ORIGENE
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(v. 185-253)
écrits
Prêtre et théologien
Être une pierre vivante
Nous tous qui croyons dans le Christ Jésus, nous sommes appelés « pierres vivantes » selon les paroles de l'Écriture : « Mais vous, vous êtes des pierres vivantes, édifiées en maison spirituelle pour un sacerdoce saint afin d'offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1P 2,5).
Or, quand il s'agit de pierres matérielles, nous savons qu'on veille à placer en premier dans les fondations les pierres les plus solides et les plus résistantes pour qu'on puisse placer par-dessus avec confiance le poids de l'édifice entier. Les pierres suivantes, de qualité un peu inférieure, on les range tout près des pierres de fondation, et ainsi de suite selon la résistance des pierres (...), jusqu'au toit. Il faut comprendre que cela s'applique également aux pierres vivantes, dont certaines sont aux fondations de notre édifice spirituel. Or quelles sont ces pierres placées dans les fondations ? « Les apôtres et les prophètes » ; c'est l'enseignement de Paul : « Édifiés, dit-il, sur les apôtres et les prophètes comme fondations, la pierre angulaire étant le Christ Jésus lui-même » (Ep 2,20).
Pour te préparer plus activement, toi qui m'écoutes, à la construction de cet édifice, pour être une des pierres voisines du fondement, tu dois savoir que c'est le Christ lui-même qui est le fondement de cet édifice que nous décrivons. Ainsi l'affirme l'apôtre Paul : « Nul ne peut poser d'autre fondement que celui qui s'y trouve, à savoir Jésus Christ » (1Co 3,11). Bienheureux donc ceux qui ont bâti des édifices religieux et saints sur un fondement aussi noble !
Homélies sur le livre de Josué, n°9, 1-2; PG 12, 871-872
(trad. Orval; cf SC 71, p. 245 et bréviaire commun dédicace)
« Purifie d'abord l'intérieur de la coupe »
Partons en guerre comme Josué ; prenons d'assaut la cité la plus considérable de ce monde –- la malice –- et détruisons les murailles orgueilleuses du péché. Regarderais-tu alentour quel chemin il faut prendre, quel champ de bataille il faut choisir ? Tu vas sans doute trouver mes paroles étonnantes ; elles sont vraies pourtant : limite tes recherches à toi seul. En toi est le combat que tu vas livrer ; à l'intérieur de toi l'édifice de malice qu'il faut saper ; ton ennemi sort du fond de ton coeur.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais le Christ ; écoute-le : « C'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses » (Mt 15,19). Réalises-tu la puissance de cette armée ennemie qui s'avance contre toi du fond de ton coeur ? Les voilà, nos ennemis à massacrer au premier combat, à terrasser en première ligne. Si nous sommes capables de renverser leurs murailles et de les exterminer jusqu'à ce qu'il n'en reste aucun pour le raconter, aucun pour reprendre haleine (Jos 11,14), s'il n'en est plus un seul pour reprendre vie et pour resurgir dans nos pensées, alors Jésus nous donnera le grand repos.
Homélies sur Josué, n°5, 2 (trad. SC 71, p. 167)
« S'en aller dans la paix »
Syméon savait que personne ne peut nous faire sortir de la prison du corps, avec l'espoir de la vie future, si ce n'est celui qu'il tenait dans ses bras. C'est pourquoi il lui dit : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller dans la paix, car aussi longtemps que je ne portais pas le Christ et que je ne le serrais pas dans mes bras, j'étais comme prisonnier et ne pouvais pas me dégager de mes liens ». Et il est à remarquer que ceci ne vaut pas seulement pour Syméon, mais pour tous les hommes. Si quelqu'un quitte ce monde et veut gagner le Royaume, qu'il prenne Jésus en ses mains, qu'il l'entoure de ses bras, qu'il le serre sur sa poitrine, et alors il pourra se rendre tout joyeux là où il désire...
« Tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu » (Rm 8,14). C'est donc l'Esprit Saint qui mène Syméon au Temple. Si toi aussi tu veux tenir Jésus, le serrer dans tes bras et devenir digne de sortir de ta prison, efforce-toi de te laisser conduire par l'Esprit pour parvenir au temple de Dieu. Te voici dès maintenant dans le temple du Seigneur Jésus, c'est-à-dire son Église, son temple construit de pierres vivantes (1P 2,5)...
Si donc tu viens poussé par l'Esprit dans le temple, tu trouveras l'enfant Jésus, tu le prendras dans tes bras et tu diras : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller dans la paix ». Cette délivrance et ce départ se font dans la paix... Qui est celui qui meurt en paix, sinon celui qui a « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence » et garde le cœur de ceux qui la possèdent ? (Ph 4,7) Qui est celui qui se retire en paix de ce monde, sinon celui qui comprend que Dieu est venu dans le Christ se réconcilier le monde ?
Homélies sur l'évangile de Luc, n°15 ; PG 13, 1838-1839
(trad. Orval; cf SC 87)
« Voici mon serviteur »
Au cours d'un repas, Jésus se lève de table et se dépouille de ses vêtements, prenant l'apparence d'un esclave, comme le montrent ces paroles : « Il prend un linge qu'il se noue à la ceinture », pour ne pas être complètement nu et pour essuyer les pieds de ses disciples avec son propre linge (Jn 13,2-5). Voyez à quel point s'abaisse la grandeur et la gloire du Verbe fait chair, pour laver les pieds de ses disciples : « Il verse de l'eau dans un bassin. »
« Abraham leva les yeux et vit des hommes debout devant lui. De la porte de sa tente, il courut à leur rencontre et se prosterna à terre en disant : ‘ Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant toi, ne passe pas sans t'arrêter chez ton serviteur ' » (Gn 18,2-3). Mais Abraham ne prend pas lui-même de l'eau et ne déclare pas qu'il va laver les pieds des étrangers, parce qu'ils sont venus chez lui, mais il dit : « Qu'on apporte de l'eau et qu'on vous lave les pieds. » Joseph lui non plus n'a pas apporté d'eau pour laver les pieds de ses onze frères, mais c'était son intendant qui « leur apporta de l'eau pour se laver les pieds » (Gn 43,24).
Mais celui qui a déclaré : « Je suis venu non pour être servi mais pour servir » (Mt 20,28), et a dit à juste titre : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29), verse lui-même l'eau dans le bassin. Il savait que personne, sauf lui, ne pouvait laver les pieds des disciples pour que cette purification leur permette d'avoir part avec lui. L'eau, je pense, était une parole capable de laver les pieds des disciples, quand ils s'approchaient du bassin placé là pour eux par Jésus.
Commentaire de l’évangile de Jean 32, 4 ;
PG 14, 741 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 116)
« Si vous étiez les enfants d'Abraham, vous feriez les œuvres d'Abraham »
« Je sais que vous êtes enfants d'Abraham » (Jn 8,37). (…) On peut encore donner une autre explication fondée sur le texte grec : « Je sais que vous êtes de la race, ou littéralement, de la semence d'Abraham. » Pour rendre cette explication plus claire, voyons d'abord la différence qui existe entre la semence destinée à former le corps et l'enfant. Il est évident d'abord que la semence a en elle-même toutes les raisons constitutives de celui dont elle est la semence, bien qu'elles soient encore à l'état d'inaction et de repos. Mais après la transformation de cette semence et son action particulière sur la matière qui lui est présentée par la femme, l'enfant, au moyen de l'alimentation qu'il reçoit, prend lui-même la forme de celui qui l'a engendré. Quant au corps, tout enfant vient nécessairement d'une semence, mais toute semence ne se transforme pas en enfant. (...)
Il faut que celui qui est la semence d'Abraham, devienne aussi son fils en prenant sa ressemblance. Or, il peut arriver que par suite de sa négligence ou de son inaction, il détruise en lui cette précieuse semence. Quant à ceux à qui Notre-Seigneur s'adressait, toute espérance n'était pas encore détruite, Jésus savait qu'ils étaient encore la semence d'Abraham, et qu'ils n'avaient pas encore perdu le pouvoir de devenir enfants d'Abraham. C'est pourquoi il leur dit : « Si vous êtes les enfants d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham. » S'ils avaient voulu laisser croître cette précieuse semence jusqu'à son parfait développement, ils auraient compris la parole de Jésus. (...)
Il en est qui se bornent à choisir une seule des œuvres d'Abraham, celle que l'Apôtre relève en ces termes : « Abraham crut à la parole de Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice. » Mais si, comme ils le prétendent, la foi est la seule œuvre nécessaire, pourquoi le Sauveur n'a-t-il pas dit au singulier : « Faites l'œuvre d'Abraham » mais au pluriel : « Faites les œuvres d'Abraham » ? Ces paroles sont l'équivalent de celles-ci : Faites toutes les œuvres d'Abraham, en prenant toutefois la vie d'Abraham dans le sens allégorique et ses actions dans un sens spirituel. En effet, celui qui veut devenir le fils d'Abraham, ne doit point, à l'exemple d'Abraham, prendre ses servantes pour épouses, ni après la mort de sa femme en épouser une autre dans sa vieillesse.
Traité 20 (cité par saint Thomas d’Aquin,
Catena Aurea sur saint Jean, VIII, 37-41)
« En trois jours je le relèverai »
Il est grand, le mystère de notre résurrection, et extrêmement difficile à sonder. Il est annoncé dans beaucoup de textes de l'Écriture, mais surtout dans Ézéchiel (...) : « L'Esprit du Seigneur me déposa dans une vallée pleine d'ossements humains (...) ; ils étaient complètement desséchés. Le Seigneur me dit : Fils d'homme, ces ossements vivront-ils ? Je répondis : Seigneur, c'est toi qui le sais. Il me dit : Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur » (Ez 37,1-4). (...)
Quels sont donc ces ossements à qui il est dit : « Écoutez la parole du Seigneur » (...) sinon le Corps du Christ, dont le Seigneur disait : « Tous mes os sont disloqués » (Ps 21,15). (...) Comme a eu lieu la résurrection du corps véritable et parfait du Christ, un jour les membres du Christ (...) seront réunis, l'os à son os, la jointure à la jointure. Personne privé de cette jointure n'atteindra « l'homme parfait, à la stature du corps du Christ dans sa plénitude » (Ep 4,13). Alors (...) « tous les membres du corps, à plusieurs, formeront un seul corps » (1Co 12,12). (...)
Je dis cela à propos du Temple dont le Seigneur a dit : « Le zèle pour ta maison me dévore » (Ps 68,10), et à propos des juifs qui lui demandaient de leur montrer un signe, et enfin à propos de sa réponse (...) : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ». Car il faut que soit chassé de ce temple, qui est le Corps du Christ, tout ce qui refuse la raison et ce qui relève du commerce, pour qu'à l'avenir ce temple ne soit plus une maison de marchands. Il faut en outre (...) qu'après sa destruction par ceux qui refusent la parole de Dieu, il soit relevé le troisième jour (...) Grâce à la purification de Jésus, ses disciples, ayant abandonné tout ce qui est déraisonnable et toute forme de commerce et à cause du zèle du Verbe, la Parole de Dieu, qui est présent en eux, ses disciples seront « détruits » pour être « relevés » par Jésus en trois jours. (...) Car il faut trois jours entiers pour que cette reconstruction soit achevée. C'est pourquoi l'on peut dire d'une part que la résurrection a eu lieu et d'autre part qu'elle est à venir : vraiment « nous avons été ensevelis avec le Christ » et « avec lui nous nous lèverons » (cf Rm 6,4). (...) « Tous revivront dans le Christ, mais chacun à son rang : comme prémices, le Christ, puis ceux qui seront au Christ lors de son avènement » (1Co 15,22s).
Commentaire de l'évangile de Jean, 10
(in Thèmes et figures bibliques, coll.
Pères dans la foi n°28-29; trad. Carmélites de Mazille;
Éd. DDB 1984, p. 133 rev.)
Les dons de Dieu et la liberté de l'homme
L'homme a-t-il quelque chose à offrir à Dieu ? Oui, sa foi et son amour. C'est là ce que Dieu demande à l'homme, ainsi est-il écrit : « Et maintenant, Israël, sais-tu ce que le Seigneur ton Dieu te demande ? Craindre le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, l'aimer, garder tous ses commandements et servir le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme » (Dt 10,12). Voilà les offrandes, voilà les dons qu'il faut présenter au Seigneur. Et pour lui offrir ces dons de notre cœur, il nous faut d'abord le connaître ; il nous faut avoir bu la connaissance de sa bonté aux eaux profondes de son puits...
En entendant ces mots, ils doivent rougir, ceux qui nient que le salut de l'homme est au pouvoir de sa liberté ! Dieu demanderait-il quelque chose à l'homme si celui-ci n'était pas capable de répondre à la demande de Dieu et de lui offrir ce qu'il lui doit ? Car il ya le don de Dieu mais il y a aussi la contribution de l'homme. Par exemple, il était bien au pouvoir de l'homme qu'une pièce d'or en rapporte dix ou qu'elle en rapporte cinq ; mais il appartenait à Dieu que l'homme possède cette pièce d'or avec laquelle il a pu en produire dix autres. Lorsqu'il a présenté à Dieu ces dix pièces d'or gagnées par lui, l'homme a reçu un nouveau don, non plus de l'argent cette fois, mais le pouvoir et la royauté sur dix villes.
De même, Dieu a demandé à Abraham de lui offrir son fils Isaac, sur la montagne qu'il lui montrerait. Et Abraham, sans hésiter, a offert son fils unique : il l'a placé sur l'autel et a sorti le couteau pour l'égorger ; mais aussitôt, une voix l'a retenu et un bélier lui a été donné à immoler à la place de son fils (Gn 22). Tu le vois : ce que nous offrons à Dieu reste à nous ; mais cette offrande nous est demandé afin qu'en la présentant nous témoignions de notre amour pour Dieu et de notre foi en lui.
Homélies sur les Nombres, n°12, §3
(trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 2, p. 181 rev.)
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas
« Bois l'eau de tes sources et de tes puits, et que ta source soit bien à toi » (Pr 5,15.17). Essaie, toi qui m'écoutes, d'avoir un puits à toi et une source à toi ; de la sorte, quand tu prendras le livre des Écritures, tu arriveras à découvrir toi aussi, de ton propre chef, quelque interprétation. Oui, d'après ce que tu as appris dans l'Église, essaie de boire, toi aussi, à la source de ton esprit. A l'intérieur de toi-même, il y a...« l'eau vive » (Jn 4,10) ; il y a les canaux intarissables et les fleuves gonflés du sens spirituel de l'Écriture, pourvu qu'ils ne soient pas obstrués par la terre et les déblais. Dans ce cas, ce qu'il faut faire, c'est de creuser et de nettoyer, c'est-à-dire de chasser la paresse de l'esprit et de secouer la torpeur du cœur...
Purifie donc ton esprit pour qu'un jour tu boives à tes sources et puises l'eau vive à tes puits. Car si tu as reçu en toi la parole de Dieu, si tu as reçu de Jésus l'eau vive, et si tu l'as reçue avec foi, elle deviendra en toi « source d'eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4,14).
Homélies sur la Genèse, n°12, 5 (trad. SC 7, p. 307 rev.)
« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route »
Jean le Baptiste disait : « Toute vallée sera comblée » (Lc 2,5), mais ce n'est pas Jean qui a comblé toute vallée ; c'est le Seigneur, notre Sauveur... « Et tous les passages tortueux deviendront droits. » Chacun de nous était tortueux..., et c'est la venue du Christ qui s'accomplit jusqu'en notre âme qui a redressé tout ce qui était tortueux... Rien n'était plus impraticable que vous. Regardez vos désirs déréglés d'autrefois, votre emportement et vos autres penchants mauvais, si toutefois ils ont disparu : vous comprendrez que rien n'était plus impraticable que vous ou, selon une formule plus expressive, que rien n'était plus raboteux. Votre conduite était raboteuse, vos paroles et vos œuvres étaient raboteuses
Mais mon Seigneur Jésus est venu : il a aplani vos rugosités, il a changé en routes unies tout ce chaos pour faire en vous un chemin sans heurts, bien uni et très propre, pour que Dieu le Père puisse marcher en vous, et que le Christ Seigneur fasse en vous sa demeure et puisse dire : « Mon Père et moi, nous viendrons et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14,23).
Homélies sur l'évangile de Luc, n°22, 4 (trad. SC 87, p. 303 rev.)
« Personne ne mit la main sur lui parce que son heure n'était pas encore venue »
Chercher Jésus est souvent un bien, car c'est la même chose que de chercher le Verbe, la vérité et la sagesse. Mais vous allez dire que les mots « chercher Jésus » sont parfois prononcés à propos de ceux qui lui veulent du mal. Par exemple : « Ils cherchaient à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue » (...) Il sait de qui il s'éloigne et auprès de qui il reste sans être encore trouvé, afin que si on le cherche on le trouve au temps favorable. L'apôtre Paul dit à ceux qui ne possèdent pas encore ainsi Jésus et ne l'ont pas contemplé : « Ne dis pas en ton cœur : ‘Qui montera au ciel ?’ Entends : pour en faire descendre le Christ. ‘Qui descendra dans l'abîme ?’ Entends : pour faire monter le Christ d'entre les morts. Que dit l'Écriture ? ‘La parole est tout près de toi dans ta bouche et dans ton cœur’ » (Rm 10,6-8).
Dans son amour pour les hommes, quand le Sauveur dit : « Vous me chercherez » (Jn 8,21), il fait entrevoir les choses du Royaume de Dieu, pour que ceux qui le cherchent ne le cherchent pas en dehors d'eux-mêmes en disant : « ‘Voici, il est ici’, ou bien ‘il est là’ ». L'Évangile leur dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). Aussi longtemps que nous gardons la semence de la vérité déposée en notre âme et ses commandements, le Verbe ne s'éloigne pas de nous. Mais si le mal se répand en nous pour nous corrompre, Jésus nous dira : « Je m'en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché ».
Commentaire sur Jean, 19,12 ; PG 14, 548
(in L'évangile selon Jean expliqué par les Pères;
coll. Pères dans la foi n°031; trad. S. Bouquet; DDB 1985, p. 86)
La perle de grande valeur
À l'homme « qui recherche de belles perles », il faut appliquer les paroles suivantes : « Cherchez et vous trouverez » et « Celui qui cherche, trouve » (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter « cherchez » et « celui qui cherche, trouve » ? Disons-le sans hésiter : aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l'homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit : « J'ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ » (Ph 3,8). Par le mot « tout » il entend les belles perles, et par « gagner le Christ » l'unique perle de grand prix
Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres et qui en ont besoin jusqu'au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (2Co 3,7) et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes. Elle est belle à voir car elle nous aide à progresser jusqu'à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage en disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour » (Mt 3,17). « Ce qui a été glorieux de manière partielle ne l'est plus, parce qu'il y a maintenant une gloire qui dépasse tout » (2Co 3,10). Nous avons besoin en un premier temps d'une gloire susceptible de disparaître devant « la gloire qui dépasse tout », comme nous avons besoin « d'une connaissance partielle » qui « disparaîtra quand viendra ce qui est parfait » (1Co 13,9s).
Ainsi toute âme qui est encore dans l'enfance et chemine « vers la perfection d'adultes » (He 6,1) a besoin d'être enseignée, entourée, accompagnée jusqu'à ce que s'instaure en elle la « plénitude du temps » (Ga 4,4)... A la fin elle atteindra sa majorité et recevra son patrimoine : la perle de grand prix, « ce qui est parfait et qui fait disparaître ce qui est partiel » (1Co 13,10). Elle parviendra à ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ (Ph 3,8). Mais beaucoup ne comprennent pas la beauté des nombreuses perles de la Loi et de la « connaissance partielle » répandue chez tous les prophètes ; ils s'imaginent à tort que sans la Loi et les prophètes parfaitement compris ils pourront trouver l'unique perle de grand prix... : la compréhension plénière de l'Evangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ Jésus.
Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 10, 9-10 ; GCS 10, 10-11
(trad. Delhougne, Les Pères commentent, p.120 rev. ; cf SC p. 173)
Bonjour Myriam,
Super, ce nouveau chapitre consacré à Origène.
Et pile en relation avec l'Evangile de ce dimanche : nous sommes le
temple de Dieu. Détruit, il sera reconstruit en trois jours.
Comme il est agréable, aussi, de relire les enseignements sur la Passion.
Ta nourriture spirituelle fait mes délices.
Encore merci et chrétiennes pensées pour toi
Pierre C
Un fidèle lecteur quotidien de ton site enrichissant.
le 03.03.2024