêt à aller dans mon union au Seigneur dans mon union aux autres ?
Car il faut bien en être conscients, Jésus nous en a montré le chemin par sa Passion comme nous le lisons en
Jean 11/49.52
[49] Mais l'un d'entre eux, Caïphe, étant grand prêtre cette année-là, leur dit : "Vous n'y entendez rien. [50] Vous ne songez même pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière." [51] Or cela, il ne le dit pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation - [52] et non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés.
Les notables du temple veulent la perte de Jésus, ils veulent sa mort. Mais ce qui devait avoir l’apparence d’un échec devient pour Dieu, le moyen de sauver l’humanité. Dieu transforme la haine en amour et l’échec apparent en réussite selon son plan. Sur la croix, par sa mort et ensuite par sa résurrection Jésus réalise l’unité dans l’amour en vue du salut.
L’unité au Père en son sacrifice, Jésus la réalise pour tous les hommes et pas seulement pour une certaine catégorie (les justes pratiquants). Nous sommes tous pécheurs, et Jésus nous appelle à rentrer dans l’unité de son sacrifice pour toutes les âmes. Si nous désirons vivre l’unité au cœur du monde, nous devons d’abord entrer dans l’unité avec Jésus en son sacrifice. Mais sommes-nous prêts à cela ? Toute la question est là !
Il est important de comprendre et d’accepter le fait que l’on ne peut vivre une telle unité sans la grâce de Dieu, nous sommes faibles et le malin est souvent là pour nous en détourner d’une façon ou d’une autre. Les apôtres aux aussi ont vécu cela et Luc nous le montre :
Luc 22/31.32
[31] "Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme froment ; [32] mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères."
Jésus priant pour Pierre a aussi prié pour nous. Nous sommes donc aussi bénéficiaires de la même grâce. A nous de la recevoir et d’en vivre. Cela doit nous aider à porter témoignage de l’amour de Dieu, de l’exigence d’amour de sa parole, et nous aider aussi à fortifier nos frères et sœurs, pécheurs tout comme nous, dans la foi. Mais nous devons aussi nous rappeler que si l’annonce de la Bonne Nouvelle doit se faire, elle ne doit pas s’imposer. Il faut savoir aimer, annoncer… et patienter !
Il suffit de regarder notre propre vie pour se rendre compte de la patience de Dieu à notre égard. Et nous ne serions pas patients avec les autres, alors que Dieu lui-même leur accorde du temps comme il nous en accorde à nous ?
En conclusion j’aimerai laisser à votre méditation, le texte suivant :
Romains 12/1.5
[1] Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre. [2] Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. [3] Au nom de la grâce qui m'a été donnée, je le dis à tous et à chacun : ne vous surestimez pas plus qu'il ne faut vous estimer, mais gardez de vous une sage estime, chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi. [4] Car, de même que notre corps en son unité possède plus d'un membre et que ces membres n'ont pas tous la même fonction, [5] ainsi nous, à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres.
Myriam de Gemma