Odon de CANTORBERY
Odon de CANTORBERY (?-1200), écrits
Moine bénédictin
Marthe et Marie unies
Dans l'Évangile, Jésus est décrit comme ayant été accueilli par deux sœurs dont l'une le servait, tandis que l'autre s'adonnait à l'écoute de sa parole. Ceci s'applique à la bienheureuse Vierge Marie.
En ces deux femmes dont parle l'Écriture, il est d'usage de voir le symbole des deux vies dans l'Église : Marthe représentait la vie active, et Marie la vie contemplative. Marthe peinait aux œuvres de miséricorde ; Marie se reposait en regardant. L'active se livre à l'amour du prochain, la contemplative à l'amour de Dieu. Or, le Christ est Dieu et homme. Et il a été entouré de l'unique amour de la bienheureuse Vierge Marie, à la fois quand elle servait son humanité et quand elle était attentive à la contemplation de sa divinité...
D'autres servent les membres du corps du Christ ; la Vierge Marie servait le Christ en personne..., et non seulement par des actions extérieures, mais par sa propre substance : elle lui a offert l'hospitalité de son sein. Dans sa petite enfance, elle a aidé la faiblesse de son humanité, le caressant, le baignant, le soignant ; elle l'a porté en Égypte pour fuir la persécution d'Hérode et elle l'a ramené ; enfin, après de multiples services, elle s'est tenue près de lui alors qu'il mourait sur la croix, et elle a assisté à son ensevelissement... C'est ainsi qu'elle a été Marthe, et qui pourrait l'égaler dans le service ?
Dans la contemplation aussi, dans la part de Marie, elle est supérieure à tous. En vérité, quelle contemplative ne devait pas être celle qui avait porté en elle la divinité même, unie à sa chair en la personne du Fils de Dieu ! Puis elle l'a écouté, conversé avec lui, joui de lui, l'a contemplé. « Dans le Christ sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2,3)... Telle a été Marie contemplative, elle qui, dans le Fils unique de Dieu qu'elle avait engendré de sa chair, contemplait la gloire de toute la Trinité.
Sermon pour la fête de l'Assomption.
(trad. J. Leclercq, Duculot-Lethielleux 1969, p. 267-268)